Cicéron, Fragments

CICÉRON

ŒUVRES COMPLÈTES DE CICÉRON AVEC LA TRADUCTION EN FRANÇAIS PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE M. NISARD DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE; INSPECTEUR GÉNÉRAL DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR - TOME QUATRIÈME - PARIS - CHEZ FIRMIN DIDOT FRÈRES, FILS ET Cie. LIBRAIRES - IMPRIMERIE DE L'INSTITUT DE FRANCE - RUE JACOB, 56 - M DCCC LXIX

NOTES DE LA TRADUCTION DES PHÉNOMÈNES D'ARATUS.

Oeuvre numérisée et mise en page par Patrick Hoffman

fragments sur les phénomènes d'Aratus - de la demande du consulat

ŒUVRES

COMPLÈTES



DE CICÉRON,


AVEC LA TRADUCTION EN FRANÇAIS,

PUBLIÉES

SOUS LA DIRECTION DE M. NISARD,

DE L'ACADÉMIE

INSPECTEUR GÉNÉRAL DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
 

TOME QUATRIEME






PARIS,


CHEZ FIRMIN DIDOT FRERES, FILS ET Cie, LIBRAIRES,
IMPRIMEURS DE L'INSTITUT DE FRANCE

RUE JACOB,  .

M DCCC LXIV

 641 NOTES DE LA TRADUCTION DES PHÉNOMÈNES D'ARATUS.

Le texte suivi de cette traduction, qu'Alde Manuce a publié le premier, commence au milieu de la description du Bélier.

Vers 1. Hunc... fultum. Il s'agit ici du Bélier, dont les cornes ne sont point obscures, comme le dit Aratus, (αὐτὸς μὲν νωθὴς καὶ ἀνάστερος); l'une est une étoile de la 2ême grandeur; l'autre de la 3ême.

V. 3. Chelœ. Les serres ou les pinces du Scorpion, qui forment aujourd'hui la Balance; mais ce dernier nom ne se trouve nulle part dans Aratus.

Pectus.... Orionis. Orion est une des plus grandes et la plus brillante des constellations qui paraissent sur notre horizon. Ses épaules, ses pieds sont marqués par les étoiles de la 1ère et de la 2ème grandeur. Trois belles étoiles, connues du peuple sous le nom des trois Rois, forment son baudrier, etc.

V. 5. Deltoton. C'est la lettre Δ, delta. Le Triangle n'a rien d'éclatant; ses étoiles ne sont que de la 4ème grandeur.

V. 12. Pisces. Le Poisson boréal décline plus vers le nord que le Bélier; Hipparque a fait depuis longtemps cette remarque critique. Mais il serait inutile de détailler ici les erreurs de ce genre qu'il a relevées dans Aratus.

V. 17. Nodum. Le Nœud céleste est une étoile de la 3ème grandeur; on l'appelle encore aujourd'hui le Nœud des Poissons.

V. 18. Andromedœ lœvo. Andromède a trois étoiles de la 2ème grandeur, une à la tête, une à la ceinture, la 3ème aux pieds; une de la 3ème grandeur à l'épaule gauche, etc.

V. 20. Persea vises. Persée a deux étoiles de la 2ème grandeur, son côté et la tête de Méduse, et plusieurs de la 3ème.

V. 23. Cassiopeœ. Cette constellation a quatre ou cinq étoiles de 3ème grandeur. Persée, sauveur d' Andromède et son époux, est placé au-dessous de Cassiopée, et dans la Voie lactée.

V. 28. Parvas Vergilias. Les Pléiades forment, au-dessus des épaules du Taureau, et près du genou gauche de Persée, un amas d'étoiles connues du peuple sous le nom de la Poussinière. Les anciens n'en comptaient que six ou sept. Le télescope en a fait distinguer plus de soixante.

V. 42. Inde Fides. La Lyre a une très-belle étoile de la 1ère grandeur.

V. 45. Ad lœvum Nixi. Cette constellation, appelée par les Grecs Ἐγγόνασις, et qui depuis a reçu le nom d'Hercule, n'a que deux étoiles de la 3ème grandeur.

V. 50. Nec claris lucibus ardet. Ceci n'est pas exact, quoique Cicéron ait exactement rendu le texte d'Aratus. Le Cygne contient une forte belle étoile de la 2ème grandeur, et cinq ou six de la 3ème. Il est d'ailleurs dans toute son étendue assez garni d'étoiles. Aussi Hipparque n'a pas manqué de relever l'erreur d'Aratus.

