Le temps des généraux : Pompée

Conjuration de Catilina

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63 - 62
Conjuration de Catilina
le 7 novembre 63

SALLUSTE : C. Sallustius Crispus se lança dans la politique dès sa jeunesse. Sa carrière fut brisée par l’assassinat de César. Suspecté d’avoir pactisé avec le parti populaire, il se retira dans ses célèbres jardins. Il écrivit de coniuratione Catilinae, Bellum Iugurthinum et Historiae (cette dernière oeuvre est perdue).

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Discours célèbre de Cicéron raconté par Salluste

Quibus rebus permota civitas atque inmutata urbis facies erat. Ex summa laetitia atque lascivia, quae diuturna quies pepererat, repente omnis tristitia invasit: festinare, trepidare, neque loco neque homini cuiquam satis credere, neque bellum gerere neque pacem habere, suo quisque metu pericula metiri. Ad hoc mulieres, quibus rei publicae nagnitudine belli timor insolitus incesserat, adflictare sese, manus supplices ad caelum tendere, miserari parvos liberos, rogitare omnia, omni rumore pavere, superbia atque deliciis omissis sibi patriaeque diffidere. At Catilinae crudelis animus eadem illa movebat, tametsi praesidia parabantur et ipse lege Plautia interrogatus erat ab L. Paulo. Postremo dissimulandi causa aut sui expurgandi, sicut iurgio lacessitus foret, in senatum venit. Tum M. Tullius consul, sive praesentiam eius timens sive ira conmotus, orationem habuit luculentam atque utilem rei publicae, quam postea scriptam edidit. Sed ubi ille adsedit Catilina, ut erat paratus ad dissimulanda omnia, demisso voltu, voce supplici postulare a patribus coepit, ne quid de se temere crederent: ea familia ortum, ita se ab adulescentia vitam instituisse, ut omnia bona in spe haberet; ne existumarent sibi, patricio homini, cuius ipsius atque maiorum pluruma beneficia in plebem Romanam essent, perdita re publica opus esse, cum eam servaret M. Tullius, inquilinus civis urbis Romae. Ad hoc maledicta alia cum adderet, obstrepere omnes, hostem atque parricidam vocare. Tum ille furibundus: "Quoniam quidem circumventus", inquit, "ab inimicis praeceps agor, incendium meum ruina restinguam."

Catilina, 31

  vocabulaire

Tous ces incidents jettent dans la cité un trouble profond et changent l'aspect de la ville ; à la vie joyeuse et légère qu'avait engendrée une longue période de tranquillité, succède tout à coup une tristesse générale ; on s'agite, on court sans savoir où, on ne se fie ni aux lieux, ni aux hommes ; ce n'est pas la guerre, et ce n'est plus la paix ; on mesure à ses craintes le danger qu'on redoute. Les femmes, que la force de l'État avait déshabituées de la crainte de la guerre, se tourmentaient, levaient au ciel leurs mains suppliantes, se lamentaient sur leurs petits enfants, pressaient tout le monde de questions, étaient effrayées de tout, et, oubliant tout ce qui rendait la vie brillante et douce, croyaient tout perdu, elles-mêmes et le pays.
Catilina, avec sa violence, n'en persistait pas moins dans ses projets, malgré les mesures militaires prises contre lui et l'interrogatoire que, en vertu de la loi Plautia, lui avait fait subir L. Plancus. Enfin, pour cacher son jeu, ou pour se justifier en cas d'attaque et d'altercation, il vint au sénat. Alors le consul Cicéron, soit que la présence à Rome de Catilina lui parût redoutable, soit qu'il fût poussé par la colère, prononça un discours remarquable et utile à la république, discours qu'il publia plus tard. Mais, quand il se fut assis, Catilina, en homme qui avait pris ses dispositions pour tout cacher, baissa la tête et, d'une voix suppliante, demanda aux sénateurs de ne pas croire aveuglément tout ce qu'on racontait sur lui ; la famille à laquelle il appartenait, la vie qu'il avait menée depuis son adolescence lui donnaient le droit d'avoir les plus belles espérances ; il était peu croyable qu'un patricien comme lui, qui avait, comme ses ancêtres, fait tant de bien à la plèbe romaine, eût intérêt à ruiner la république, alors qu'il faudrait, pour la sauver, un Cicéron, citoyen romain de rencontre. A ces violences il ajouta d'autres calomnies, si bien que l'assemblée éclata en murmures et le traita d'ennemi public et de parricide. Alors furieux : « Puisqu'on m'attaque de toutes parts, s'écria-t-il, et que mes adversaires veulent me jeter au gouffre, j'éteindrai sous des ruines l'incendie qu'on allume contre moi. »

Catilina, 31, traduction François Richard, Garnier, sans date.

