Apocryphes coptes

LES ÉVANGILES APOCRYPHES

ÉVANGILE DE L'ENFANCE.

 

Traduction française : GUSTAVE BRUMET

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

 

APOCRYPHE

ÉVANGILE DE L'ENFANCE.

 

INTRODUCTION

 

Henry Sike donna à Utrecht, en 1697, la première édition du texte arabe de cette légende. Il rétablit, d'après un manuscrit qui se trouva dans la vente faite à Leyde de la bibliothèque du savant Golius. On ignore ce qu'est devenu ce manuscrit (1), peut-être a-t-il passé en Angleterre, car Sike s'était rendu en Hollande avec un anglais nommé Huntington, qui étudiait les langues orientales pour se préparer à un voyage dans le Levant, mais qui, plus tard, renonça à son projet, revint dans sa patrie, fut nommé professeur d'arabe à Oxford, et finit par se pendre de ses propres mains en 1712.

Sike regardait le texte arabe comme la traduction d'un original fort ancien écrit primitivement en grec ou en syriaque. Un auteur arabe, Ahmed-Ibn-Idris, cité par Maracci dans son travail sur le Coran, atteste que l'on croyait que l'Évangile de l'Enfance, regardé comme le cinquième des Évangiles, avait été rédigé par saint Pierre qui en avait recueilli les matériaux de la bouche de Marie.

Fabricius se contenta de donner la version latine de Sike en y joignant en marge de courtes notes assez in- signifiantes; Thilo a réimprimé le texte arabe soigneusement corrigé, il a revu la traduction et il a conservé celles des notes du premier éditeur qui offraient le plus d'importance.

Nous connaissons quatre traductions allemandes de cet Évangile; la première vit le jour en 1699, sans indication de lieu et sans nom d'auteur ; la seconde, également anonyme, porte la date de 5738 (1789) à Jérusalem ; la troisième vit le jour en 1804; la quatrième fait partie du recueil déjà cité du docteur Borberg (t. I, p. 135 et suiv.)

L'on a cru pouvoir attribuer la rédaction de l'Évangile de l'Enfance tel que nous le possédons à quelque écrivain nestorien ; il est de fait que cette légende à toujours joui chez ces sectaires de la plus grande faveur. On l'a retrouvée chez les chrétiens de Saint-Thomas, fixés sur la côte de Malabar et qui partagent les erreurs anathématisées par le concile œcuménique d'Éphèse. Les Arméniens en ont reproduit dans leurs divers écrits les principales circonstances.

A des époques d'ignorance, l’on ne manqua point d'attribuer cet Évangile à l'un des apôtres; l'on désigna successivement saint Mathieu ou saint Pierre, saint Thomas ou saint Jacques comme l'ayant composé, saint Irénée croyait que c'était l'œuvre de quelque marcosien, Origène y voit la main de Basilide, et saint Cyrille celle de quelque sectateur de Manès. Quoi qu'il en soit, ce recueil de traditions, plus ou moins hasardées, se retrouve dans tout l'Orient le même pour le fond des choses.

Il est facile de se rendre compté de la grande popularité dont a joui cet Évangile, en Egypte surtout, lorsque l'on réfléchit que c'est en Egypte même que se passent la plupart des faits qu'il relate. Les Coptes ont possédé un grand nombre d'ouvrages relatifs à ces mêmes événements ; Assemani mentionne dans sa Bibliothèque orientale (t. II, 517, t. III, P. I, 286 et 641), une histoire de la fuite de la sainte Vierge et de saint Joseph en Egypte, faussement attribuée à Théophile d'Alexandrie.

Un prélat égyptien, Cyriaque, évêque de Tabenne, se distingua par l'empressement qu'il mit à recueillir et à propager ces légendes si propres à charmer des auditeurs peu éclairés, mais de bonne foi ; la bibliothèque du Roi possède de lui deux copies d'une histoire de Pilate et deux sermons (manuscrit arabe, n° 143), dont le savant Sylvestre de Sacy, dans une lettre adressée à André Birch, et que celui-ci a publiée (Copenhague, 1815), a donné une analyse curieuse ; on ne sera pas fâché de la retrouver ici.

Le premier de ces deux discours a pour objet de célébrer le jour où J. C. enfant accompagné de la sainte Vierge, de Joseph et de Salomé, au moment de sa fuite en Egypte, s'arrêta au lieu nommé, aujourd'hui le monastère de Baisous, situé à l'est de Banhésa. Le jour est le 25 du mois de Paschous. Suivant cette légende, l'enfant Jésus fit en ce lieu un grand nombre de miracles; entre autres choses, il planta en terre les trois bâtons d'un berger et de ses deux fils, et sur le champ, ces bâtons devinrent trois arbres couverts de fleurs et de fruits, qui existaient encore du temps de Cyriaque. Cyriaque prétend avoir appris tontes ces particularités de diverses visions qu'eut un moine nommé Antoine, en conséquence desquelles il fit faire des fouilles en cet endroit; on y trouva un grand coffre fermé contenant tous les vases sacrés d'une église, avec une inscription, qui apprit que le tout avait été caché au commencement de la persécution de Dioclétien, par le prêtre Thomas, qui desservait cette église, l’ordre lui en ayant été donné dans un songe. Le coffre ouvert, on y trouva les vases sacrés, et un écrit que Ton lut et qui contenait toute l'histoire de l'enfant Jésus, avec ses parents en ce lieu, le 25 du mois de Paschous, et le récit de tous les miracles, par lesquels il y avait manifesté sa divinité. Cette relation était écrite de la main de Joseph, époux de la sainte Vierge. Elle est fort longue. Après l'avoir lue, Cyria-que fit bâtir, en ce lieu, une église, dont la construction fut encore accompagnée de visions, et la desserte confiée au moine Antoine. Cyriaque raconte en finissant, comment un homme qui avait souillé cette église et y avait commis des dégâts, fut tué à peu de distance de là par un monstre envoyé de Dieu. — Le second discours de Cyriaque a pour objet l'arrivée et le séjour de l'enfant Jésus et de ses parents en un lieu de la province de Cous, lieu nommé aujourd'hui le couvent brûlé. Le discours est fait pour être lu le 7 de Barmandi, jour anniversaire de l'arrivée de la sainte famille en ce lieu. Le tissu de cette légende est tout à fait semblable à celui de la précédente.

Transcrivons aussi un passage des voyages de Thévenot (liv. II, ch. 75), où il est question des récits conservés parmi les chrétiens qui habitent sur les bords du Nil.

« Les Coptes ont plusieurs histoires fabuleuses tirées des livres apocryphes qu'ils ont encore parmi eux. Nous n'avons rien d'écrit de la vie de Notre-Seigneur, durant son bas-âge, mais eux, ils ont bien des particularités, car ils disent que tous les jours il descendait un ange du ciel, qui lui apportait à manger, et qu'il passait le temps à faire avec de la terre de petits oiseaux, puis il soufflait dessus, et les jetait après en l'air, et ils s'envolaient. Ils disent qu'au jour de la cène on servit à Notre-Seigneur un coq rôti, et qu'alors Judas étant sorti pour aller faire le marché de Notre-Seigneur, il commanda au coq rôti de se lever et de suivre Judas; ce que fit le coq, qui rapporta ensuite-à Notre-Seigneur que Judas l'avait vendu, et que pour cela ce coq entrera en paradis, »

Vansleb qui parcourut l'Egypte au dix-septième siècle, rapporte diverses légendes analogues à celle-ci; on montre encore, observe-t-il, un olivier que l'on dit être venu d'un bâton que Jésus avait enfoui en terre, l'on parle d'une fontaine qu'il fit paraître tout d'un coup pour étancher la soif dont souffrait Marie, et tous les malades qui burent de cette eau miraculeuse furent guéris.

Nous montrerons dans les notes dont nous accompagnerons l'Évangile de l'Enfance, combien les Musulmans y ont ajouté de traditions empreintes de l'imagination orientale ; les écrits des docteurs juifs ont également reproduit quelques-uns des récits de notre légende; c'est ainsi que le Toldos Jeschu, l'un des ouvrages que les rabbins ont essayé de diriger contre le christianisme (2), mentionne les oiseaux que Jésus formait avec de la boue et qu'il animait de son souffle; le même ouvrage donne le nom d'Elchanon comme celui du maître qui instruisit le fils de Marie ; d'après un passage un peu obscur, il est vrai, de la Gemare de Babylone (3), il se serait appelé Josué fils de Pérachia. Parmi les traductions de l’Évangile de l'Enfance en diverses langues, nous ne pouvons omettre celle qui vers le treizième siècle, eut lieu dans l'idiome du midi de la France ; M. Raynouard en a publié des extraits à la fin du premier volume de son Lexique roman.


 

EVANGILE DE L’ENFANCE

 

 

Au nom du Père, et du Fils, et de l’Esprit-Saint, Dieu unique.

Avec le secours et l'assistance du Dieu tout-puissant, nous commençons à écrire le livre des miracles de notre Sauveur, maître et Seigneur Jésus-Christ, lequel s'appelle l'Évangile de l'enfance, dans la paix du Sauveur. Ainsi soit-il.

CHAPITRE Ier.

Nous trouvons dans le livre du grand-prêtre Joseph qui vécut du temps de Jésus-Christ (et quelques-uns disent que son nom était Caïphe) que Jésus parla lorsqu'il était au berceau et qu'il dit à sa mère Marie : moi que tu as enfanté, je suis Jésus, le fils de Dieu, le Verbe, ainsi que te l'a annoncé l'ange Gabriel et mon père m'a envoyé pour le salut du monde.

CHAPITRE II.

L'an trois cent soixante-neuf de l'ère d'Alexandre, Auguste ordonna que chacun se fit enregistrer dans sa ville natale. Joseph se leva donc et conduisant Marie son épouse, il vint à Jérusalem, et il se rendit à Bethléem pour se faire inscrire avec sa famille dans l'endroit où il était né; lorsqu'ils furent arrivés tout proche d'une caverne, Marie dit à Joseph que le moment de sa délivrance était venu et qu'elle ne pouvait aller jusqu'à la ville, « mais, » dit-elle,« entrons dans cette caverne. » Le soleil était au moment de se coucher. Joseph se hâta d'aller chercher une femme qui assistât Marie dans l'enfantement, et il rencontra une vieille Israélite qui venait de Jérusalem et la saluant, il lui dit : « entre dans cette caverne où tu trouveras une femme au moment d'accoucher. » (4)

CHAPITRE III.

Et après le coucher du soleil, Joseph arriva avec la vieille devant la caverne et ils entrèrent. Et voici que la caverne était toute resplendissante d'une clarté qui surpassait celle d'une infinité de flambeaux et qui brillait plus que le soleil à midi. L’enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche, tétait le sein de sa mère Marie. Tous deux restèrent frappés de surprise à l'aspect de cette clarté, et la vieille demanda à Marie : « Est-ce que tu es la mère de cet enfant? » Et Marie ayant répondu affirmativement, la vieille lui dit : « Tu n'es pas semblable aux filles d'Eve, » et Marie repartit : « De même qu'il n'y a parmi les enfants aucun qui soit semblable à mon fils, de même sa mère est sans pareille parmi toutes les femmes. La vieille dit alors : « Madame et maîtresse, je suis venue pour acquérir une récompense qui dure à jamais, et Marie lui répondit : « Pose tes mains sur l'enfant. » Lorsque la vieille l'eut fait, elle fut purifiée, et quand elle fut sortie, elle disait : « Dès ce moment, je serai la servante de cet enfant, et je serai vouée à son service durant tous les jours de ma vie. »

CHAPITRE IV.

Ensuite, lorsque les bergers furent arrivés, (5) et qu'ayant allumé le feu, ils se livraient à la joie, les armées célestes leur apparurent, louant et célébrant le Seigneur, la caverne eut toute ressemblance à un temple auguste, où des rois célestes et terrestres célébraient la gloire et les louanges de Dieu à cause de la nativité du Seigneur-Jésus-Christ. El cette vieille Israélite voyant ces miracles éclatants, rendait grâces à Dieu, disant : « Je vous rends grâce, ô Dieu, Dieu d'Israël, parce que mes yeux ont vu la nativité du Sauveur du monde (6) ».