V. 52. Dextram Cephei. Céphée est peu brillant; on lui donne trois étoiles de la troisième grandeur.

V. 55. Equus ille. Voyez le commencement de la description du Cheval (Pégase), au livre ii, 4.1, de Natura Deor. Le Cheval a trois autres étoiles qui, avec la tête d'Andromède, forment un carré qu'on nomme le carré de Pégase; elles sont toutes de la 2ème grandeur. La bouche de Pégase n'est que de la 3ème, mais elle est une des belles étoiles de cette classe.

V. 56 ,59. Aquari... Capricornus. Le Verseau et le Capricorne ont quelques étoiles de la troisième grandeur.

V. 59. Corpore semifero. Cette épithète semifero n'a dans Aratus aucune expression qui lui réponde; et, pour la rendre fidèlement, il faudrait traduire, dont le corps est à. moitié celui d'une bêle sauvage. Le Capricorne est moitié bouc et moitié poisson, et par conséquent moitié animal domestique et moitié animal sauvage. «Nous empruntons, dit Pingre, cette interprétation de l'anonyme cité par d'Olivet, et nous ne voyons pas qu'on en puisse donner une meilleure. Nous en concluons, ajoute-t-il, contre Bentley, que, suivant Cicéron et Manilius, v. 189, les Poissons peuvent être appelés ferœ

V. 73. Sagittipotens. Le Sagittaire a un assez grand nombre d'étoiles de la 3ème grandeur. Les anciens rapportaient au second ordre les deux étoiles de la jambe gauche antérieure, mais elles ne sont à présent que du quatrième. Dirons-nous que les anciens se sont trompés, ou mettrons-nous ces deux étoiles au nombre de celles dont l'éclat a sensiblement varié? Elles ne peuvent être observées à Paris.

V. 77. Scorpius. Voyez la note du vers 421.

V. 79. Arcti.... minoris. Les Grecs se dirigeaient en mer sur Hélicé ou la Grande-Ourse, et les Phéniciens sur la petite ou Cynosure. La Grande-Ourse, indépendamment de sept belles étoiles, six de la 2ème grandeur et une de la 3ème, en a encore aux pattes plusieurs du troisième rang; la Petite-Ourse n'a qu'une étoile de la 2ème grandeur (c'est l'étoile polaire), et deux de la 3ème.

V. 84. Fulgens.... Sagitta. Pingré ne traduit pas fulgens, qui est une addition un peu exagérée faite par Cicéron au texte d'Aratus. La flèche n'a que quatre étoiles de la 4ème grandeur, et quelques autres plus petites; ce qui ne forme pas une constellation bien brillante.

V. 87. At propter se Aquila. L'Aigle a sur son cou une belle étoile moyenne, entre la première et la seconde grandeur, outre plusieurs de la troisième.

V. 89. Non nimis ingenti. On lit aussi non minus, et Pingré a traduit suivant cette seconde leçon. Mais Aratus dit clairement, οὐ τόσσος μεγέθει. Cependant, la constellation de l'Aigle était autrefois plus étendue qu'elle ne l'est à présent, depuis qu'on en a détaché la moitié pour former la constellation d'Antinoüs ou de Ganymède. Elle a sur son cou une belle étoile moyenne, entre la 1re et la 2e grandeur, outre plusieurs de la 3e.

V. 92. Delphinus jacet. Le Dauphin est près de l'Aigle; sa queue recourbée touche à l'Équateur, près des Balances de la Vierge, et sa tête va jusqu'à la bouche du cheval Pégase. Celte constellation est composée, selon Ptolémée, de dix étoiles brillantes. Ovide n'en admet que neuf.

642 V. 93. Prœter quadruplices stellas. Ces quatre étoiles, formant une losange, passent ordinairement pour être de la 3ème grandeur, ainsi qu'une cinquième étoile qui est dlans la queue du Dauphin.

V. 103. Truculenti corpora Tauri. La tête du Taureau contient un groupe d'étoiles qu'on nomme les Hyades, et qui ont la figure d'un > renversé. Une d'entre elles est de la 1ère grandeur, et deux sont de la 3ème. Avec le télescope, on en découvre une multitude. La corne gauche du Taureau est une étoile de la 2ème grandeur; l'autre corne est une étoile de la 3ème.

V. 108. Fervidus ille Canis. L'étoile de la gueule du Grand-Chien, Sirius, est la plus belle des étoiles fixes. Il a de plus quatre étoiles de la 2ème grandeur, ou qui du moins en approchent.

V. 121. Levipes Lepus. Le Lièvre n'a que trois ou quatre étoiles de la 4ème grandeur.

V. 126. Prolabitur Argo. Le Navire des Argonautes a huit étoiles: celle du gouvernail, appelée Canopus, qui est la plus telle étoile du ciel, après Sirius (on ne la voit pas en France), et sept autres de la 2ème grandeur; on n'en voit qu'une à Paris.