texte pris sur le site nimispauci

CHAPITRE IV

LES CATILINAIRES

I

La première Catilinaire est la plus célèbre de toutes. C’est la seule que Salluste ait mentionnée ; c'est celle que, du temps de nos pères, on lisait le plus pieusement dans les collèges, dont on se souvenait volontiers et qu'on aimait à citer, quand on en était sorti. A l'époque où nous n'avions pas encore l'expérience des révolutions populaires, nous en demandions le spectacle à l'antiquité, et l'on comprend bien que cette lutte dramatique d’un grand orateur et d'un grand agitateur, avec le Sénat pour témoin et la république pour enjeu, ait passionné les imaginations. Encore aujourd'hui, quoique les scènes de ce genre aient beaucoup perdu peur nous de leur nouveauté, nous ne lisons pas ce beau discours sans émotion. Mais nous ne pourrons le goûter tout à fait que s'il n'y reste rien d’obscur, et, pour dissiper toutes les obscurités, quelques explications sont nécessaires. Il faut d'abord se bien pénétrer de la situation de l'orateur et de ceux devant lesquels il va parler. Cicéron tient tous les fils de la conjuration. A plusieurs reprises, il a communiqué ce qu'il savait au Sénat, mais il n'a réussi à provoquer, parmi les défenseurs de l'ordre établi, qu'un mouvement éphémère ; après quelques velléités de résistance énergique, ils sont retombés dans leur apathie. Cette fois, l'occasion lui paraît bonne pour achever de les entraîner. Il sait que les sénateurs arrivent à la séance pleins d'émotion et de colère. Ce qui s'était passé la veille chez Laeca, le matin chez le consul, commençait à être connu. On avait remarqué que, pendant la nuit, les patrouilles avaient été plus nombreuses. Le Sénat devait se tenir dans le temple de Jupiter Stator, une sorte de forteresse, vers le haut de la Voie Sacrée, qu'il était facile de défendre contre une surprise. Au-dessus, le long des rampes du Palatin, on avait rangé ce que Rome possédait de troupes de police ; les chevaliers romains, ces fidèles alliés du consul qui lui rendirent tant de services pendant ces derniers mois, entouraient le temple. On nous dit que cette jeunesse ardente, quand elle voyait passer quelque personnage qu'on soupçonnait d'être favorable aux conjurés, l'accueillait par des murmures et qu'on avait grand'peine à l'empêcher de se jeter sur lui. C'est au milieu de ces agitations, devant un auditoire inquiet, tumultueux, de gens effrayés ou menaçants, que Cicéron prit la parole.
Avant de nous occuper de la première Catilinaire telle que nous l'avons aujourd'hui, il y a une question qu'il faut vider. Ce discours n'est certainement pas tout à fait celui que le Sénat entendit dans la journée du 7 novembre. Salluste dit que Cicéron l'écrivit après l'avoir prononcé, et nous tenons de Cicéron lui-même que c'est seulement trois ans plus tard qu'il le publia. Ainsi le premier, le véritable discours avait été improvisé. Dans l'éloquence politique des Romains, l'improvisation était la règle. Rome étant un pays libre, la parole y a toujours joui d’un grand crédit, et un homme qui ne savait pas parler n'y pouvait arriver à rien. Mais parler, c'était proprement agir (De là sans doute l'expression agere causam, pour signifier plaider un procès, et le mot d'actio pour dire un plaidoyer.) et la parole n'avait de prix qu'autant qu'elle pouvait amener un résultat. Le résultat obtenu et l'affaire finie, le discours qui avait produit son effet ne conservait aucune raison d'être, et, dans les premiers temps surtout, on n'y songeait plus. C'est un peu plus tard, quand la cité se fut étendue au delà des premières limites, lorsqu'il y eut des Romains dans les municipes et les colonies des environs, et qu'il fut utile de les mettre au courant de ce qui se passait à Rome, qu'on dut avoir l'idée d'y répandre les discours qui avaient obtenu quelque succès au forum. On les écrivit donc, mais après qu'ils avaient été prononcés, et dans leur forme primitive, en les modifiant surtout pour les abréger et les réduire à l’essentiel (Cicéron, Brutus, 14 : plura dicta quam scripta.). Quant à écrire d'avance un plaidoyer, un discours politique, pour le lire ou le réciter, c'était si peu l'usage qu'on remarqua, comme une chose singulière, qu'Hortensius l'eût fait lorsqu'il défendit Messala. Cicéron s'est donc conduit ici comme à son ordinaire, il a improvisé d'abord son discours, et ne l'a écrit que pour le donner au public. Si cette fois il a tardé trois ans avant de le publier, il faut l'attribuer sans doute aux événements qui ont suivi et qui lui lassèrent peu de liberté. Qu'il ne se soit pas fait beaucoup de scrupules de le modifier en l'écrivant, on n'en peut guère douter ; c'était son habitude (Comme on peut le voir dans une lettre écrite à Atticus (I, 13). L'important serait de savoir quelle est la nature de ces modifications, et si elles allaient jusqu’à altérer d'une manière grave la forme ou le fond de l'ancien discours.