CHAPITRE V.

Lorsque le temps de la circoncision fut arrivé, c'est-à-dire, le huitième jour, époque à laquelle la loi prescrit que le nouveau-né doit être circoncis., ils le circoncirent dans la caverne, et la vieille Israélite recueillit le prépuce (d'autres disent que ce fut le cordon ombilical qu'elle recueillit) et le mit dans un vase d'albâtre rempli d'huile de vieux nard. Et elle avait un fils qui faisait commerce de parfums, et elle lui donna ce vase, en disant : « Garde-toi de vendre ce vase rempli de parfum de nard, lors même qu'on t'en offrirait trois cents deniers. » C'est ce vase que Marie la pécheresse acheta et qu'elle répandit sur la tête et sur les pieds de Notre Seigneur Jésus-Christ, en les essuyant de ses cheveux. Quand dix jours se furent écoulés, ils portèrent l'enfant à Jérusalem, et à l'expiration de la quarantaine, ils le présenteront dans le temple au Seigneur, en donnant pour lui les offrandes que prescrit la loi de Moïse où il est dit : « Tout enfant mâle qui sortira du ventre de sa mère sera appelé le saint de Dieu. »

CHAPITRE VI.

Le vieillard Siméon vit l'enfant Jésus brillant de clarté comme une colonne de lumière, tandis que la Vierge Marie, sa mère, le portait dans ses bras et qu'elle ressentait une extrême joie et une foule d'anges formaient comme un cercle autour de lui, célébrant ses louanges et l'accompagnant, ainsi que les satellites d'un roi vont à sa suite. Siméon s'approchant donc avec empressement de Marie et étendant ses mains vers elle, disait au Seigneur Jésus : « Maintenant, Seigneur, votre serviteur peut se retirer en paix suivant votre parole, car mes yeux ont vu votre miséricorde et ce que vous avez préparé pour le salut de toutes les nations, pour la lumière de tous les peuples et la gloire de votre peuple d'Israël. » La prophétesse Anne était aussi présente, et elle rendait grâces à Dieu, et elle vantait le bonheur de Marie.

CHAPITRE VII.

Et voici ce qu'il arriva, tandis que le Seigneur Jésus était né à Bethléem, ville de Judée, au temps du roi Hérode, des mages vinrent des pays de l'Orient, à Jérusalem, ainsi que l'avait prédit Zoradascht (6), et ils apportaient avec eux des présents, de l'or, de l'encens et de la myrrhe, et ils adorèrent l'enfant, et ils lui firent hommage de leurs présents. Alors Marie prit un des linges dans lesquels l'enfant était enveloppé et le donna aux mages qui le reçurent comme un don d'une inestimable valeur. Et à cette même heure, il leur apparut un ange sous la forme d'une étoile qui leur avait déjà servi de guide, (7) et ils s'en allèrent en suivant sa clarté jusqu'à ce qu'ils fussent de retour dans leur patrie.

CHAPITRE VIII.

Les rois et les princes s'empressèrent de se réunir autour des mages, leur demandant ce qu'ils avaient vu et ce qu'ils avaient fait, comment ils étaient allés et comment ils étaient revenus et quels compagnons de route ils avaient eus ? Les mages leur montrèrent le linge que Marie leur avait donné ; c'est pourquoi ils célébrèrent une fête, ils allumèrent du feu suivant leur usage, et ils l'adorèrent, et ils jetèrent ce linge dans les flammes, et les flammes l'enveloppèrent. Le feu étant éteint, ils en retirèrent le linge tout entier et les flammes n'avaient laissé sur lui aucune trace. Ils se mirent alors à le baiser et à le poser sur leurs têtes et sur leurs yeux, disant : « Voici sûrement la vérité ! quel est donc le prix de cet objet que le feu n'a pu ni consumer, ni endommager? » Et le prenant, ils le déposèrent avec grande vénération dans leurs trésors.

CHAPITRE IX.

Hérode voyant que les mages ne retournaient pas vers lui, réunit les prêtres et les docteurs, et il leur dit : « Enseignez-moi où doit naître le Christ ». Et lorsqu'ils lui eurent répondu que c'était à Bethléem, ville de Judée, Hérode commença à méditer en son esprit le meurtre du Seigneur Jésus. Alors un ange apparut à Joseph dans son sommeil, et il lui dit : « Lève-toi, prends l'enfant et sa mère, et réfugie-toi en Egypte. » Et au chant du coq, Joseph se leva et il partit.

chapitre X.

Et tandis qu'il songeait quel chemin il devait suivre, le jour survint et la fatigue du voyage avait brisé la courroie de la selle. Il approchait d'une grande ville où il y avait une idole à laquelle les autres idoles et déités de l'Egypte offraient des hommages et des présents, et il y avait un prêtre attaché au service de cette idole, et toutes les fois que Satan parlait par la bouche de l'idole, le prêtre rapportait ce qu'il disait; aux habitants de l'Egypte et de ses rivages. Ce prêtre avait un enfant de trois ans qui était possédé d'une grande multitude de démons ; il prophétisait et annonçait beaucoup de choses, et lorsque les démons s'emparaient de lui, il déchirait ses vêtements, et il courait nu dans la ville, jetant des pierres aux hommes. L'hôtellerie de cette ville était dans le voisinage de cette idole ; lorsque Joseph et Marie furent arrivés et qu'ils furent descendus à celte hôtellerie, les habitants furent saisis de consternation, et tous les princes et les prêtres des idoles se réunirent autour de cette idole lui demandant : « D'où vient cette consternation et quelle est la cause de cette terreur qui a envahi notre pays ? » Et l'idole répondit : Cette épouvante a été apportée par un Dieu ignoré qui est le Dieu véritable, et nul autre que lui n'est digne des honneurs divins, car il est véritablement le Fils de Dieu. A sa venue, cette contrée a tremblé; elle s'est émue et épouvantée, et nous éprouvons une grande crainte à cause de sa puissance. » Et en ce moment cette idole tomba et se brisa ainsi que les autres idoles qui étaient dans le pays et leur chute fit accourir tous les habitants de l'Egypte (8).

CHAPITRE XI.

Mais le fils du prêtre, lorsqu'il fut attaqué du mal auquel il était sujet, entra dans l'hôtellerie et il insultait Joseph et Marie, et tous les autres s'étaient enfuis, et comme Marie lavait les linges du Seigneur-Jésus, et qu'elle les suspendait sur une latte, ce jeune possédé prit un de ces linges et le posa sur sa tête, et aussitôt les démons prirent la fuite, en sortant par sa bouche, et on vit s'éloigner des figures de corbeaux et de serpents. L'enfant fut immédiatement guéri par le pouvoir de Jésus-Christ, et il se mit à chanter les louanges du Seigneur qui l'avait délivré et à lui rendre grâces. Et quand son père vit qu'il avait recouvré la santé, il s'étonna et il dit : « Mon fils, que t'est-il donc arrivé, et comment as-tu été guéri? » Et le fils répondit : « Lorsque les démons me tourmentaient, je suis entré dans l'hôtellerie, et j'y ai trouvé une femme d'une grande beauté qui était avec un enfant et elle suspendait sur une latte des linges qu'elle venait de laver; j'en pris un et je le posai sur ma tête et les démons s'enfuirent aussitôt et m'abandonnèrent. » Le père fut remplie de joie et s'écria : « Mon fils, il se peut que cet enfant soit le fils du Dieu vivant qui a créé les cieux et la terre, et aussitôt qu'il a passé près de nous, l'idole s'est brisée, et les simulacres de tous nos dieux sont tombés, et une force supérieure à la leur les a détruits. »

CHAPITRE XII.

Ainsi s'accomplit la prophétie qui dit : « J'ai appelé mon fils de l'Egypte. » Lorsque Joseph et Marie apprirent que cette idole s'était renversée et qu'elle avait péri, ils furent saisis de crainte et de tremblement, et ils se disaient : « Lorsque nous étions dans la terre d'Israël, Hérode voulut faire périr Jésus, et, dans ce but, il ordonna le massacre de tous les enfants de Bethléem et des environs, et il n'y a pas de doute que les Égyptiens ne nous brûlent tout vifs, s'ils apprennent que cette idole est tombée. »

CHAPITRE XIII.

Ils partirent donc, et ils arrivèrent près de la cachette de voleurs qui dépouillaient de leurs vêtements et de leurs effets les voyageurs qui passaient près d'eux et qui les amenaient garrottés. Ces voleurs entendirent un grand bruit pareil à celui du cortège d'un roi qui sort de sa capitale au son des instruments de musique, escorté d'une grande armée et d'une nombreuse cavalerie, ils laissèrent tout leur butin et s'empressèrent de fuir. Les captifs se levant alors, brisèrent les liens l'un de l'autre, et ayant repris leurs effets, ils se retiraient lorsque voyant Joseph et Marie qui s'approchaient, ils leur demandèrent : « Où est ce roi dont le cortège a, par son bruit, épouvanté les voleurs au point qu’ils se sont enfuis et que nous avons été délivrés? » Et Joseph répondit : « Il vient après nous. »

CHAPITRE XIV.

Ils vinrent ensuite à une autre ville où il y avait une femme démoniaque, et tandis qu'elle était allée une fois puiser de l'eau durant la nuit, l'esprit rebelle et impur s'emparait d'elle. Elle ne pouvait ni supporter aucun vêtement, ni habiter une maison, et toutes les fois qu'on l'attachait avec des liens ou avec des chaînes, elle les brisait et s'enfuyait nue dans les lieux déserts, elle se tenait sur les roules et près des sépultures, et elle poursuivait à coups de pierre ceux qu'elle trouvait, de sorte qu'elle était pour ses parents un grand sujet de deuil. Marie l'ayant vue, fut touchée de compassion, et aussitôt Satan abandonna cette femme, et il s'enfuit sous la forme d'un jeune homme, en disant : « Malheur à moi, à cause de toi, Marie, et à cause de ton fils ! » Lorsque cette femme fut délivrée de ce qui causait ses tourments, elle regarda autour d'elle, et, rougissant de sa nudité, elle alla vers ses proches, fuyant l'aspect des hommes, et s'étant revêtue de ses habits, elle exposa à son père et à ses parents ce qui lui était arrivé, et ils étaient du nombre des habitants les plus distingués de la ville, et ils hébergèrent chez eux Joseph et Marie, leur témoignant un grand respect.

CHAPITRE XV.

Le lendemain, Joseph et Marie se mirent en route, et le soir ils arrivèrent à une autre ville où se célébrait une noce, mais, par suite des embûches de l'esprit malin et des enchantements de quelques magiciens, l'épouse avait perdu l'usage de la parole, de sorte qu'elle ne pouvait plus ouvrir lg bouche. Lorsque Marie entra dans la ville portant dans ses bras son fils, le Seigneur Jésus, la muette l'aperçut et aussitôt elle étendit ses mains vers Jésus, elle le prit dans ses bras et le serra contre son sein en lui donnant beaucoup de baisers. Aussitôt le lien qui retenait sa langue se brisa et ses oreilles s'ouvrirent et elle commença à glorifier et à remercier Dieu qui l'avait guérie. Et il y eut cette nuit une grande joie parmi les habitants de cette ville, car ils pensaient que Dieu et ses anges étaient descendus parmi eux.

CHAPITRE XVI.