V. 140. Fera quœrere Pistrix. La Baleine a deux étoiles de la 2ème grandeur, et huit ou dix de la 3ème; c'est peu de chose pour son énorme étendue.

V. 145. Neque etiam Eridanum. Il y a dans l'Éridan plusieurs étoiles du 3ème ordre. Depuis Ptolémée, on a joint à cette constellation une nouvelle étoile de la première grandeur, qu'on a nommée Achemas, invisible encore en Europe, et qu'on ne commence à voir que vers 31 degrés de latitude.

V. 164. Quœ sunt parvo cum lumine fusœ. On appelle étoiles informes celles que leur peu d'éclat ou leur disposition confuse avait l'ait exclure d'abord du nombre des constellations. On les y a comprises depuis, et on en a formé la Colombe, la Licorne, le Sextant, au sud; le Lynx, la Giraffe, la Chevelure de Bérénice, les Chiens de chasse, le Renard et l'Oie, la Mouche, au nord, et un grand nombre d'autres.

V. 167. Australem.... Piscem. Le Poisson austral a dans sa gueule une étoile de la lère grandeur.

V. 176. Unum sub magnis. C'est l'étoile de la queue du Poisson austral.

V. 178. Subter caudam Pistricis. C'est probablement l'étoile australe de la queue de la Baleine; elle est de la 2ème grandeur.

V. 182. Sine nomine cedunt. On a fait de ces étoiles sans nom la Couronne australe.

V. 184. Aram. L'Autel n'a que des étoiles peu brillantes.

V. 186. Procul Arcturo. L'Arcture est une très-belle étoile de la 1ère grandeur.

V. 203. Centaurus habebit. Le Centaure est composé de trente-quatre étoiles, en y comprenant tons les attributs de celle constellation, c'est-à-dire celles qui composent la Victime, le Broc, et le Thyrse ou Bâton d'office. L'étoile qui est à son pied gauche est de la première grandeur, de même que celle qui est à la cuisse gauche; mais ni l'une ni l'antre n'ont de nom propre.

V. 212. Quant nemo. Cette bête a depuis été appelée le Loup; elle a quelques étoiles de la 3ème grandeur, et telle est aussi la grandeur des épaules du Centaure. Ajoutons que les deux étoiles de celui-ci dont nous parlions dans la note précédente, et dont l'une de la 1ère grandeur est au pied gauche, et l'autre de la 2° à la cuisse gauche, sont invisibles à Paris. Du temps d'Eudoxe, elles paraissaient sur l'horizon de Cnide; elles ne commencent maintenant à être visibles que par 30 degrés de latitude.

V. 214. Hydra. L'Hydre a une étoile de deuxième grandeur à son cou et plusieurs autres de la troisième.

V. 216. Ad terga Nepai. Cicéron, dit Pingre, eût traduit plus fidèlement Aratus, s'il eut rendu ὑπὸ μέσον Καρκίνου par ad pectora Canceri; et nous ne pouvons penser avec Turnébe et Patricius que le mot de Nepa signifie quelquefois le Cancer, puisque Cicéron emploie toujours ici ce mot pour exprimer le Scorpion — Le Cancer n'a aucune étoile remarquable par son éclat.

V. 219. Cratera. La Coupe n'est pas extrêmement brillante; on y compte huit étoiles de la quatrième grandeur.

V. 220. Corvus. Le Corbeau a trois étoiles de la 3ème grandeur; elles forment un trapèze avec une étoile du quatrième ordre.

V. 221. Sub Geminis. Les Gémeaux ont deux belles étoiles de 2ème grandeur et plusieurs de la 3ème.

V. 222. Ante Canem. Procyon, ou le petit Chien, a une étoile de la 1ère grandeur et une de la 3ème. Il est un peu plus avancé que le grand Chien, mais beaucoup plus boréal; il se lève avant lui; c'est pourquoi on l'a nommé Procyon, Avant-Chien.

V. 233. Ad idem cœli... signum. On pourrait regarder ces années comme des années planétaires. Alors l'année de Saturne égalerait environ trente de nos années communes, et celle de Jupiter en renfermerait près de douze. Que de telles années puissent être regardées comme étant d'une très-longue durée, nous l'accordons; mais est-il possible d'en dire autant des années de Mars, de Vénus et de Mercure? Il est plus probable qu'Aratus aura eu en vue ces grandes années des Chaldéens dont Cicéron parle ailleurs (de Natura Deor. ii, 20, etc.), et qui ne se terminaient que lorsque toutes les planètes, collectivement prises, se rejoignaient dans un même degré du zodiaque. Ces années seraient en effet d'une durée très-longue; il n'est pas difficile de s'assurer, par un calcul assez simple, qu'elles ne se termineraient qu'après une révolution de 250,000 siècles.