De ce discours primitif, il ne reste rien ; et pourtant nous avons la chance de pouvoir nous en faire quelque idée. Le lendemain du jour où s'était tenue la séance du Sénat, Cicéron crut devoir raconter au peuple ce qu'on y avait fait, et voici, d'après ce récit, comment les choses ont dû se passer. Au début, au lieu de proposer un ordre du jour, comme c'était l'usage, et de demander à chaque sénateur son opinion, Cicéron crut devoir user de son droit de président pour les entretenir de la situation présente. Il est probable qu'on croyait que Catilina n'aurait pas l'audace de se présenter, mais il tenait à donner le change jusqu'au bout et il voulait se justifier s'il était attaqué. Quand on le vit entrer, personne ne s'approcha de lui pour l'entretenir, personne ne répondit à son salut. On s'éloignait à son approche, et sur le banc où il s'assit-il se trouva seul. Cet accueil, auquel il n'était pas accoutumé, dut le surprendre et l'intimider ; Cicéron, au contraire, y puisa une énergie qui ne lui était pas ordinaire. S'adressant à Catilina et le faisant lever, il lui demanda ce qu'il avait fait la veille et s'il n'avait pas assisté à la réunion qui s'était tenue chez Laeca. Catilina, troublé par la vivacité de l'attaque, et encore plus par l'attitude de ses collègues, ne répondit rien. Ce silence d'un homme si audacieux d'ordinaire était déjà un grand succès pour Cicéron, et il en a triomphé plus tarda "Catilina s'est tu devant moi !" disait- il avec orgueil (Orator, 37). Aussitôt il en profite pour le presser de questions il lui met devant les yeux ses projets qu’il a découverts, il détaille tout le plan de la guerre civile qu'il prépare. Catilina, de plus en plus troublé, n'oppose à ces violentes attaques que des réponses embarrassées. "Il hésitait, il était pris". (Cat., II, 6 : quum haesitaret , quum teneretur) Le consul entame alors un discours suivi, il cherche à lui démontrer qu'il ne peut plus rester à Rome, où tout le monde le regarde comme un mauvais citoyen ou plutôt comme un mortel ennemi. "Il lui demande pourquoi il paraît balancer à partir pour ces lieux où depuis si longtemps il était décidé à se rendre puisqu’il y avait envoyé devant lui une provision d’armes, des faisceaux, des haches, des trompettes, des drapeaux, et cette aigle d'argent de Marius, à laquelle il rendait un culte secret dans sa maison et qu'il honorait par des crimes. " Il le presse d'aller retrouver ses soldats, qui campent à Faesulae, et le centurion Manlius qui l'attend pour déclarer la guerre au peuple romain. C'est, comme on le voit, le sujet même et presque les expressions de la première Catilinaire. La seule différence est que cette partie avait été précédée dans le discours original par une sorte de combat singulier entre les deux adversaires, qui ne se retrouve plus, au moins sous cette forme, dans celui que nous possédons.
Chez nous, dans nos assemblées politiques, les luttes personnelles sont sévèrement défendues. Le règlement les interdit, et dès qu'elles menacent de se produire, le président, sans y réussir toujours, s'efforce de les arrêter. A Rome, on leur laissait une pleine liberté. Sous le nom d'altercatio ou d'interrogatio, elles avaient pris une place régulière, officielle, dans les combats de la parole ; tantôt elles précédaient le discours suivi (oratio perpetua), tantôt elles lui succédaient (Voyez Tite-Live, VI, 6, où elles suivent le discours, et Tacite, Hist., VI, 7, où elles le précèdent.) ; il y avait même des cas où elles étaient tout le discours, par exemple dans les affaires criminelles, où le témoin était livré à l'avocat de l'adversaire, qui l'embarrassait de questions insidieuses, le troublait, le raillait, pour le rendre ridicule ou suspect (Le discours in Vatinium de Cicéron n’était primitivement qu'une interrogatio dont il a fait un discours suivi.). Les lettres de Cicéron montrent que, dans le Sénat lui-même, malgré la gravité qu'on attribue d'ordinaire à cette auguste assemblée ; ces combats corps à corps, qui n'existaient pas à l'origine, étaient devenus très fréquents.
Avec la vivacité de son esprit et sa verve mordante, Cicéron devait y être incomparable. Mais quand plus tard il donnait son discours au public, il comprenait bien que l'altercatio n'y pouvait guère avoir de place. Ces dialogues passionnés, disait-il, ces vives ripostes, n'ont toute leur force et tout leur agrément que quand on assiste au débat et qu'on participe à la chaleur de la discussion (Ad Att ., I, 16, il raconte, dans cette lettre, son altercatio avec Clodius.) ; et il les fondait habilement dans le discours. C'est ce qu'il a fait pour la première Catilinaire. L'altercatio en a disparu, et pourtant il semble qu'en cherchant bien, on en retrouve quelque trace. L'ardeur de la lutte y est restée, et même dans ces phrases qui se suivent, le dialogue parfois se devine. L'orateur presse son adversaire d'interrogations passionnées "Te souviens-tu ? . . . peux-tu nier ? . . ." Il note ses réponses quand il en fait : "Tu me dis : Fais une proposition au Sénat". Il triomphe encore plus de son silence : "Pourquoi donc te taire ? essaie de me contredire ; je te convaincrai de mensonge". Par moments, il parait comme enivré de son succès, et sa joie se trahit par cet air d'insolence d'un homme qui brandirait bravement une épée contre l'ennemi qui se dérobe : non feram, non patiar, non sinam ! Si dans cette partie même, où il ne pouvait pas reproduire exactement le discours primitif, il tient encore à s'en rapprocher, s'il veut au moins de quelque manière en rappeler le souvenir, pourquoi s'en éloignerait-il ailleurs sans nécessité ? il n'avait aucune raison de refaire ce qui avait si parfaitement réussi et obtenu tout le résultat qu'il souhaitait. Il est donc naturel qu'il ait fidèlement reproduit ses paroles, et pour les reproduire, il lui suffisait de consulter les notes que ses secrétaires avaient prises soit pendant qu'il parlait, soit plus tard, ou de se fier à sa mémoire dont on connaît la merveilleuse fidélité (Cornelius Nepos, dans un passage qui nous a été conservé par S. Jérôme (Epist ., 71, ad Pammachium), rapporte que Cicéron