Joseph et Marie passèrent trois jours en cet endroit où ils furent tenus en grande vénération et traités avec splendeur. Étant munis de provisions pour leur voyage, ils partirent ensuite et ils vinrent dans une autre ville, et comme elle était florissante et ses habitants en grande célébrité, ils désiraient y passer la nuit. Il y avait dans cette ville une femme noble et comme elle était descendue au fleuve pour s'y laver, voici que l'esprit maudit sous la forme d'un serpent, s'était jeté sur elle et il s'était enlacé autour de son ventre, et chaque nuit, il s'étendait sur elle. Lorsque cette femme eut vu Marie et le Seigneur Jésus qu'elle portait contre son sein, elle pria Marie de lui permettre de porter et d'embrasser cet enfant. Marie y consentit, et aussitôt que cette femme eut touché l'enfant, Satan l'abandonna et s'enfuit, et depuis cette femme ne le revit plus. Tous les voisins louèrent le Seigneur et cette femme les récompensa avec une grande générosité.

CHAPITRE XVII.

Le lendemain, cette même femme prit une eau parfumée pour laver l'enfant Jésus, et, quand elle l'eut lavé, elle garda cette eau. Et il y avait là une jeune fille dont le corps était couvert d'une lèpre blanche et elle se lava de cette eau, elle fut immédiatement guérie. Le peuple disait donc ; « Il n'y a pas de doute que Joseph et Marie et cet enfant ne soient des dieux » et ils ne paraissent pas de simples mortels. » Lorsqu'ils se préparèrent à partir, cette fille qui avait été guérie de la lèpre s'approcha d'eux et les pria de lui permettre de les accompagner.

CHAPITRE XVIII.

Ils y consentirent et elle alla avec eux et ils arrivèrent à une ville où il y avait le château d'un prince puissant, et ce palais était proche de l'hôtellerie. Ils s'y rendirent, et la jeune fille s'étant ensuite approchée de l'épouse du prince, la trouva triste et versant des larmes et elle lui demanda la cause de sa douleur. Et celle-ci lui répondit : « Ne t'étonne pas de me voir livrée à l'affliction ; je suis en proie à une grande calamité que je n'ose raconter à aucun homme. » La jeune fille lui repartit : « Si tu me dis quel est ton mal, tu en trouveras peut-être le remède auprès de moi. » La femme du prince lui dit : « Tu ne révéleras ce secret à personne. J'ai épousé un prince dont la domination, pareille à celle d'un roi, s'étend sur de vastes états, et, après avoir longtemps vécu avec lui, il n'a eu de moi nulle postérité. Enfin j’ai conçu, mais j'ai mis au inonde un enfant lépreux ; l'ayant vu, il ne l’a pas reconnu comme étant à lui, et il m'a dit : « Fais mourir cet enfant ou donne-le à une nourrice qui l'élève dans un endroit si éloigné que jamais l'on n'en entende parler. Et, reprends ce qui est à toi, car je ne te reverrai jamais. » C'est pourquoi je me livre à la douleur en déplorant la calamité qui m'a frappée et je pleure sur mon mari et sur mon enfant. » La jeune fille lui répondit : « Ne t'ai-je pas dit que j'ai trouvé pour toi un remède que je te promets? Moi aussi j'ai été atteinte de la lèpre, mais j'ai été guérie par une faveur de Dieu, qui est Jésus le fils de Marie. » La femme lui demandant alors où était ce Dieu dont elle parlait, la jeune fille répondit; « Il est dans cette même maison où nous sommes? » — « Et comment cela peut-il se faire, où est-il ? » repartit la princesse. — La jeune fille répliqua : « Voici Joseph et Marie, l'enfant qui est avec eux est Jésus, et c'est lui qui m'a guérie de mes souffrances. » — « Et comment » dit la femme, « est-ce qu'il t'a guérie ? Est-ce que tu ne me le diras pas ? » — La jeune fille répondit : « J'ai reçu de sa mère de l'eau dans laquelle il avait été lavé, et je l'ai versée sur mon corps et ma lèpre a disparu. » La femme du prince se leva alors et elle reçut chez die Joseph et Marie, et elle prépara à Joseph un festin splendide dans une grande réunion. Le lendemain, elle prit de l'eau parfumée afin de laver le Seigneur Jésus, et elle lava avec cette même eau son fils qu'elle avait apporté avec elle, et aussitôt son fils fut guéri de sa lèpre. Et elle chantait les louanges de Dieu, en lui rendant grâces et en disant : « Heureuse la mère qui t'a engendré, ô Jésus! L'eau dont ton corps a été arrosé guérit les hommes qui ont part à la même nature que toi. » Elle offrit de riches présents à Marie et elle la renvoya en la traitant avec grand honneur.

chapitre XIX.

Ils vinrent ensuite à une autre ville où ils voulaient passer la nuit. Ils allèrent chez un homme qui était marié depuis peu, mais qui, atteint d'un maléfice, ne pouvait jouir de sa femme (8), et quand ils eurent passé la nuit près de lui, son empêchement fut rompu. Lorsque le jour se leva, ils se ceignaient pour se remettre en route, mais l'époux les en empêcha et leur prépara un grand banquet.

chapitre XX.

Le lendemain, ils partirent et comme ils approchaient d'une autre ville, ils virent trois femmes qui quittaient un tombeau en versant beaucoup de pleurs. Marie les ayant aperçues dit a la jeune fille qui les accompagnait : « Demande-leur qui elles sont et quel est le malheur qui leur est arrivé. » Elles ne firent point de réponse à la question que la jeune fille leur fit, mais elles se mirent à l'interroger de leur côté, disant : « Qui êtes-vous, et où allez-vous? car déjà le jour est tombé et la nuit s'avance. » La jeune fille répondit : « Nous sommes des voyageurs et nous cherchons une hôtellerie afin d'y passer la nuit. » Elles repartirent : « Accompagnez-nous et passez la nuit chez nous. » Ils suivirent donc ces femmes, et ils furent introduits dans nue maison nouvelle, ornée et garnie de différents meubles» Or, c'était dans la saison de l’hiver, et la jeune fille étant entrée dans la chambre de ces femmes, les trouva encore qui pleuraient et qui se lamentaient A côté d'elles était un mulet, couvert d'une housse de soie, devant lequel était placé du fourrage, et elles lui donnaient à manger et elles l'embrassaient La jeune fille dit alors: « O ma maîtresse, que ce mulet est beau, » et elles répondirent en pleurant : « Ce mulet que tu vois est notre frère, il est né de la même mère que nous. Notre père nous laissa à sa mort de grandes richesses et nous n'avions que ce seul frère et nous cherchions à lui procurer un mariage convenable. Mais des femmes enflammées de l'esprit de la jalousie ont jeté sur lui, à notre insu, des enchantements, et une certaine nuit, un peu avant le point du jour, les portes de notre maison étant fermées, nous avons vu que notre frère avait été changé en mulet et qu'il était tel que tu le vois à présent. Nous nous sommes livrées à la tristesse, car nous n'avions plus notre père qui pût nous consoler ; nous n'avons oublié aucun sage au monde, aucun magicien, ou enchanteur, nous avons eu recours à tous, mais nous n'en avons retiré nul profit. C'est pourquoi, toutes les fois que nos cœurs sont gonflés de tristesse, nous nous levons et nous allons avec notre mère que voici, au tombeau de notre père, et, après y avoir pleuré, nous revenons. »

CHAPITRE XXI.

Lorsque la jeune fille eut entendu ces choses elle dit : « Prenez courage et cessez de pleurer, car le remède de vos maux est proche, il est même avec vous et au milieu de votre demeure ; j'ai été lépreuse, mais après que j'eus vu cette femme et ce petit enfant qui est avec elle et qui se nomme Jésus, et après avoir versé sur mon corps l'eau avec lequel sa mère l'avait lavé, j'ai été purifiée. Je sais aussi qu'il peut mettre un terme à votre malheur; levez-vous, approchez-vous de Marie, et après l'avoir conduite chez vous, révélez-lui le secret dont vous m'avez fait part, en la suppliant d'avoir compassion de vous. » Lorsque ces femmes eurent entendu ces paroles de la jeune fille, elles s'empressèrent d'aller auprès de Marie et elles l'emmenèrent chez elles et elles lui dirent en pleurant : « O Marie, notre maîtresse, prends pitié de tes servantes, car notre famille est dépourvue de son chef et nous n'avons pas un père ou un frère qui entre ou qui sorte devant nous. Ce mulet que tu vois est notre frère, et des femmes l'ont par leurs sortilèges, réduit à cet état Nous te prions donc d'avoir pitié de nous. » Alors Marie, touchée de compassion, souleva l'enfant Jésus et le plaça sur le dos du mulet et elle pleurait, ainsi que les femmes, et elle dit : « Hélas ! mon fils, guéris ce mulet par un effet de ta grande puissance et fais que cet homme recouvre la raison dont il a été privé. » A peine ces mots étaient-ils sortis de la bouche de Marie que le mulet reprit aussitôt la forme humaine et se montra sous les traits d'un beau jeune homme et il ne lui restait nulle difformité. Et lui, et sa mère et ses sœurs adorèrent Marie et, élevant l'enfant au-dessus de leurs têtes, ils l'embrassaient en disant : « Heureuse ta mère, ô Jésus, Sauveur du monde ! Heureux les yeux qui jouissent de la félicité de ton aspect. »

CHAPITRE XXII.

Les deux sœurs dirent à leur mère : « Notre frère a repris sa première forme, grâce à l'intervention du Seigneur Jésus et aux bons avis de cette jeune fille qui nous a conseillé de recourir à Marie et à son fils. Et maintenant, puisque notre frère n'est pas marié, nous pensons qu'il est convenable qu'il épouse cette jeune fille. » Lorsqu'elles eurent fait cette demande à Marie et qu'elle y eut consenti, elles firent pour cette noce des préparatifs splendides et la douleur fut changée en joie et les pleurs firent place aux rires, et elles ne firent que se réjouir et chanter dans l'excès de leur contentement, ornées de vêtements magnifiques et de joyaux. En même temps elles célébraient les louanges de Dieu, disant : » O Jésus, fils de Dieu qui a changé notre affliction en allégresse et nos lamentations en cris de joie ! » Joseph et Marie demeurèrent dix jours en cet endroit ; ensuite ils partirent comblés des témoignages de vénération de toute cette famille, qui, après leur avoir dit adieu, s'en retourna en pleurant, et la jeune fille surtout répandit des larmes.

CHAPITRE XXIII.

Ils arrivèrent ensuite près d'un désert et comme ils apprirent qu'il était infesté de voleurs, ils se préparaient à le traverser pendant la nuit Et voici que tout d'un coup, ils aperçurent deux voleurs qui étaient endormis et près d'eux ils virent une foule d'autres voleurs qui étaient les camarades de ces gens et qui étaient aussi plongés dans le sommeil. Ces deux voleurs se nommaient Titus et Dumachus (9), et le premier dit à l'autre : « Je te prie de laisser ces voyageurs aller en paix, de peur que nos compagnons ne les aperçoivent » Dumachus s'y refusant, Titus lui dit : « Reçois de moi quarante drachmes et prends ma ceinture pour gage. » Et il la lui présentait en même temps, le priant de ne pas appeler et de ne pas donner l'alarme. Marie voyant ce voleur si bien disposé à leur rendre service lui dit : « Que Dieu te soutienne de sa main droite et qu'il t'accorde la rémission de tes péchés. » Et le Seigneur Jésus dit à Marie : « Dans trente ans, ô ma mère, les Juifs me crucifieront à Jérusalem, et ces deux voleurs seront mis en croix à mes côtés, Titus à ma droite et Dumachus à ma gauche et, ce jour-là, Titus me précédera dans le Paradis. » Et lorsqu'il eut ainsi parlé, sa mère lui répondit : « Que Dieu détourne de toi semblables choses, ô mon fils, » et ils allèrent ensuite vers une ville des idoles, et, comme ils en approchaient, elle fut changée en un tas de sable.

chapitre XXIV.

Ils vinrent ensuite à un sycomore que l’on appelle aujourd'hui Matarea (10), et le Seigneur Jésus fit paraître à cet endroit une fontaine où Marie lava sa tunique. Et le baume que produit ce pays vient de la sueur qui coula des membres de Jésus (11).