V. 254. Quorum alter. Le Cercle dont il s'agit est le tropique du Cancer.

V. 275. Secat hic Capricornum. Il s'agit du tropique du Capricorne.

V. 288. Tantus quantus erit Ce troisième cercle est l'équateur. Hipparque reproche à Aratus beaucoup d'inexactitude dans la trace qu'il a assignée à l'équateur et aux deux tropiques. Du temps d'Aratus et même d'Eudoxe, ces trois cercles ne passaient pas bien précisément par les constellations et parties de constellations désignées par Aratus; mais ils n'en passaient pas bien loin. Ce changement de place dans les constellations est une suite nécessaire de la précession des équinoxes, dont il ne paraît pas qu'Eudoxe se soit jamais douté.

V. 313. Quanto est divisus. Celle distance ne doit pas être prise en ligne droite, mais en suivant la circonférence du cercle des signes.

V. 319. Zodiacum. On donne seize degrés de largeur au zodiaque, afin qu'il puisse renfermer la route de toutes les planètes; les anciens ne lui en donnaient que douze. La ligne du milieu du zodiaque, le cercle qui le divise en  deux également dans toute l'étendue de sa longueur, se nomme écliptique. Comme la précession des équinoxes se fait le long de l'écliptique: elle n'affecte pas la distance des astres à cette ligne: ainsi les signes qui brillent aujourd'hui le long du zodiaque ont toujours eu et auront toujours celle même position.

643 V. 353. Corona. La Couronne a une étoile de la 2èmc grandeur. C'est la Couronne d'Ariadne, placée par Bacchus dans les deux. Hygin. Poetic. Astr. ii, 5.

V. 361. Jam vero Arctophylax. Arctophylax, ou gardien de l'Ourse. Cette constellation, qu'on nomme aussi le Bouvier, est en effet placée derrière la grande Ourse, qu'elle semble conduire. Sa plus belle étoile est l'Arcture (queue de l'Ourse), qui est de la 1ère grandeur; il en a d'autres de la 3ème.

V. 363. Amplior infernas. Cicéron, qui suit fidèlement Aratus, dit que les étoiles entrent dans l'ombre, dans la nuit, dans les ténèbres, pour dire qu'elles se couchent; au contraire, elles revoient le jour, elles sont rendues à la lumière, quand elles remontent sur l'horizon.

V. 367. Post mediam. Ceci veut dire que le Bouvier a commencé de se coucher à l'entrée de la nuit.

V. 382. Virgo. La Vierge a une étoile moyenne entre la 1ère et la 2ème grandeur, et plusieurs de la 3ème.

V. 402. Vulgato nomine Nixus. Voyez la note du vers 45.

V. 421. Quum vero vis. Le Scorpion est composé de vingt-sept ou vingt-huit étoiles. Celle qui est au cœur est de la 1ère grandeur, ainsi que celle qui est à la queue. Les deux qui forment ses bras sont de la 3ème grandeur, mais celles qui sont à ses pinces, chelœ, sont de la 2ème.

V. 429. OEnopionis avens. Énopion, roi de Chio, avec lequel Orion était lié d'une étroite amitié. Quelques-uns disent, au contraire, qu'Orion ayant voulu outrager la fille d'Énopion, celui-ci lui fit crever les yeux, et qu'Apollon lui rendit la vue. On n'est pas plus d'accord sur la nature de son sacrilège. Suivant les uns, chassant avec Diane, il osa lui faire violence; selon d'autres, il avait abattu une forêt appartenant à celte déesse.

V. 449. Eversa sede. Sur les globes célestes, Cassiopée est représentée assise sur un siège qu'on nomme Chaise de Cassiopée. On lui met de plus une palme à la main. Cette constellation ne se couche pas à Paris, et même il n'y a plus que sa tête et ses épaules qui descendent sous l'horizon des côtes les plus méridionales de la Grèce.

V. 470. Aurigam, instantemque Capram, parvos simul Hœdos. Le Cocher a une étoile de la lère grandeur, il en a de plus une de la 2ème à son épaule droite. L'étoile de la Chèvre est de la lère grandeur; celles des Chevreaux sont de la 4ème. Toutes ces étoiles étaient regardées comme excitant de violentes tempêtes, lorsqu'on commençait à les voir le matin, avant le lever du soleil; ce qui, du temps d'Eudoxe, avait lieu vers les premiers jours d'avril.