récita un jour devant lui son discours pour le tribun Cornélius, tel qu’il l'avait publié, sans y changer un mot. Les discours judiciaires étaient recueillis par la sténographie, comme le prouvent les deux éditons de la Milonienne. Quant à ceux qui étaient prononcés au Sénat, rien n'empêchait qu'ils fussent sténographiés par les secrétaires des orateurs qu’'ils avaient le droit d’introduire dans l’assemblée). C'est ce qu'il a fait pour ses autres discours, c'est ce qu'il a dû faire pour celui-ci. Sans doute, il n'est pas impossible qu'il ait cru devoir appuyer sur quelques points, qu'il avait plus rapidement traités la première fois, encore que la première Catilinaire soit assez courte et dans les limites ordinaires d'un discours sénatorial ; peut-être aussi a-t-il arrondi quelques périodes, ajouté quelque trait piquant, quelque épithète élégante, par amour-propre incurable de lettré ; mais ces changements ont dû être de fort peu d'importance, et l'on est en droit de croire que, pour l'essentiel, le discours que nous lisons aujourd'hui est à peu près le même que celui qui fut prononcé devant le Sénat romain dans cette glorieuse journée.
Ce point acquis, abordons le discours lui-même. Rien de plus délicat, de plus compliqué que les circonstances dans lesquelles Cicéron prend la parole. Il veut obtenir de Catilina qu'il s'éloigne volontairement de Rome. Il emploie, pour le convaincre, toutes les ressources de son art ; il mêle les menaces aux prières ; il énumère, avec une franchise qui ne paraît pas toujours fort adroite, les raisons qu'il a de le lui demander. On ne sera pas surpris qu'il songe à sa sécurité personnelle. Souvenons-nous que le matin même il avait été l'objet d'une tentative d'assassinat, et que ce n'était pas la première. Après avoir essayé plusieurs fois de le faire tuer sur la voie publique, on venait d'envoyer des gens l'assassiner chez lui. Son émotion, et même sa frayeur se comprennent. Entre lui et cet ennemi, qui ne lui laisse aucun répit, il lui faut mettre une barrière, ou, comme il dit, " placer un mur" qui lui permette de respirer en paix. Mais, s'il est préoccupé de ses dangers, on comprend bien qu'il insiste encore plus sur ceux que courent ses concitoyens. Il est convaincu qu'en éloignant Catilina, il assure la tranquillité publique. Ce qu'il y a de curieux dans la situation, c'est que Catilina est aussi désireux de s'en aller que Cicéron de le voir partir. On pense bien que leurs raisons ne sont pas les mêmes. Cicéron croit que le départ de Catilina est le salut de la république, et Catilina qu'il en sera la perte, et les motifs qui le leur font croire sont faciles à comprendre. Catilina est avant tout un soldat ; il a peu de confiance dans ses partisans de Rome, qui parlent tant et agissent si peu. Il lui tarde de se trouver an milieu de ces vieilles bandes qui lui semblent la véritable force de la conjuration. Pour Cicéron, que la politique a occupé toute sa vie, qui ne jette guère les yeux au delà de cette ville qu'il n'a presque jamais quittée, la conjuration est toute à Rome, et c'est là qu'il faut la combattre et la vaincre. Le reste sera l'affaire des légions dont la victoire ne lui paraît pas douteuse. D'ailleurs il connaît aussi bien que Catilina ce que valent les conjurés de Rome : il sait que leur chef seul est à craindre, et il pense qu'une fois qu'il n'y sera plus, on aura facilement raison des autres. Voilà pourquoi il souhaite si ardemment son départ. On dira sans doute qu'il n'avait pas besoin de le prier avec tant d'instances de partir, puisqu'il pouvait l'y contraindre. Le sénatus-consulte dont il état armé lui en donnait le pouvoir, et si, comme on l'a vu, il répugnait à se charger seul d'une initiative aussi redoutable, il pouvait demander franchement au Sénat de partager la responsabilité avec lui. Mais il pouvait craindre aussi que le Sénat s'y refusât ; il n'ignorait pas qu'un grand nombre de sénateurs, la majorité peut-être, n’était pas disposée à prendre des mesures compromettantes. Ce qui prouve qu'il le savait, c'est un incident curieux qui se passa pendant la lutte. A un moment où Cicéron pressait le plus vivement son adversaire de partir de lui-même et de ne pas attendre que le Sénat le condamnât à l'exil, Catilina, payant d'audace, répondit qu'au contraire il voulait lui faire décider la question. Fais-en la proposition, dit-il au consul, et s'il me condamne, j'obéirai". Pour parler avec cette assurance, il fallait qu'il ne doutât pas que le Sénat n'en ferait rien. Cicéron aussi le soupçonnait, et, comme il ne voulait pas s'exposer à un refus, il s'en tira par un expédient habile. "Non, lui répondit-il, je ne ferai pas une proposition formelle, qui répugne à mon caractère (Cat., I, 8 : non feram id quod abhorret a meis moribus. - Mérimée, dans sa Conjuration de Catilina, suppose que Cicéron veut dire qu'il est contraire à ses principes politiques de prendre l’avis du Sénat pour la condamnation des conjurés, et l’accuse de s'être mis en contradiction avec lui-même lorsque, quelques jours plus tard, il appela le Sénat à juger Lentulus et ses complices. C'est une erreur . Cicéron parle de ses principes d-humanité, de la douceur naturelle de son caractère qui lui rend ce rôle d'accusateur odieux. C'est ce qu'il répète dans tous les discours qu’il a prononcés à cette époque, même dans ceux où il est forcé, malgré lui, de demander des mesures de rigueur . Je reviendrai plus loin sur ce sujet), mais tu vas savoir tout de même ce que le Sénat pense de toi" ; alors, s'adressant