CHAPITRE XXV.

Ils se rendirent alors à Memphis et ayant vu Pharaon, ils demeurèrent trois ans en Egypte, et le Seigneur Jésus y lit beaucoup de miracles qui ne sont consignés ni dans l'Évangile de l'Enfance, ni dans l'Évangile complet (12).

CHAPITRE XXVI.

Au bout de trois ans ils quittèrent l’Egypte et ils retournèrent en Judée, et lorsqu'ils en furent proches, Joseph redouta d'y entrer, car il apprit qu'Hérode était mort et que son fils Archélaüs lui avait succédé, mais l'ange de Dieu lui apparut et lui dit : « O Joseph, va dans la ville de Nazareth et fixes-y ta demeure. »

CHAPITRE XXVII.

Lorsqu'ils arrivèrent à Bethléem, il s'y était déclaré des maladies graves et difficiles & guérir qui attaquaient les yeux des enfants et beaucoup périssaient. Et une femme qui avait un fils près de mourir, le mena à Marie et la trouva qui baignait le Seigneur Jésus. Et cette femme dit : « O Marie, vois mon fils qui souffre cruellement. » Marie l'entendant lui dit : « Prends un peu de cette eau avec laquelle j'ai lavé mon fils et répands-la sur le tien. » La femme fit comme le lui recommandait Marie, et son fils, après avoir été fort agité, s'était endormi, et lorsqu'il se réveilla, il se trouva complètement guéri. La femme pleine de joie, revint trouver Marie qui lui-dit : « Rends grâce à Dieu, de ce qu'il a guéri ton fils. »

CHAPITRE XXVIII.

Cette femme avait une voisine dont l'enfant était atteint de la même maladie et ses yeux étaient presque fermés et il criait piteusement nuit et jour. Et celle dont le fils avait été guéri lui dit : « Pourquoi ne portes-tu pas ton fils à Marie comme je lui ai porté le mien lorsqu'il était au moment de la mort et qu'il a été guéri par cette eau dans laquelle Jésus s'était baigné? » Et cette seconde femme alla aussi prendre de cette eau et aussitôt qu'elle en eut répandu sur son fils, son mal cessa. Et elle apporta son fils parfaitement guéri à Marie, qui lui recommanda de rendre grâce à Dieu et de ne raconter à personne ce qui lui était arrivé.

CHAPITRE XXIX.

Il y avait dans la même ville deux femmes mariées au même homme et chacune avait un fils qui était malade. L'une se nommait Marie et son fils avait nom Kaljufe. Cette femme se leva et elle porta son enfant à Marie, la mère de Jésus, et elle lui offrit une très belle nappe, et elle lui dit : « O Marie, reçois de moi cette nappe et, en échange, donne-moi un de tes langes. » Marie y consentit et la mère de Kaljufe fit avec ce lange une tunique dont elle revêtit son fils. Et il se trouva guéri et l'enfant de sa rivale mourut le même jour. Il en résulta de grands dissentiments entre ces deux femmes; elles s'acquittaient, chacune à son tour, une semaine durant, des travaux du ménage et une fois que le tour de Marie, la mère de Kaljufe, était venu, elle s'occupait de faire chauffer le four pour cuire le pain et, allant chercher la farine, elle sortit laissant son enfant près du four. Sa rivale voyant que l'enfant était resté seul, le prit et le jeta dans le four tout embrasé et elle s'enfuit Marie revint et elle vit son enfant qui était au milieu du four où il riait, car le four s'était soudainement refroidi, comme si jamais il n'y avait été allumé de feu, et elle se douta que sa rivale l'avait jeté là. Elle l'en retira donc et le porta à la vierge Marie et lui raconta ce qui s'était passé. Et Marie lui dit : « Tais-toi, car je crains pour toi si tu divulgues ces choses. » Ensuite la rivale alla au puits puiser de l'eau et voyant Kaljufe qui jouait auprès et qu'il n'y avait à l'entour nulle créature humaine, elle prit l'enfant et le jeta dans le puits. Des hommes étant venus pour se procurer de l'eau virent l'enfant qui était assis sans aucun mal, sur la surface de l'eau, et ayant descendu des cordes, ils le retirèrent Et ils furent remplis d'une telle admiration pour cet enfant, qu'ils lui rendirent les honneurs comme à un dieu. Et sa mère le porta en pleurant à Marie et lui dit : « O ma maîtresse, vois ce que ma rivale a fait à mon fils et comme elle l'a fait tomber dans le puits et il n'y a pas de doute pour moi qu'elle ne cause un jour sa mort » Marie lui répondit : « Dieu punira le mal qui t'a été fait » Peu de joute après, la rivale alla puiser de l'eau et ses pieds s'embarrassèrent dans la corde de sorte qu'elle tomba dans le puits et lorsque l'on accourut pour lui porter secours, on trouva qu'elle s'était fracassé la tête. Elle mourut donc d'une manière funeste et la parole du sage s'accomplit en elle : « Ils ont creusé un puits et ils ont jeté la terre en haut, mais ils sont tombés dans la fosse qu'ils avaient préparée. »

CHAPITRE XXX.

Une autre femme de la même ville avait deux enfants, malades tous deux; l'un mourut et l'autre était près de trépasser; sa mère le prit dans ses bras et le porta à Marie en versant un torrent de larmes et elle lui dit : « O ma maîtresse, viens à mon secours et assiste-moi ; j'avais deux fils et je viens d'en perdre un et je vois l'autre au moment de périr. Vois comment j'implore la miséricorde du Seigneur. » Et elle se mit à dire : « Seigneur, vous êtes plein de clémence et de compassion ; vous m'aviez donné deux fils, vous avez rappelé l'un d'eux à vous, du moins laissez-moi l'autre. » Marie témoin de son excessive douleur, eut pitié d'elle et Lui dit : « Place ton enfant dans le lit de mon fils et couvre-le de ses vêtements. » Et quand l'enfant eut été placé dans le lit à côté de Jésus « ses yeux appesantis par la mort se rouvrirent et appelant sa mère à voix haute, il demanda du pain et quand on lui en eut donné, il le mangea. Alors sa mère dit : « O Marie, je connais que la vertu de Dieu habite en toi, au point que ton fils guérit les enfants aussitôt qu'ils l'ont' touché. » Et l'enfant qui fut ainsi guéri est ce même Barthélémy dont il est parlé dans l'Évangile.

chapitre XXXI.

11 y avait au même endroit une femme lépreuse qui alla trouver Marie mère de Jésus et qui lui dit : « O ma maîtresse, assiste-moi. » Et Marie lui répondit : « Quel secours demandes-tu? est-ce de l’or ou de l'argent, ou veux-tu être guérie de ta lèpre ? » Cette femme repartit : « Qu'est-ce que tu peux faire pour moi ? » Et Marie lui dit : « Attends un peu jusqu'à ce que j'aie lavé mon enfant et que je l'aie mis dans son lit. » La femme attendit et Marie, après l'avoir couché, tendit à la femme un vase plein de l'eau avec laquelle elle avait lavé son enfant et lui dit : « Prends un peu de cette eau et répands-la sur ton corps. » Et aussitôt que la malade l'eut fait, elle se trouva guérie, et elle rendit grâce à Dieu.

chapitre XXXII.

Elle s'en alla ensuite, après être restée trois jours auprès de Marie et elle vint dans une ville où rendait un prince qui avait épousé la fille d'un autre prince, mais lorsqu'il vit sa femme, il aperçut entre ses yeux les marques de la lèpre, ayant la forme d'une étoile et leur mariage avait été déclaré nul et non valide. Et cette femme voyant la princesse qui se livrait au désespoir, lui demanda la cause de ses larmes, et la princesse lui répondit : « Ne t'informe pas de ma situation ; mon malheur est tel que je ne puis le révéler à personne. » La femme insistait pouf le savoir, disant qu'elle connaîtrait peut-être quelque remède à y apporter. Elle vit alors les traces de la lèpre qui paraissaient entre les yeux de la princesse. « Moi aussi, » dit-elle, « j'ai été atteinte de cette même maladie et je m'étais rendue pour affaires à Bethléem. Là, j'entrai dans une caverne où je vis une femme nommée Marie et elle avait un enfant qui s'appelait Jésus. Me voyant atteinte de la lèpre, elle eut pitié de moi, et die me donna l'eau dans laquelle elle avait lavé le corps de son fils. Je versai cette eau sur mon corps et je fus aussitôt guérie. La princesse lui dit alors : « Lève-toi et viens avec moi et fais-moi voir Marie. » Et elle s'y rendit apportant de riches présents. Et quand Marie la vit, elle dit : « Que la miséricorde du Seigneur Jésus soit sur toi. » Et elle lui donna un peu de cette eau dans laquelle elle avait lavé son enfant. Aussitôt que la princesse en eut répandu sur elle, elle se trouva guérie et elle rendit grâces au Seigneur, ainsi que tous les assistants. Le prince apprenant que sa femme avait été guérie, la reçut chez lui et célébrant de secondes noces, il rendit grâces à Dieu.

CHAPITRE XXXIII.

Il y avait au même endroit une jeune fille que Satan tourmentait ; l'esprit maudit lui apparaissait sous la forme d'un grand dragon qui voulait la dévorer et il avait sucé tout son sang de sorte qu'elle ressemblait & un cadavre. Et toutes les fois qu'il se jetait sur elle, elle criait, en joignant les mains au-dessus de sa tête et elle disait : « Malheur, malheur à moi, car il n'y a personne qui puisse me délivrer de cet affreux dragon. » Son père et sa mère et tous ceux qui l'entouraient et.qui la voyaient, se livraient à l'affliction et répandaient des larmes, surtout lorsqu'elle pleurait et disait : « O mes frères et mes amis, n'y a-t-il donc personne qui me délivre de ce meurtrier? » La fille du prince qui avait été guérie de la lèpre, entendant la voix de cette malheureuse, monta sur le toit de son château et elle la vit, les mains jointes au-dessus de la tête, versant des larmes abondantes et tous ceux qui l'entouraient pleuraient aussi. Et elle demanda si la mère de cette possédée vivait encore. Et quand on lui eut répondu que son père et sa mère étaient tous deux en vie, elle dit : « Faites venir sa mère auprès de moi. » Et quand elle fut venue, elle lui demanda : « Est-ce ta fille qui est ainsi possédée? » Et la mère ayant répondu que oui, en versant des larmes, la fille du prince dit : « Ne révèle pas ce que je vais te confier ; j'ai été lépreuse, mais Marie, la mère de Jésus-Christ m'a guérie. Si tu veux que ta fille obtienne sa délivrance, conduis-la à Bethléem et implore avec foi l'assistance de Marie et je crois que tu reviendras pleine de joie ramenant ta fille guérie. » Aussitôt la mère se leva et elle partit et elle alla trouver Marie, et elle lui exposa l'état dans lequel était sa fille. Marie l'ayant écoutée lui donna un peu de l'eau dans laquelle elle avait lavé son fils Jésus et lui dit de la répandre sur le corps de la possédée. Elle lui donna ensuite un morceau des langes de l'enfant Jésus et elle lui dit : « Prends ceci et montre-le à ton ennemi, toutes les fois que tu le verras, » et elle la renvoya ensuite en paix.

CHAPITRE XXXIV.

Lorsqu'après avoir quitté Marie, elles furent revenues dans leur ville et lorsque vint le temps où Satan avait coutume de la tourmenter, il lui apparut sous la forme d'un grand dragon et, à son aspect, la jeune fille fut saisie d'effroi. Et sa mère lui dit : « Ne crains rien, ma fille, laisse-le s'approcher davantage de toi et montre-lui ce linge que nous a donné Marie et nous verrons ce qu'il pourra faire. » Et quand le malin esprit qui avait revêtu la forme de ce dragon fut tout proche, la malade, toute tremblante de frayeur, mit sur sa tête et déploya le linge et il en sortit des flammes qui s'élançaient vers la tête et vers les yeux du dragon, et on entendit crier à haute voix : « Qu'y a t-il entre toi et moi, ô Jésus, fils de Marie ? où trouverai-je un asile contre toi ? » Et Satan prit la fuite avec épouvante, abandonnant cette jeune fille, et depuis il ne lui apparut jamais. Et elle se trouva ainsi délivrée, et elle rendit dans sa reconnaissance des actions de grâce à Dieu, ainsi que tous ceux qui avaient été présents à ce miracle.