encore plus directement à lui et avec plus de force : "Catilina, lui dit-il, sors de Rome, délivre la république de ses terreurs, et, si c'est ce mot que tu attends, pars pour l'exil. Le mot lâché, il se tut. Le Sénat ne répondit rien. Aucune approbation ne se fit entendre, mais aussi aucun murmure et Cicéron, sans doute après s'être tu un moment, reprenant la parole : "Tu vois, dit-il, ils m'ont entendu et ils se taisent. Qu'est-il besoin que leur voix te bannisse, quand leur silence te dit leur sentiment ? et il continua sur ce ton (Il y a, dans Diodore de Sicile (Frag., livre XL), un récit un peu différent de cet incident. Par malheur le texte de Diodore est, en cet endroit, fort obscur et très controversé. M. Bloch a essayé de l'expliquer (Mélanges Boissier, p. 65). Je crois qu'il est difficile d’en tirer un sens précis, et qu'en tout cas Diodore n'avait sous les yeux que le texte même de Cicéron, et qu'il ne l'a pas compris.) Il était donc convaincu qu'il ne pouvait demander aux sénateurs d'autre manifestation que de ne rien dire ; leur courage n'allait pas plus loin que le silence. Cette scène est caractéristique ; il faut s'en souvenir quand on est tenté d'accuser Cicéron de faiblesse. Que pouvait-il faire, n'ayant pour appui que des gens qu'il savait incapables de résolutions viriles ? Puisqu'il n'ose pas imposer l'exil à Catilina, il se voit réduit à le lui conseiller (Catil., I,5 : non jubeo, sed, si me cosusulis, suadeo.). Il lui montre, avec toute l'habileté de son éloquence insinuante, la honte qu'il y a pour lui à vivre parmi des concitoyens qui le redoutent et qui le détestent. Il va jusqu'à s'attendrir sur le sort que lui fait cette haine générale. Il lui demande, à plusieurs reprises, de s'en aller, comme un service personnel, et suppose que Rome elle-même prend la parole pour l'en prier, quoiqu'il sache très bien que Catilina n'avait aucun désir de rendre service à ses ennemis, et qu'un homme comme lui, qu'il accuse de vouloir mettre le feu à la ville, ne pouvait pas être très sensible à la prosopopée de la Patrie. Il faut avouer que tout ce pathétique ne paraît guère de nature à toucher Catilina, et même qu'il risquait d'amener un résultat contraire. N'était-il pas à craindre qu'à force de le presser de partir on ne lui inspirât, malgré la décision qu'il avait prise, quelque velléité de rester ? (Je serais assez, tenté de croire que, s'il a vraiment ajouté quelque chose à son discours en le publiant, ce doit être ces adjurations réitérées qui ne nous paraissent pas toujours fort adroites. Il avait intérêt à leur donner plus d'importance pour faire croire qu'il avait eu plus de part à la fuite de Catilina). Mais puisque Cicéron ne croyait pas pouvoir employer la violence, il était bien obligé de recourir à la persuasion. Il est vrai qu'il avait un moyen plus facile de sortir d'embarras : il lui suffisait de se taire. Il savait que Catilina était décidé à s'en aller, et que tous ses préparatifs étaient faits, il n'avait donc qu'à le laisser partir. Mais c'est précisément ce qu'il ne voulait pas. Il fallait qu'il ne partît que dans certaines conditions qui lui rendraient le retour impossible. S’il paraissait céder à la force, on pouvait croire qu'il était victime d'un abus d'autorité, et il se serait trouvé des gens pour le plaindre. Au contraire, en partant de lui-même, sous les reproches des honnêtes gens, et parce qu'il sentait bien qu'il ne lui était plus possible de rester, il semblait reconnaître les crimes dont on l'accusait, et il devenait impossible d'en douter puisqu'il les avouait lui-même. De cette façon il ne restait plus d'incrédules et on obtenait ainsi cette unanimité d'opinion qui devait sauver la République. Mais pour y réussir, pour amener ce départ à la fois volontaire et forcé, il fallait que le discours de l'orateur flottât sans cesse entre la menace et la prière. C'est le caractère de la première Catilinaire, et voilà pourquoi elle est au premier abord si difficile à comprendre.
L'embarras de la situation s'y reflète, et cet embarras est tel que Cicéron lui-même, quand, le lendemain, il raconta au peuple ce qui venait de se passer, manquait de termes pour expliquer comment il s'était fait que Catilina fût part. "Nous l'avons chassé, disait-il, ou, si vous aimez mieux, nous lui avons ouvert les portes, ou, mieux encore, nous l'avons accompagné de nos paroles pendant qu'il s'en allait (Cat. II, 1). La première expression (ejecimus) est évidemment trop forte, et Cicéron s'est défendu lui-même, un peu plus loin, de l'avoir mis dehors ; ce n'est que plus tard qu'il s'en est fait honneur comme d'un titre de gloire. Le second mot (emisimus) est déjà plus juste ; on ne lui a pas seulement tenu la porte ouverte, on l''a un peu poussé pour qu'il sortît, comme on faisait aux bêtes qu'on lançait dans l'arène. Mais le dernier (egredientem verbis prosecuti sumus) est la vérité même. Catilina partait ; Cicéron l'a accompagné de ses invectives. On ne devait pas le laisser quitter Rome fièrement, la tête haute, comme un de ces généraux de l'ancien temps auquel ses amis faisaient cortège du Capitole aux portes de la ville, lorsqu’il allait prendre le commandement d'une armée. Il fallait qu’au dernier moment une voix éloquente soulevât contre lui l’indignation des honnêtes gens, et qu'il s'en allât le front courbé sous les anathèmes du consul. Tel était le dessein de Cicéron dans sa première Catilinaire, et puisqu'il y a réussi, Salluste a bien raison de dire "qu'elle fut utile à la république" .