CHAPITRE XXXV.

Il y avait dans cette même ville une autre femme dont le fils était tourmenté par Satin, il se nommait Judas, et toutes les fois que le malin esprit s'emparait de lui, il cherchait à mordre ceux qui étaient près de lui, et, s'il était seul, il mordait ses propres mains et ses membres. La mère de ce malheureux entendant parler de Marie et de son fils Jésus, se leva r et tenant son fils dans ses bras, elle le porta à Marie. Sur ces entrefaites, Jacques et Joseph avaient conduit dehors l'enfant Jésus pour qu'il jouât avec les autres enfants, et ils s'étaient assis hors de la maison et Jésus avec eux. Judas s'approcha et s'assit à la droite de Jésus, et quand Satan commença à l'agiter comme d'ordinaire, il cherchait à mordre Jésus, et comme il ne pouvait l'atteindre, il lui donnait des coups dans le côté droit, de sorte que Jésus se mit à pleurer. Et, en ce moment, Satan sortit de cet enfant, sous la forme d'un chien enragé. Et cet enfant fut Judas Iscariote, qui trahit Jésus (13), et le côté qu'il avait frappé fut celui que les Juifs percèrent d'un coup de lance.

CHAPITRE XXXVI.

Lorsque le Seigneur Jésus eut accomplit sa septième année, il jouait un jour avec d'autres enfants de son âge et, en s'amusant, ils faisaient avec de la terre détrempée diverses images d'animaux, de loups, d'ânes, d'oiseaux, et chacun vantant son ouvrage, s'efforçait de l'élever au-dessus de celui de ses camarades. Alors le Seigneur Jésus dit aux enfants: « J'ordonnerai aux figures que j'ai faites de se mettre à marcher. » Et les enfants lui demandant s'il était le fils du Créateur, le Seigneur Jésus ordonnait aux images de marcher et elles avançaient aussitôt. Quand il leur commandait de revenir, elles revenaient. Il avait fait des images d'oiseaux et de passereaux qui volaient lorsqu'il leur enjoignait de voler et qui s'arrêtaient quand il leur disait de s'arrêter, et quand il leur présentait de la boisson et de la nourriture, elles mangeaient et buvaient. Quand les enfants se furent retirés et qu'ils eurent raconté à leurs parents ce qu'ils avaient vu, ceux-ci leur dirent; « Evitez à l'avenir d'être avec lui, car c'est un enchanteur ; fuyez-le donc dorénavant, et ne jouez plus avec lui (14). »

CHAPITRE XXXVII.

Un certain jour le Seigneur Jésus jouant et courant avec les autres enfants passa devant la boutique d'un teinturier qui se nommait Salem ; il y avait dans cette boutique des étoffes appartenant à grand nombre d'habitants de la ville et que Salem se préparait à teindre de diverses couleurs; Jésus étant entré dans cette boutique prit toutes ces étoffes et les jeta dans la chaudière. Salem se retournant et voyant les étoffes perdues, se mit à pousser de grands cris et à réprimander Jésus, disant : « Qu'as-tu fait, ô fils de Marie? tu as fait tort à moi et à mes concitoyens; chacun demandait la couleur qui lui convenait, et toi tu es survenu, et tu as tout perdu. » Le Seigneur Jésus répondit : « De quelque pièce d'étoffe que tu veuilles changer la couleur, je la changerai. » Et aussitôt il se mit à retirer les étoffes de la chaudière et chacune était teinte de la couleur que désirait le teinturier (15). Et les Juifs témoins de ce miracle, célébrèrent la puissance de Dieu.

CHAPITRE XXXVIII.

Joseph parcourait toute la ville, menant avec lui le Seigneur Jésus et on l'appelait pour confectionner des portes ou des cribles, ou des coffres, et le Seigneur Jésus était avec lui partout où il allait. Et tontes les fois que l'ouvrage que faisait Joseph devait être plus long bu plus court, plus large ou plus étroit, le Seigneur Jésus étendait la main, et la chose se trouvait aussitôt telle que l'avait désiré Joseph, de sorte qu'il n'avait point besoin de rien achever de sa propre main, car il n'était pas fort habile dans ce métier de menuisier.

chapitre XXXIX.

Un jour, le roi de Jérusalem le fit appeler et lui dit : « Je veux, Joseph, que tu me fasses un trône d'après la dimension de l'endroit où j'ai coutume de m'asseoir. » Joseph obéit, et aussitôt mettant la main à l'œuvre, il passa deux ans clans le palais jusqu'à ce qu'il eût achevé de fabriquer ce trône. Et lorsqu'il fut placé à l'endroit où il devait être, l'on vit que de chaque côté il manquait deux spithames à la mesure fixée (16). Alors le roi se mit en colère contre Joseph, et Joseph, redoutant le courroux du monarque, ne put manger et se coucha à jeun. Alors le Seigneur Jésus lui demandant quel était le motif de sa crainte, il répondit : « C'est que l'ouvrage auquel j'ai travaillé deux ans entiers est gâté. » Et le Seigneur Jésus lui répondit : « Reviens de ta frayeur et ne perds pas courage; prends ce côté du trône et moi l'autre, pour que nous l'amenions à une mesure exacte. » Et Joseph ayant fait ce que prescrivait le Seigneur Jésus et chacun tirant fortement de son côté, le trône obéit et eut exactement la dimension que l’on désirait. Les assistants, voyant ce miracle, furent frappés de stupeur et bénirent Dieu. Ce trône était fabriqué avec un bois qui existait dès le temps de Salomon, fils de David, et qui était remarquable par ses diverses formes et figures.

CHAPITRE XL.

Un autre jour, le Seigneur Jésus alla sur la place et voyant les enfants qui s'étaient réunis pour jouer, il se mêla à eux ; l'ayant aperçu, ils se cachèrent et le Seigneur Jésus alla à la porte d'une maison et demanda à des femmes qui se tenaient debout à l'entrée où ces enfants avaient été. Et comme elles répondirent qu'il n'y en avait aucun dans la maison, le Seigneur Jésus dit : « Qu'est-ce que vous voyez sous cette voûte ? » Elles répondirent que c'étaient des béliers âgés de trois ans et le Seigneur Jésus s'écria : « Sortez, béliers, et venez vers votre pasteur. » Et aussitôt les enfants sortirent, ayant forme de béliers, et ils sautaient autour de lui, et ces femmes ayant vu cela, furent saisies d'effroi Et elles adoraient le Seigneur Jésus, disant : « O Jésus! fils de Marie, notre Seigneur, tu es vraiment le bon Pasteur d'Israël, aie pitié de tes servantes qui sont en ta présence et qui ne doutent pas, Seigneur, que tu ne sois venu pour guérir et non pour perdre. » Ensuite, le Seigneur Jésus ayant répondu que les enfants d'Israël étaient parmi les peuples comme des Éthiopiens, les femmes dirent : « Seigneur, tu connais toutes choses et rien ne t'est caché ; nous te demandons et nous espérons de ta miséricorde que tu voudras bien rendre à ces enfants leur ancienne forme. » Et le Seigneur Jésus dit alors : « Venez, enfants, afin que nous allions jouer. » Et aussitôt, en présence de ces femmes, ces béliers reprirent la figure d'enfants.

chapitre XLI.

Au mois d'Adar (17), Jésus rassembla les enfants et les fit ranger comme étant leur roi ; ils avaient étendu leurs vêtements par terre pour qu'il s'agît dessus, et ils avaient posé sur sa tête une couronne de fleurs, et comme des satellites qui accompagnent un roi, ils s'étaient rangés à sa droite et à sa gauche. Si quelqu'un passait parla, les enfants l'arrêtaient de force et lui disaient : « Viens et adore le roi, afin que tu obtiennes un heureux voyage. »

CHAPITRE XLII.

Sur ces entrefaites arrivèrent des hommes qui portaient un enfant sur une litière. Cet enfant avait été sur la montagne avec ses camarades pour chercher du bois, et, ayant trouvé un nid de perdrix, il y mit la main pour en retirer les œufs, et un serpent caché au milieu du nid le mordit, et il appela ses compagnons à son secours. Quand ils arrivèrent, ils le trouvèrent étendu sur la terre et comme mort, et des gens de sa famille vinrent et ils l’emportaient à la ville et quand ils furent arrivés à l'endroit où le Seigneur Jésus trônait comme un roi, les autres enfants l'entouraient comme étant de sa cour, et ces enfants allèrent au-devant de ceux qui portaient le moribond et leur dirent: « Venet et saluez le roi. » Comme ils ne voulaient point approcher à cause du chagrin qu'ils éprouvaient, les enfants les amenaient de force. Et quand ils furent devant le Seigneur Jésus, il leur demanda pourquoi ils portaient cet enfant ; ils répondirent qu'un serpent l'avait mordu, et le Seigneur Jésus dit aux enfants : « Allons ensemble et tuons ce serpent. » Les parents de l'enfant qui était au moment de trépasser priant les autres enfants de les laisser aller, ceux-ci répondirent ; « N'avez-vous pas entendu ce que le roi a dit : Allons et tuons le serpent, et ne devez-vous pas vous conformer à ses ordres? » Et, malgré leur opposition, ils faisaient rebrousser chemin à la litière. Lorsqu'ils furent arrivés auprès du nid, le Seigneur Jésus dit aux enfants : « N'est-ce pas là que se cache le serpent ?» Et eux ayant répondu oui, le serpent appelé par le Seigneur Jésus, sortit aussitôt et se soumit à lui. Et le Seigneur lui dit : « Va et suce tout le poison que tu as répandu dans les veines de cet enfant. » Le serpent, rampant, reprit alors tout le poison qu'il avait répandu, et le Seigneur l'ayant maudit, il creva aussitôt après et il mourut Et le Seigneur Jésus toucha l'enfant de sa main, et il fut guéri. Et comme il se mettait à pleurer, le Seigneur Jésus lui dit ; « Cesse tes pleurs, tu seras mon disciple (18). » Et cet enfant fut Simon le Cananéen dont il est fait mention dans l'Évangile.

chapitre XLIII.

Un autre jour Joseph avait envoyé son fils Jacques pour ramasser du bois, et le Seigneur Jésus s'était joint à lui comme son compagnon, et quand ils furent arrivés à l'endroit où était le bois et lorsque Jacques se fut mis à en ramasser, voici qu'une vipère le mordit, et il commença à crier et à pleurer. Le Seigneur Jésus le voyant dans cet état, s'approcha de lui et il souffla sur l'endroit où il avait été mordu, et Jacques fut guéri sur-le-champ (19).

CHAPITRE XLIV.

Un jour, le Seigneur Jésus était avec des enfants qui jouaient sur un toit, et l'un de ces enfants vint à se laisser tomber et il expira sur le coup. Les autres enfants s'enfuirent et le Seigneur Jésus demeura seul sur le toit, et les parents du mort étant arrivés, ils dirent au Seigneur Jésus : « C'est toi qui as précipité notre fils du haut du toit. » Et comme il le niait, ils répétèrent encore plus fort : « Notre fils est mort et voici celui qui l'a tué. » Et le Seigneur Jésus répondit : « Ne m'accusez pas d'un crime dont vous ne pouvez apporter aucune preuve; mais demandons à cet enfant lui-même qu'il mette la vérité au grand jour. » Et le Seigneur Jésus descendit et se plaça près de la tête du mort et dit à haute voix : « Zeinon, Zeinon, qui est-ce qui t'a précipité du haut du toit? » Et le mort répondit : « Seigneur, ce n'est pas toi qui as été la cause de ma chute, mais c'est quelqu'un qui m'a fait tomber. » Et le Seigneur ayant recommandé aux assistants de faire attention à ces paroles, tous ceux qui étaient présents louèrent Dieu de ce miracle (20).

chapitre XLV.

Marie avait un jour commandé au Seigneur Jésus d'aller lui chercher de l'eau à un puits. Et lorsqu'il se fut acquitté de cette tâche, la cruche déjà pleine qu'il élevait se brisa. Et le Seigneur Jésus ayant étendu son manteau, porta à sa mère l'eau qu'il y avait recueillie, et elle fut frappée d'admiration, et elle conservait dans son cœur tout ce qu'elle voyait

CHAPITRE XLVI.

Un autre jour, le Seigneur Jésus jouait sur le bord de l'eau avec d'autres enfants, et ils avaient creusé des rigoles pour faire couler l'eau, formant ainsi des petits bassins, et le Seigneur Jésus avait fait avec de la terre douze petits oiseaux et les avait placés autour de son bassin, trois de chaque côté. C'était un jour de sabbat, et le fils d'Hanon, le juif, survenant et les voyant ainsi occupés, leur dit : « Comment pouvez-vous un jour de sabbat, faire des figures avec de la boue ? » Et il se mit à détruire leurs bassins. Et le Seigneur Jésus ayant étendu les mains sur les oiseaux qu'il avait faits, ils s'envolèrent en gazouillant Ensuite lorsque le fils d'Hanon, le juif, s'approcha du bassin qu'avait creusé Jésus, afin de le détruire, l'eau disparut et le Seigneur Jésus lui dit : « Tu vois comme cette eau est séchée; il en sera de même de ta vie. » Et aussitôt l'enfant se dessécha.

chapitre XLVII.

Un autre jour, comme le Seigneur Jésus rentrait le soir au bois avec Joseph, un enfant courant au devant de lui, le choqua avec violence, et le Seigneur Jésus fut presque renversé, et il dit à cet enfant : « Ainsi que tu m'as poussé, tombe et ne te relève pas. » Et à l'instant, l'enfant chut par terre et il expira.

CHAPITRE XLVIII.

Il y avait à Jérusalem un homme, nommé Zachée, qui instruisait la jeunesse. Et il disait à Joseph : « Pourquoi, Joseph, ne m'envoies-tu pas Jésus afin qu'il apprenne les lettres ? » Joseph voulait se conformer à cet avis, et il en convint avec Marie. Ils menèrent donc l'enfant vers le maître, et, aussitôt que celui-ci l'eut vu, il écrivit un alphabet et lui dit de prononcer Aleph. Et quand il l'eut fait, il lui demanda de dire Beth. Le Seigneur Jésus lui dit : « Dis-moi d'abord quelle est la signification de la lettre Aleph, et alors je prononcerai Beth. » Et le maître se disposait à le frapper, mais le Seigneur Jésus se mit à lui expliquer la signification des lettres Aleph et Beth, quelles sont les lettres dont la forme est droite, celles dont elle est oblique, quelles sont celles qui sont doubles, celles qui sont accompagnées de points et celles qui en manquent, et pourquoi telle lettre en précède une autre et il dit beaucoup de choses que le maître n'avait jamais entendues et qu'il n'avait lues en aucun livre. Et le Seigneur Jésus dit au maître : « Fais attention à ce que je vais te dire. » Et il se mit à réciter clairement et distinctement Aleph, Beth, Gimel, Daleth, jusqu'à la fin de l'alphabet. Le maître en fut dans l'admiration, et il dit : « Je crois que cet enfant est né avant Noé ; » et, se tournant vers Joseph, il ajouta : « Tu m'as conduit, pour que je l'instruise, un enfant qui en sait plus que tous les docteurs. » Et il dit à Marie : « Ton fils n'a nul besoin de notre enseignement. »

chapitre XLIX.

Ils le conduisirent ensuite à un maître plus savant, et aussitôt qu'il l'eut aperçu : « Dis Aleph », lui demanda-t-il. Et lorsqu'il eut dit Aleph, le maître lui prescrivit de prononcer Beth. Et le Seigneur Jésus lui répondit : « Dis-moi la signification de la lettre Aleph, et alors je prononcerai Beth. » Le maître irrité leva la main pour le frapper, et aussitôt sa main se dessécha et il mourut Alors Joseph dit à Marie : « Dorénavant il ne faudra plus laisser l'enfant sortir de la maison, car quiconque s'oppose à lui, est frappé de mort »

chapitre L.

Lorsqu'il eut atteint l'âge de douze ans, ils le conduisent à Jérusalem à l'époque de la fête, et la fête étant finie, ils s'en retournèrent, mais le Seigneur Jésus resta dans le temple, parmi les docteurs et les vieillards et les savants des fils d'Israël, qu'il interrogeait sur différents points de la science, et, à son tour, il leur répondait, et il leur demanda : « De qui le Messie est-il fils? » Et ils répondirent : « Il est le fils de David. » Jésus répondit : « Pourquoi donc David, mu par l'Esprit-Saint, l’appelle-t-il son Seigneur, lorsqu'il dit : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : « Assied-toi à ma droite pour que je mette tes ennemis sous tes pieds. » Alors un des chefs des docteurs l'interrogea, disant : « As-tu lu les livres Saints? » Le Seigneur Jésus répondit : « J'ai lu les livres et ce qu'ils contiennent, » et il leur expliquait l'écriture, la loi, les préceptes, les statuts, les mystères qui sont contenus dans les livres des prophéties, chose que l'intelligence de nulle créature ne peut comprendre. Et ce chef des docteurs dit : « Je n'ai jamais vu ni entendu une pareille instruction ; qui pensez-vous que cet enfant puisse être? »

chapitre LI.

Il se trouva là un philosophe savant dans l'astronomie, et il demanda au Seigneur Jésus, s'il avait étudié la science des astres. Et Jésus lui répondant exposait le nombre des sphères et des corps célestes, leur nature et leurs oppositions, leur aspect trine, quadrat et sextile, leur progression et leur mouvement rétrograde, le comput et la prognostication et autres choses que la raison d'aucun homme n'a scrutées.

chapitre LII.

Il y avait aussi parmi eux un philosophe très savant en médecine et dans les sciences naturelles, et lorsqu'il demanda au Seigneur Jésus s'il avait étudié la médecine, celui-ci lui exposa la physique, la métaphysique, l'hyperphysique et l'hypophysique, les vertus du corps et les humeurs et leurs effets, le nombre des membres et des os, des urines, des artères et des nerfs, les divers tempéraments, chaud et sec, froid et humide, et quels sont leurs résultats; quelles sont les opérations de l'âme dans le corps, ses sensations et ses vertus, les facultés de la parole, de la colère, du désir, la congrégation et la dispersion et d'autres choses que l'intelligence d'aucune créature n'a pu saisir. Alors ce philosophe se leva et il adora le Seigneur Jésus en disant : « Seigneur, désormais je serai ton disciple et ton serviteur. »

chapitre LIII.

Et tandis qu'ils parlaient ainsi, Marie survint avec Joseph, et depuis trois jours elle cherchait Jésus; le voyant assis parmi lés docteurs, les interrogeant et leur répondant alternativement, elle lui dit : « Mon fils, pourquoi en as-tu ainsi agi à notre égard ? ton père et moi nous t'avons cherché, nous donnant beaucoup de peine. » Il répondit : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu'il convenait que je demeurasse dans la maison de mon père ? » Mais ils ne comprenaient pas les paroles qu'il leur adressait. Alors les docteurs demandèrent à Marie s'il était son fils, et, elle ayant répondu que oui, ils s'écrièrent : « O heureuse Marie, qui as enfanté un tel enfant » Il revint avec eux à Nazareth, et il leur était soumis en toutes choses. Et sa mère conservait toutes ces paroles dans son cœur. Et le Seigneur Jésus profitait en taille, en sagesse et en grâce devant Dieu et devant les hommes.

Chapitre LIV.

Il commença dès ce jour à cacher ses miracles, ses secrets et ses mystères, jusqu'à ce qu'il eut accompli sa trentième année, lorsque son père révéla publiquement sa mission aux bords du Jourdain, une voix venue du ciel ayant fait entendre ces mots : « C'est mon fils bien-aimé dans lequel j'ai mis toute ma complaisance, » et le Saint-Esprit ayant apparu sous la forme d'une colombe blanche,

CHAPITRE LV.

C'est lui que nous adorons humblement, car il nous a donné l'existence et la vie, et il nous a fait sortir des entrailles de nos mères ; il a pris pour nous le corps de l'homme, et il nous a rachetés, nous couvrant de sa miséricorde éternelle, et nous accordant sa grâce par son amour pour nous et par sa bonté. A lui la gloire, puissance, louange et domination dans les siècles éternels. Ainsi soit-il.

 

 

Fin de l'Évangile de l'Enfance tout entier,

avec l'assistance du Dieu suprême, suivant ce que nous trouvons.


 

NOTES.

(1) La bibliothèque du Vatican, celle du Roi à Paris, renferment divers manuscrits de l'Évangile de l'Enfance en arabe ou en syriaque.

(2) Ces ouvrages sont peu connus et fort rares, les Juifs les avait, dans la crainte de s'attirer des persécutions, soustraits avec un soin extrême, aux regards des chrétiens. Le savant orientaliste J.-B. de Rossi a mis au jour à Parme, en 1800, une Bibliotheca judaica anti-christiana, volume in-8° fort curieux. J. C. Wagenseil avait déjà réuni quelques-uns de ces écrits sous le titre de Tela ignea Satanœ, Altdorfi, 1681, 2 vol. fol 4°; il a compris dans cette collection le Toldos Jeschu, œuvre dictée par une haine aveugle, et écrit supérieur en importance au Sefir Toledoch Jescuah, dont nous parlons dans une des notes qui vont suivre.

Voici une légende extraite d'un de ces livres si peu lus aujourd'hui. Jésus, Pierre et Judas, étant dans le désert, s'égarèrent, et ayant trouvé un berger couché sur la terre, ils lui demandèrent quelle route ils devaient suivre. Celui-ci poussa la paresse jusqu'à ne pas se lever; il se borna à étendre le pied du côté où il fallait se diriger. Peu après, ils rencontrèrent une bergère, et, lui ayant adressé pareilles questions, celle-ci les mena avec empressement jusqu'à un endroit où ils n'avaient plus qu'à suivre la bonne voie. Pierre pria Jésus de récompenser celle qui leur avait ainsi rendu service, et Jésus la bénit, lui dit qu'elle épouserait le berger nonchalant. Pierre ayant alors témoigné de ta surprise, le Seigneur dit : « Une femme aussi active sauvera un mari aussi paresseux et qui serait bientôt perdu par sa fainéantise. Car je suis le Dieu compatissant qui règle les mariages d'après les œuvres des hommes. »

(3) On lit dans le Coran (ch. xii, v. 1647) « Parle de Marie, comme elle se retira de sa famille, et alla du côté de l'est. Elle se couvrit d'un voile qui la déroba aux regards. Nous envoyâmes vers elle notre Esprit. Il prit devant elle la forme d'un homme, d'une figure parfaite. »

Un auteur arabe qui s'est fort occupé de recueillir les légendes orientales au sujet des événements que racontent les Évangiles, Kessaeus narre en ces termes les circonstances de l'accouchement de Marie : « Lorsque le moment de sa délivrance approcha, elle sortit au milieu de la nuit de la maison de Zacharie, et elle s'achemina hors de Jérusalem. Et elle vit un palmier desséché, et lorsque Marie se fut assise au pied de cet arbre, aussitôt il refleurit et se couvrit de feuilles et de verdure et il porta une grande abondance de fruits par l'opération delà puissance de Dieu. Et Dieu fit surgir à côté une source d'eau vive, et lorsque les douleurs de l'enfantement tourmentaient Marie, elle serrait étroitement le palmier de ses mains. »

Il existe un travail d'un savant d'outre-Rhin, Schmidt, sur.les légendes extraites du Coran, et qui se rapportent au Sauveur : Sagen von Jesu aus der Coran, il est inséré dans la Bibliothèque pour la critique et l’exégèse du Nouveau-Testament et l’ancienne Histoire de l’Église, 1796, II, p. 110.