LA CONJURATION DE CATILINA PAR GASTON BOISSIER de l'Académie française, PARIS, LIBRAIRIE HACHETTE ET Cie, 79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 1905.

a, prép. : + Abl. : à partir de, après un verbe passif = par
ab
, prép. : + Abl. : à partir de, après un verbe passif = par
ad
, prép. : + Acc. : vers, à, près de
addo, is, ere, didi, ditum
: ajouter
adflicto, as, are
: 1 - heurter contre, battre, pousser. - 2 - au fig. tourmenter, accabler, abattre, ravager, mettre à mal, maltraiter, endommager.
adsideo, es, ere, sedi, sessum :
être assis auprès de qqn (alicui), camper auprès, assister, siéger comme juge, assiéger
adulescentia, ae,
f. : l'adolescence
ago, is, ere, egi, actum
: 1 - chasser devant soi, faire marcher, conduire, pousser, amener (en parlant des êtres animés ou personnifiés) 2. faire, traiter, agir
alius, a, ud
: autre, un autre
animus, i
, m. : le coeur, la sympathie, le courage, l'esprit
at
, conj. : mais
atque
, conj. : et, et aussi
aut
, conj. : ou, ou bien
bellum, i
, n. : la guerre
beneficium, ii
, n. : 1. le service, le bienfait, la faveur 2. la distinction, les faveurs
bonus, a, um
: bon (bonus, i : l'homme de bien - bona, orum : les biens)
caelum, i
, n. : le ciel
Catilina, ae
, m. : Catilina
causa, ae
, f. : la cause, le motif; l'affaire judiciaire, le procès; + Gén. : pour
circumvenio, is, ire, veni, ventum
: encercler
civis, is,
m. : le citoyen
civitas, atis,
f. : la cité, l'état
coepio, is, ere, coepi, coeptum
: (plutôt avec rad. pf et supin) : commencer
commoveo, es, ere, movi, motum
: 1 - mettre en mouvement, déplacer, remuer. - 2 - secouer, agiter, ébranler (le corps ou l'esprit), émouvoir, impressionner, troubler. - 3 - exciter, faire naître (un sentiment). (commotus, a, um : en mouvement, ému, agité)
consul, is,
m. : le consul
credo, is, ere, didi, ditum
: I. 1. confier en prêt 2. tenir pour vrai 3. croire II. avoir confiance, se fier
crudelis, e
: cruel
cuius
, 1. GEN. SING. du pronom relatif 2. idem de l'interrogatif 3. faux relatif = et eius 4. après si, nisi, ne, num = et alicuius
cum
, inv. :1. Préposition + abl. = avec 2. conjonction + ind. = quand, lorsque, comme, ainsi que 3. conjonction + subj. : alors que
de
, prép. + abl. : au sujet de, du haut de, de
deliciae, arum
, f. pl. : 1 - tout ce qui charme : les délices, les douceurs, les plaisirs, les jouissances, le bonheur; le luxe, la mollesse, la délicatesse; les jeux, les agréments, les gentillesses, les plaisanteries. - 2 - l'objet de l'affection ou du plaisir; le délice, l'amour, l'amant, l'amante; le libertinage. - 3 - la recherche (de style), la gentillesse, la mignardise, le raffinement.
demissus, a, um
: 1 - envoyé d'en haut, tombé, jeté, précipité. - 2 - descendu, sorti de, issu de. - 3 - enfoncé, bas, profond, peu élevé. - 4 - baissé, abaissé, pendant, affaissé. - 5 - abattu, découragé. - 6 - humble (de condition ou de caractère), doux, simple, modeste.
diffido, is, ere, fisus sum
: ne pas se fier à, se défier de
dissimulo, as, are
: dissimuler, cacher au passif : passer inaperçu
diuturnus, a, um
: durable, long (dans le temps)
ea
, 1. ablatif féminin singulier, nominatif ou accusatif neutres pluriels de is, ea, id (ce, cette, le, la...) 2. adv. : par cet endroit
eam
, 1. accusatif féminin singulier de is, ea, id = la (pronom), ce, cette 2. 1ère pers. sing. du subjonctif présent de eo, is, ire : aller
edo, edis , edidi, editum
: I. mettre à jour, faire connaître, produire (editus, a, um : élevé, haut) II. edo, edis, edi, edum : manger
eius
, génitif singulier de is, ea, id : ce, cette, son, sa, de lui, d'elle
et
, conj. : et. adv. aussi
ex
, prép. : + Abl. : hors de, de
existumo, as, are
: penser, estimer
expurgo, as, are
: 1 - nettoyer, émonder, purger, retrancher, enlever. - 2 - guérir (une maladie de peau). - 3 - purger (un malade). - 4 - corriger. - 5 - disculper, justifier.
facies, ei,
f. : 1. la forme extérieure, l'aspect l'apparence, la beauté 2. la figure 3. le genre, l'espèce
familia, ae
, f. : l'ensemble des esclaves de la maison, le personnel; la troupe, l'école
festino, as, are
: se hâter, se dépêcher
furibundus, a, um
: délirant, égaré
gero, is, ere, gessi, gestum
: tr. - 1 - porter, qqf. transporter. - 2 - produire, enfanter. - 3 - au fig. porter, contenir, avoir en soi, entretenir (un sentiment). - 4 - faire (une action); exécuter, administrer, gouverner, gérer, conduire, exercer; au passif : avoir lieu. - 5 - passer (le temps). - 6 - avec ou sans se : se conduire, se comporter; jouer le rôle de, agir en.
habeo, es, ere, bui, bitum
: avoir (en sa possession), tenir (se habere : se trouver, être), considérer comme
hic, haec, hoc
: adj. : ce, cette, ces, pronom : celui-ci, celle-ci
homo, minis
, m. : l'homme, l'humain
hostis, is
, m. : l'ennemi
idem, eadem, idem
: le (la) même
ille, illa, illud
: adjectif : ce, cette (là), pronom : celui-là, ...
in
, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
incedo, is, ere, incessi, incessum
: s'avancer, envahir, prendre possession de
incendium, ii
, n. : l'incendie
inimicus, a, um
: ennemi, de l'ennemi (inimicus, i, m. : l'ennemi)
inmutatus, a, um
: 1 - changé; bouleversé, confus. - 2 - non changé, immuable, invariable, inébranlable.
inquilinus, i,
m. : un locataire, le colocataire, l'habitant.
inquit
, vb. inv. : dit-il, dit-elle
insolitus, a, um
: inaccoutumé à ( avec ad ou gén ou inf) ; inusité, insolite
instituo, is, ere, tui, tutum
: organiser, entreprendre
interrogo, as, are
: interroger
invado, is, ere, vasi, vasum
: 1. faire invasion, se jeter sur 2. assaillir, attaquer 3. saisir
ipse, a, um
: (moi, toi, lui,...) même
ira, ae
, f. : 1 - la colère, le courroux, l'indignation, la fureur, le ressentiment, la vengeance, l' inimitié. - 2 - la fureur, la violence, l'impétuosité (des vents, de la guerre...) - 3 - le différend, la dispute, la querelle, la brouille. - 4 - l'outrage, l'injure.
ita
, adv. : ainsi, de cette manière ; ita... ut, ainsi que
iurgium, i
, n. : la querelle, la dispute, l'altercation, l'invective
L
, abrév. : Lucius
lacesso, is, ere, ivi, itum
: harceler, exciter, attaquer
laetitia, ae,
f. : 1 - la joie, la joie débordante, l'allégresse. - 2 - la beauté, le charme, la grâce, l'agrément (du style). - 3 - le plaisir. - 4 - la fertilité, la fécondité, la végétation vigoureuse, la vigueur.
lascicia, ae
, f. : l'humeur folâtre, la gaieté, l'enjouement ; la licence, le dérèglement, le libertinage, la débauche
lex, legis
, f. : la loi, la (les) condition(s) d'un traité
liberi, orum
, m. pl. : les enfants (fils et filles)
locus, i
, m. : le lieu, l'endroit; la place, le rang; la situation
luculentus, a, um
: brillant, lumineux; distingué, de bel aspect
M
, inv. : abréviation de Marcus
magnitudo, dinis
, f. : la grande taille, la grandeur
maior, oris
: comparatif de magnus. plus grand. maiores, um : les ancêtres)
maledictum, i,
n. : l'insulte, l'injure, l'outrage
manus, us
, f. : la main, la petite troupe
metior, iris, iri, mensus sum
: mesurer, estimer, juger
metus, us
, m. : la peur, la crainte
meus, mea, meum
: mon
miseror, aris, ari
: 1 - plaindre, déplorer. - 2 - avoir pitié de, ressentir de la pitié, témoigner de la pitié.
moveo, es, ere, movi, motum
: déplacer, émouvoir
mulier, is
, f. : la femme
ne
, 1. adv. : ... quidem : pas même, ne (défense) ; 2. conj. + subj. : que (verbes de crainte et d'empêchement), pour que ne pas, de ne pas (verbes de volonté) 3. adv. d'affirmation : assurément 4. interrogatif : est-ce que, si
neque, adv. : et ne pas
obstrepo, is, ere, strepui, strepitum
: faire du bruit, retentir, couvrir la voix en faisant du bruit
omitto, is, ere, misi, missum
: abandonner, laisser aller (omissus, a, um : négligent, insouciant)
omnis, e
: tout
opus, operis
, n. : le travail (opus est mihi = j'ai besoin)
oratio, onis,
f. : le langage, la parole, l'exposé, le discours
orior, iris, iri, ortus sum
: naître, tirer son origine, se lever (soleil)
pario, is, ere, peperi, partum
: accoucher, produire, acquérir
paro, as, are
: préparer, procurer (paratus, a, um : prêt, préparé à, bien préparé, bien fourni)
parricida, ae,
m. : 1 - l'homicide; le parricide, le meurtrier de son père ou de sa mère. - 2 - le meurtrier d'un parent. - 3 - le meurtrier d'un patron, d'un citoyen. - 4 - le meurtrier du chef de l'Etat. - 5 -le traître envers la patrie, le rebelle.
parvus, a, um
: petit
pater, tris
, m. : le père, le magistrat
patria, ae
, f. : la patrie
patricius, a, um
: patricien, noble
paveo, es, ere, pavi
: être troublé, craindre, redouter
Paulus, i
, m. : Paulus
pax, pacis
, f. : la paix
perdo, is, ere, didi, ditum
: 1. détruire, ruiner, anéantir 2. perdre (perditus, a, um : perdu, malheureux, excessif, dépravé)