(4) Selon Bède, Aymon et quelques autres écrivains, les bergers qui virent le Sauveur dans l’étable étaient au nombre de trois; ailleurs on lit qu'ils étaient quatre et qu'ils se nommaient Misaël, Achèel, Stéphane et Cyriaque.

(5) Zeradascht ou Zoroastre. Des écrivains orientaux représentent ce personnage célèbre comme ayant été le disciple du prophète Elie. On peut consulter à son égard le savant article fort étendu (66 colonnes) que M. Parisot lui a consacré dans le 52e volume de la Biographie universelle, ainsi que la dissertation de Norberg de Zoroastre Bactriano dans ses Opuscula, t. ii, p. 579-590.

(6) Ce qui se rapporte à l'apparition miraculeuse de l'étoile qui guida les Mages a soulevé parmi les interprètes une foule de difficultés et de discussions que nous nous garderons d'aborder ici. Le savant Münter a publié à Copenhague, en 1827, sur cette question, un traité des plus érudits : Die Stern der Weisen, 4°. Il paraît que des légendes apocryphes, aujourd'hui perdues, racontaient que l'étoile avait la forme d'un petit enfant, ayant au-dessus de lui l'apparence d'une croix, et qu'il avait parlé aux Mages. Beaucoup de circonstances des plus étranges à cet égard se rencontrent dans une Narratio de iis quœ Christo nato in Persia accederunt, ouvrage que certains manuscrits attribuent, mais à tort, à Jules l'Africain. Le baron d'Aretin, zélé bibliographe bavarois, a publié cet écrit dans ses Beytruge zur Geschichte and Literatur. (iv, 49). Et le docteur anglican Routa l’a reproduit dans ses Reliquiœ sacras (ii, 355).

(8) La croyance à des maléfices du genre de ceux dont il s’agit dans ce chapitre, remonte à une haute antiquité. Nous lisons dans le recueil des arrêts de Robert, 1624, p. 462. « Hérodote rapporte que le roi Amasis longtemps se monstra ne pouvoir rien faire avec sa femme Laodice, ce qui fut par charmes et sortilège (et p. 564), « Théodorus ayant pris pour femme Hermemberga, ne put jamais la déflorer, estant empesché de ce faire par les charmes et enchantement de ses maîtresses et concubines. Grégoire de Tours (lib. xx, ch. ii), dit qu'Eulalien tira hors du monastère de Lyon une fille, mais ses concubines, d'envie qu'elles eurent pour ses charmes lui firent perdre tout sentiment. »

Au moyen-âge et jusqu'au xviie siècle, les procès pour pareil délit ne sont point rares. Nous indiquerons seulement celui d'Arnaud Hutis, abbé de Vézelay, accusé d'avoir empêché, par magie, le comte de Flandre, de connaître son épouse. La comtesse déclara elle-même dans les interrogatoires qu'elle avait consenti au sortilège, à condition que l'empêchement ne durerait pas plus de deux ou trois jours. Elle déposa au greffe criminel un petit drapelet et du fil blanc dans lequel toute la puissance magique était contenue. (Mayer, Gâterie philosophique du xvie siècle, 1783, t. ii, p. 234). Un jurisconsulte fort en renom de son temps, Damhoudère, veut que le coupable soit brûlé vif : « Quiconque tue quelqu'un par sorcerie ou incantation, c'est-à-dire par enchantement, il est à punir par le feu, comme est aussi celui qui, par sorcerie, fait que l'homme et la femme ne font génération, ou empesche que la femme ne fait enfants, et fait sécher le lait de la femme ou nourrice. » ( Pratique judiciaire, Paris, 1555, 8°, p. 78). Nonobstant cette sévérité, il ne manquait pas d'écrivains qui consignaient dans leurs ouvrages les moyens les plus efficaces pour troubler ainsi les ménages. D'après Arnauld de Villeneuve, il faut, pour rendre un mari impuissant, placer sous son lit des testicules de coq ou de lion, tracer sur le lit certains caractères avec du sang de chauve-souris. Cet auteur affirme également que le cœur d’un vautour, rend l'homme qui le porte, aimable auprès des femmes, gratum mulieribus.( Hoeffer, Histoire de la chimie, t. I, p. 392). Des écrivains, fort judicieux d'ailleurs, n'ont point révoqué en doute la réalité de cet enchantement ; il n'y a qu’à lire dans le Traité des monstres d'Ambroise Paré, le chap. xxxiv, des noueurs d'esguillettes, et au chap. xxiii, cet illustre chirurgien s'exprime ainsi : « Il y en a qui rendent par leurs sorcelleries les hommes si mal habiles à sacrifier à madame Vénus, que les pauvres femmes qui en ont bien affaire, pensent qu'ils soient chastrez et plus que chastrez. » Il existe des traités spéciaux. Traité de l'enchantement qu'on appelle vulgairement le nouement de l'esguillette, la Rochelle, 1591.[1] Discours pour savoir si on peut nouer l'aguillette, et comme on la peut desnouer, sans date.[2] Consulter pour des détails plus étendus.

Bouchet, cinquième série, Joubert, Erreurw populaires, liv. II, chap. 3, Delrio, Controverses et recherches magiques, 1611, p. 411-416, Dulaure, des Divinités génératrices. 1825, p. 188, etc.

(9) Ces deux voleurs portent dans l'Evangile de Nicodème les noms de Dimas et de Gestas ; dans les Collectanea vulgairement attribués à Bède, ils s'appellent Matha et Joca ; et dans une histoire de J.-C que nous avons déjà indiquée, qui a été écrite en persan par le jésuite Jérôme-Xavier, que Louis de Dieu a traduite en raccompagnant de notes acerbes, et que les Elzevira ont imprimée en 1639, ils sont désignés sous les noms de Lustin et de Vissimus. Selon les légendaires crédules du moyen-âge, ce fut celui des larrons sur lequel porta l'ombre du corps du Sauveur qui se convertit. Le cardinal Pierre Damien, mort en 1072, attribue sa conversion à une prière de la Vierge, qui reconnut en lui un de ceux entre les mains desquels elle était tombée en allant en Egypte.

(10) Rapportons ici un passage du Voyage au Levant de Thévenot (l. II, c. 8, tom. i, p. 265, édit. de 1665) : « Dans un grand jardin, près du Caire, il y a un gros sycomore fort vieux qui porte toutefois du fruit tous les ans ; on dit que la Vierge, passant par là avec son Fils Jésus et voyant que des gens la poursuivaient, ce figuier s'ouvrit, et la Vierge étant entrée dedans, il se referma ; puis, ces gens étant passés, il se rouvrit et resta toujours ainsi ouvert jusqu'à l’année 1656, que le morceau qui s'était séparé du tronc fut rompu. » Denon (Voyage en Egypte, t. I, p. 65, édit. de 1802) mentionne des portes d'édifices arabes qui peuvent donner la mesure de l’indestructibilité du bois de sycomore; il est resté dans son entier, tandis que le fer dont ces portes étaient revêtues a cédé au temps et a disparu complètement

(11) Voici ce qu'à cet égard on lit dans l’Histoire en persan que nous venons de mentionner : « Il reste un écrit que, lorsque les habitants de ce pays voulaient accroître ce jardin, ils y plantèrent beaucoup de ces arbres qui donnent le baume, mais ces arbres ne portèrent aucun fruit ; ils eurent alors ridée que cette stérilité cesserait si ces arbres étaient arrosés dans l'eau dans laquelle Jésus s'était baigné ou qui avait lavé ses vêtements. Ils amenèrent ainsi le ruisseau de ce jardin jusqu'au ruisseau qui s'écoulait de la fontaine de Jésus-Christ, et des deux ruisseaux l’on n'en fit qu'un. Et il advint que toutes les terres qui furent arrosées de ces eaux produisirent le fruit qui donne le baume. »

(12) Kessaeus ajoute au récit de la fuite en Egypte des circonstances puériles, mais que l'amour du merveilleux faisait circuler de bouche en bouche dans tout l'Orient.

« Ils se mirent à aller de ville en ville. Et Joseph vit sur la route un grand lion qui se tenait à l'embranchement de deux chemins, et, comme ils en avaient peur, Jésus s'adressa au lion et lui dit : Ce taureau, que tu songes à déchirer, appartient à un homme pauvre; va en un tel endroit et tu y trouveras le cadavre d'un chameau; dévore-le. Le lion alla vers le chameau et le dévora. »

« Ils allèrent ensuite à une multitude d'hommes assemblés et Jésus leur dit : Voulez-vous que je vous dise pourquoi vous êtes ici réunis ? Votre intention est d'entrer dans le palais du roi et de le piller; mais n’en faites rien, car ce monarque est un homme pieux; suivez-moi, et je vais vous montrer un trésor dont le propriétaire a accompli hier son dernier jour. Ils le suivirent, et lorsqu'ils furent arrivés auprès d'un rocher, Jésus leur dit : « Creusez là. » Et lorsqu'ils eurent creusé, ils trouvèrent une grosse somme d'argent et ils la partagèrent entre eux. »

« Jésus, étant parti avec ceux qui étaient avec lui, vint dans une ville où il y avait un roi, et les habitants de cette ville étaient rassemblés devant une idole à laquelle ils adressaient des supplications en versant des larmes. Jésus leur ayant demandé ce qu'ils avaient à agir ainsi, ils répondirent : « La femme du roi est en mal d’enfant et ses couches sont accompagnées de grandes souffrances et de périls, j» Jésus répondit : « Allez vers le roi et dites-lui que si je pose la main sur le ventre de sa femme, elle sera aussitôt délivrée. » Quand cela eut été rapporté au roi, il ordonna d'introduire Jésus auprès de lui, et Jésus dit : « O roi, si, avant que cette femme n'accouche, je t'annonce ce qu'elle va enfanter, croiras-tu en mon Seigneur qui m'a créé sans que j'aie eu de père? » Le roi ayant répondu oui, Jésus dit : « Elle va mettre au monde un enfant d'une grande beauté dont une oreille sera plus longue que l'autre, et sur l'une de ses joues il y aura un signe noir et sur son dos un autre de même couleur. » Puis, ayant étendu la main vers le ventre de la femme, il dit : « Sors, embryon, par la volonté de Dieu suprême qui a créé toutes choses et qui fournit à toutes ses créatures une nourriture abondante. » La femme ayant mis au monde un enfant tel que Jésus l'avait annoncé, le roi voulait croire en Dieu, mais ses conseillers l'en détournèrent, en lui disant que tout cela était l'œuvre de la magie. Dieu suscita alors contre eux un grand orage venant du ciel avec un horrible fracas, et ils prirent tous la fuite. »

(13) Nous relaterons au sujet de Judas un petit conte qui se trouve dans l’Historia de Jeschuœ Nazeroni, (édit d'Hulrich, Leyde, 1705, 8° p. 51), ouvrage d'un écrivain juif.