periculum, i
, n. : 1. l'essai, l'expérience 2. le danger, le péril
permoveo, es, ere, movi, motum
: 1 - remuer violemment, agiter violemment. - 2 - ébranler, émouvoir profondément, agiter, troubler, toucher. - 3 - exciter, susciter, faire naître. permotus, a, um : - 1 - vivement agité. - 2 - vivement ému, agité, touché, troublé, égaré.
Plautia, ae
, f. : Plautia
plebs, plebis,
f. : la plèbe
plurimi, ae, a
: pl. superlatif de multi - très nombreux
postea
, adv. : ensuite
postremo
, adv. : enfin
postulo, as, are
: demander, réclamer
praeceps, cipitis
: la tête en avant, précipité, penché, en déclivité, emporté (praeceps, ipitis, n. : l'abîme, le précipice - praeceps adv. au fond, dans l'abîme)
praesentia, ae
, f. : la présence, l'apparition
praesidium, ii
, n. : le lieu où se tiennent les troupes : le poste d'observation, le poste de défense; la citadelle, le fort, la position (fortifiée), le camp; le poste confié à un soldat.
publicus, a, um
: public
quae
, 4 possibilités : 1. nominatif féminin singulier, nominatif féminin pluriel, nominatif ou accusatif neutres pluriels du relatif = qui, que (ce que, ce qui) 2. idem de l'interrogatif : quel? qui? que? 3. faux relatif = et ea - et eae 4. après si, nisi, ne, num = aliquae
quam
, 1. accusatif féminin du pronom relatif = que 2. accusatif féminin sing de l'interrogatif = quel? qui? 3. après si, nisi, ne, num = aliquam 4. faux relatif = et eam 5. introduit le second terme de la comparaison = que 6. adv. = combien
quibus
, 1. datif ou ablatif pluriel du relatif 2. Idem de l'interrogatif 3. faux relatif = et eis 4. après si, nisi, ne, num = aliquibus
quid
, 1. Interrogatif neutre de quis : quelle chose?, que?, quoi?. 2. eh quoi! 3. pourquoi? 4. après si, nisi, ne num = aliquid
quidem
, adv. : certes (ne-) ne pas même
quies, etis
, f. : la tranquillité, le repos
quisquam, quaequam, quidquam (quic-)
: quelque, quelqu'un, quelque chose
quisque, quaeque, quidque
: chaque, chacun, chaque chose
quoniam
, conj. : puisque
repente
, adv. : soudain
res, rei
, f. : la chose, l'événement, la circonstance, l'affaire judiciaire; les biens
restinguo, is, ere, stinxi, stictum
: éteindre
rogito, as, are
: demander instamment
Roma, ae
, f. : Rome
Romanus, a, um
: Romain (Romanus, i, m. : le Romain)
ruina, ae,
f. : la chute, l'écroulement, l'effondrement, la catastrophe, la ruine
rumor, oris
, m. : le bruit sourd, le murmure d'une foule, le bruit, le on-dit, la renommée, le qu'en dira-t-on.
satis
, adv. : assez, suffisamment
scribo, is, ere, scripsi, scriptum
: 1. tracer, écrire 2. mettre par écrit 3. rédiger 4. inscrire, enrôler
se
, pron. réfl. : se, soi
sed
, conj. : mais
senatus, us
, m. : le sénat
servo, as, are
: veiller sur, sauver
sese
, pron. : = se
sicut
, inv. : comme
sive
, (seu) inv. : sive... sive : soit... soit
spes, ei
, f. : l'espoir
sum, es, esse, fui
: être
summus, a, um
: superlatif de magnus. très grand, extrême
superbia, ae,
f. : 1 - l'orgueil, l'arrogance, le dédain, la hauteur, la présomption; la tyrannie, le despotisme. - 2 - la noble fierté, la légitime fierté, la noblesse, la grandeur d'âme. - 3 - Vitr. l'éclat (d'une couleur).
supplex, plicis
: suppliant
suus, a, um
: adj. : son; pronom : le sien, le leur
tametsi
, inv. : bien que, cependant, du reste
temere
, adv. : à la légère, au hasard
tendo, is, ere, tetendi, tensum
: tendre
timeo, es, ere, timui
: craindre
timor, oris
, m. : la peur, la crainte, l'appréhension, l'effroi.
trepido, as, are
: trembler, s'agiter, de démener
tristitia, ae
, f. : 1. la tristesse, l'affliction 2. les circonstances tristes
Tullius, i,
m. (M. -) : (Marcus) Tullius (svt. Cicéron)
tum
, adv. : alors
ubi
, adv. : où; conj. quand (ubi primum : dès que)
urbs, urbis
, f. : la ville
ut
, conj. : + ind. : quand, depuis que; + subj; : pour que, que, de (but ou verbe de volonté), de sorte que (conséquence) adv. : comme, ainsi que
utilis, e
: utile
venio, is, ire, veni, ventum
: venir
vita, ae
, f. : la vie
voco, as, are
: tr. - appeler (pour faire venir), convoquer, provoquer; invoquer (qqn), implorer (qqch); amener, réduire à.
voltus, us
, m. : = vultus, us, m. : regard
vox, vocis
, f. : 1. la voix 2. le son de la voix 3. l'accent 4. le son 5. , la parole, le mot
texte
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