Jésus accompagné de Pierre et de Judas, s'arrêta un jour dans une hôtellerie; l'hôte n'avait qu'une oie à leur offrir. Jésus la prit et lui dit : « Cette oie est trop petite pour que trois personnes puissent la manger, allons dormir, et celui qui aura fait le meilleur rêve, la mangera seul. Ils allèrent se coucher, et au milieu de la nuit, Judas se leva, et il dévora l'oie. Le malin ils se réunirent et Pierre dit : Je me suis vu en songe au pied du trône de Dieu, le tout-puissant. Jésus répondit : Je suis le fils de Dieu tout-puissant, et j'ai rêvé que tu étais assis près de moi. Mon songe a donc été supérieur au tien, et c'est à moi qu'il appartient de manger l'oie. Judas dit alors : Et moi j'ai en songe mangé l'oie. Et Jésus chercha l'oie : mais inutilement, car Judas l'avait dévorée. »

On peut consulter à l'égard du livre qui nous fournit cette historiette la curieuse Biblioteca Judaica anti-christiana de Rossi, n° 162. (Parme, 1800, 8°). Cette Historia ou Sephèr Toledoto Jescuah annotzeri est d'ailleurs un livre rare, et son auteur, demeuré inconnu, a vraiment trop peu d'importance pour mériter les épithètes outrageantes qu'entasse sur lui son éditeur; en voici un échantillon : Certissimum est et sole meridiano clarius vanissimum illum hominem fuisse, bipedum nequissimum, trifurciferum sceleribus coopertissimum, satorem sertoremque scelerum et messorem maximum, mendacissimum inferni expurgamentum, Acherontis gloriam, etc.

Quant aux légendes relatives à Judas Iscariote, un savant dont nous avons déjà cité les remarquables travaux, M. E. du Méril a traité ce sujet dans ses Poésies populaires latines du moyen-âge, p. 324-340. On a prétendu que Judas était sauvé, l’on est allé jusqu'à rechercher pieusement ses reliques ; voyez Gœsius, de cultu Judae proditoris, (Lubeck, 1713, 4°).

M. du Méril indique comme présentant certains rapports avec la légende de Judas le poème d'Hertmann.van der Aue, Gregorius uf dem Steine. Cette composition de 3752 vers, fut publiée pour la première fois par C. Grieth dans son Spicilegium vaticanum, (Prauonfeld, 1338, 8°, p. 180-303; voir les Wienner Iahrbucher, 1840, t. lxxxix, p. 61-74); M. Carl Luchmann en a donné une édition spéciale, (Berlin, 1838, 8°).

(14) On lit dans le Coran (chap. III, v. 43) : « Jésus sera l'envoyé de Dieu auprès des enfants d'Israël. Il leur dira : « Je viens vers vous accompagné des signes du Seigneur ; je formerai de boue la figure d'un oiseau, je soufflerai dessus, et par la permission de Dieu l'oiseau sera vivant; je vous dirai ce que vous aurez mangé et ce que vous aurez caché dans vos maisons. »

» Dieu dira à Jésus, Fils de Marie : « Souviens-toi des bienfaits que j'ai répandus sur toi et sur ta Mère lorsque je t'ai fortifié par l'esprit de sainteté, afin que tu parles aux hommes, enfant au berceau et à l'âge plus avancé. — Je t'ai enseigné l'Écriture, la Sagesse, le Pentateuque et l'Évangile; tu formas de boue la figure d'un oiseau par ma permission ; ton souffle l'anima par ma permission. »

Kessaeus s'exprime ainsi de son côté : « Alors le peuple disait : « C'est de la magie; fais-nous voir un autre signe. » Et Jésus disait : « Que désirez-vous? » Ils répondaient: « Indique-nous ce que nous avons déposé et ce que nous devons manger dans nos maisons. » Et quand il le leur eut dit, comme ils ne croyaient pas, il s'en alla, et, le lendemain, comme il revint parmi eux, ils disaient : «Voici que ce magicien est de retour! Jésus, les entendant, en fut courroucé, et il dit : « O Dieu, tu sais qu'ils m'accusent de maléfice, ainsi que ma Mère ; punis-les donc ainsi qu'ils le méritent. » Alors Dieu les changea en porcs, et, après qu'ils eurent vécu trois jours, ils moururent. Lorsque cela fut divulgué parmi les Juifs, ils voulurent tuer Jésus, mais ils ne le purent »

(15) Ce miracle est connu des Persans, ainsi que nous rapprend un passage du Lexicon persicum d'Ange de la Brosse (Août, 1664, in fol.), au mot Tinctorius ars : « Il est relaté dans un livre apocryphe des Perses, intitulé L’Enfance de Jésus-Christ, que le Sauveur a exercé le métier de teinturier, et qu'avec une seule teinture, il donnait aux étoffes diverses couleurs. C'est pourquoi, chez les Persans il est vénéré des teinturiers comme leur patron, et une maison de teinturier s'appelle la boutique du Christ. » D'autre part, on lit dans Kessaeus le passage suivant : « Et Marie forma le projet de le remettre aux mains d'un maître qui lui apprendrait le métier qu'il savait exercer. Elle le conduisit donc à un teinturier, et elle lui dit : « Reçois cet enfant et instruis-le dans ta profession. » Le teinturier l'accueillit et lui dit : « Quel est ton nom? » Et il répondit : « Mon nom est Isa ibn Mariam (Jésus, Fils de Marie). » Et il lui dit : « O Isa, prends une cruche, et, après que tu auras été à la rivière la remplir d'eau, remplis tous ces réservoirs, et prends ces matières colorantes » Il lui fit ensuite l’énumération des teintures qu'il préparait dans les réservoirs et des couleurs dont il imprégnait les vêtements, et, l'ayant quitté, il se retira dans sa chambre. Jésus, venant aux réservoirs, les remplit d'eau, et il jeta dans un seul toutes les substances colorantes, et il jeta tous les habits dessus, et il s'en retourna auprès de sa mère» Le lendemain, te teinturier étant venu, et ayant vu ce qu'avait mit Jésus, il lui donna un soufflet, en lui disant : « O Isa, tu m'as perdu et tu as gâté tout ces vêtements. » Isa lui dit : « Que cela ne te trouble point, mais dis-moi quelle est ta religion ? » Et le teinturier répondit : « Je suis juif. » Isa répliqua : « Dis : il n'y a point d'autre Dieu que Dieu, et Isa est renvoyé de Dieu ; étends la main et retire tous ces vêtements et chacun d'eux sera imprégné de la couleur que désirait le propriétaire. » Le teinturier crut en Dieu et en Isa, et il rendit à chacun set habits teints ainsi qu'il lui avait été prescrit, et il persista dans la foi d'Isa, sur lequel paix et bénédiction. »

(16) Il y avait diverses sortes de spithames; la plus usitée de ces mesures correspondait à la moitié de la coudée grecque.

(17) Le mois d'Adar était le douzième de l’année hébraïque ; il correspondait partie au mois de février, partie à celui de mars,

(18) Kessaeus rapporte ainsi les noms des douze disciples Siméon, Luc, Pierre, Thomas, Mathieu, Jean, Jacques, Jonas, Georges, Nannus, Noncin et Paul. Jésus étant sur le rivage de la mer, vit des hommes qui exerçaient le métier de foulons (le mot arabe correspond à fullones vestium dealbatores) et il leur dit : « Quoi ! vous nettoyez ces vêtements et vous n'en faites pas de même de vos cœurs. » Donc ils crurent en lui et ils furent les témoins de sa prophétie. »

(19) Parmi divers récits du même genre qui se rencontrent chez Kessaeus, nous choisirons celui auquel il donne pour titre : Histoire d'un aveugle et d'un boiteuse. « Waheb Ibn-El Mamba (auquel Dieu soit propice) dit : « Ceci est aussi un des miracles de Jésus. Un voleur entra dans le logis de Dahcan où demeuraient Marie et Joseph, et il emporta tout ce qui s'y trouvait. Dahcan, très affligé, dit à Jésus : « Apprends-moi quel est celui qui m'a dérobé ma propriété. » Jésus répondit : « Fais réunir devant moi tous les gens de ta maison. » Lorsque cela fut fait, Jésus dit: « Où est l'aveugle un tel et où est le boiteux? » Et lorsqu'ils eurent été amenés devant lui, Jésus dit : « Voie ! les deux voleurs qui t'ont dépouillé de tous tes biens. » Et le peuple étant frappé de surprise, Jésus dit : « Ce boiteux a été aidé des forces de l'aveugle et l'aveugle a été secondé par les yeux du boiteux; l'un tenait de sa main une corde par la fenêtre, tandis que l'autre allait chercher les objets volés et le lui apportait. » Pococke rapporte un apologue à peu près semblable d'un aveugle et d'un boiteux, apologue que, suivant le livre Kenzi al Asrar, Dieu doit proposer aux hommes au jour du jugement dernier, lorsque le corps et l'âme rejetteront mutuellement l'un sur l'autre le blâme de tous leurs péchés. Empruntons encore à Kessaeus quelques circonstances qui se rattachent au miracle raconté dans le chapitre XXIX de la légende que nous traduisons; après avoir raconté que Moïse avait marché aussitôt sa naissance, qu'il avait dit à sa mère : « Ma mère, ne sois pas inquiète de moi, car Dieu est avec nous. » Que, cette même nuit, on avait entendu dans le palais de Pharaon une voix qui s'écriait : « Moïse est né et te souverain de l'Egypte a péri. » L'écrivain arabe ajoute que toutes les idoles de l'Egypte, tombant sur la face, se brisèrent aussitôt, et il poursuit en ces termes : « Sa mère, toutes les fois qu'elle sortait de chez elle pour ses occupations, le cachait dans un four dont elle bouchait l'orifice, afin de le dérober à tous les yeux. Un jour qu'elle était sortie après l'avoir mis dans le four, sa sœur, qui avait été chercher de la farine, alluma le feu afin de chauffer le four, car elle ignorait que Moïse s'y trouvait Quand la mère de Moïse revint, elle fut presque morte de frayeur et elle s'écria : « Mon fils est dans le four ! » Et voyant que le four était tout embrasé, elle se frappa le visage et dit : « La prudence ne peut rien contre la destinée ; vous avez brûlé mon fils ! » Alors Moïse lui crie du milieu du four: « Ma mère, ne crains rien ; Dieu m'a préservé du feu ; étends les mains et retire-moi des flammes ; Dieu ne permettra pas qu'elles te fassent plus de mal qu'à moi. » Et sa mère le fit, et le feu ne la toucha point »

(20) Kessaeus rapporte un peu différemment cette fable : Jésus croissait admirablement en âge, et un certain jour, comme il jouait avec des enfants, un de ces enfants sauta sur le dos d'un autre, et s'y tint comme à cheval, et l'ayant fait tomber avec le pied, il le tua. Les parents du mort accoururent et se saisissant des enfants parmi lesquels était Jésus, ils les menèrent devant le juge. Marie vint aussi, craignant pour son fils. Et le juge demanda : « Qui est-ce qui a tué cet enfant ?» Et ils répondirent : « C'est Jésus qui l'a tué. » Alors le juge dit : « Pourquoi l'as-tu tué ? » Alors Jésus dit : « O juge, je vois que tu es un homme insensé ; tu devais d'abord l'enquérir si c'est moi qui l'ai tué ou non. » Le juge dit : « Je vois que tu es accompli de sagesse, mais quel est ton nom? » Et il répondit : « Je m'appelle Jésus, fils de Marie. » Le juge dit alors : « Pourquoi l'as-tu tué, ô Jésus? » Jésus répondit : « Ne t'ai-je pas déjà prévenu de ne point parler ainsi? » Ensuite Jésus s'approchant du mort, lui dit : « Lève-toi, par la permission de Dieu. » Et lorsqu'il se fut levé, il lui demanda : « Qui est-ce qui t'a fait périr? » Et le mort répondit : « C'est un tel qui m'a fait périr, mais Jésus n'a rien commis contre moi. » Et le mort retomba sans mouvement, et ils firent mourir à sa place l'enfant qui était cause de son trépas. »

Dénouement conforme à la loi du talion, toujours en vigueur dans l'Orient


 

[1] L’épître dédicatoire est signé L. H. H. M. L’E. Un bel exemplaire de ce volume rare a été payé 50 francs à la verte de M. Nodier, en 1844.

[2] Un exemplaire de cet opuscule devenu introuvable, fait partie d’un recueil curieux porté au catalogue de la bibliothèque de M. Leber (n° 2503), Bibliothèque qui a été acquise en totalité par la ville de Rouen.