Cicéron, Tusculanes

CICÉRON

ŒUVRES COMPLÈTES DE CICÉRON AVEC LA TRADUCTION EN FRANÇAIS PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE M. NISARD PROFESSEUR D'ÉLOQUENCE LATINE AU COLLÈGE DE FRANCE.  - TOME TROISIÈME - PARIS,  J. J. DUBOCHET,  LE CHEVALIER ET COMP.,  ÉDITEURS,  RUE RICHELIEU,  N° . .

TOME III. NOTES LES TUSCULANES I ET II

 

 Tusculane II - Tusculane III  

 

 

 

TUSCULANES

 

 

 

 

NOTRES LES TUSCULANES

LIVRE PREMIER,

I. Annis enim DX post Romatn conditam. Suivant la chronologie de Varron, le consulat de C. Claudius Centho et de M. Sempronius Tuditanus est fixé à l'an de Rome 514. L'auteur qui, cette année, donna une pièce de théâtre, était un affranchi, nommé Livius Andronicus, dont il ne resle qu'un très-petit nombre de vers, la plupart tronqués , par lesquels on ne saurait guère juger de son mérite. Aulu-Gelle, liv. xvii, chap. 21, compte plus de 160 ans depuis la mort de Sophocle, et environ 52 ans depuis celle de Ménandre, jusqu'au temps où Livius parut D'Olivet. — Cicéron dit ailleurs (Brutus, c. 18) : « Livius primus fabulam C. Clodio Caeci filio et M. Tuditano coss., docuit , anno ipso, antequam natus est Ennius, post Romam conditam autem, quarto decimo et quingenlesimo. »

II. Objecit ut probrum M. Nobliiori. M. Fulvius Nobilior, un des grande guerriers de son temps, consul en 565. Il fut envoyé pour soumettre l'Étolie, province de Grèce ; et non-seulement il s'y fit accompagner par le poète Ennius, mais à son retour, quoique Rome ne fût pas favorable à la poésie, il ne craignit point de consacrer aux Muses les dépouilles de Mars. D'Olivet.

III. Multi jam esse latini libri. Ceux qui suivaient Épicure ; nous n'avons rien aujourd'hui de ce qu'ils avaient écrit en prose. D'OL — Dans le premier livre des Académiques, Cicéron cite nommément Amafanius et Rabirius.

IV. Ut jam etiam scholas, Grœcorum more.... D'Olivet traduit : « j'ai même osé tenir des conférences philosophiques, à la manière des Grecs » ; et il ajoute en note : « il y a dans le texte scholas, qui se rendrait fort mal par le mot d'écoles. Cicéron, au commencement du eecond livre de Finibus, explique ce que c'était. Gorgias, dit-il, fut le premier qui osa demander en public qu'on le questionnât ; c'est-à-dire qu'on lui marquât sur quoi on voulait qu'il discourût. C'est, ajoute Cicéron un peu plus bas, ce qui se pratique encore aujourd'hui dans l'Académie. Car, lorsque celui qui veut être instruit, a dit, par exemple, II me semble que la volupté est le souverain bien; alors le philosophe soutient l'opinion contraire dans un discours continu : c'est donc le discours du maître en réponse à la question du disciple qui s'appelait schola; et dans notre langue le mot de conférence est peut-être celui qui s'éloigne le moins de cette idée. »

V. Sisyphu' versat
Saxum sudans nitendo, neque prqficit hilum?

Vers d'un ancien poète, cité par Nonius, qui les a pris dans Cicéron.

VII. Non dicis igitur, miser est M. Crassus. D'Olivet a rendu ce passage, jusqu'ici : age, jam concedo, par un équivalent un peu bref et qui n'en reproduit pas les détails. En voici la traduction fidèle : « vous ne dites donc pas : M. Crassus est malheureux, mais seulement : M. Crassus malheureux. L'A. Oui, sans doute. C. Comme s'il ne fallait pas que oe que vous énoncez dans votre proposition , fût ou ne fût pas en effet ! Ignorez-vous donc jusqu'aux premiers éléments de la dialectique ? Consultez-la ; voici un de ses premiers enseignements : Toute proposition (c'est l'expression qui me vient à la bouche pour rendre le grec ξίωμα ; si plus tard j'en trouve une meilleure, je l'emploierai) , toute proposition donc est ou vraie ou fausse. Ainsi lorsque vous dites, M. Crassus malheureux, ou vous dites : M. Crassus est malheureux, et c'est à ceux qui vous entendent à juger si cette proposition est vraie ou fausse; ou vous ne dites rien du tout. »

VIII. Emori nolo, sed me esse mortuum nihil œstumo. Cette pensée fait un vers dans Cicéron, et il n'est pas aisé de donner un tour poétique à ces sortes de citations qui pourtant sont fréquentes dans les Tusoulanes. Si quelqu'un pouvait vaincre la difficulté, c'était l'illustre M. Rousseau. Je l'ai engagé à me secourir en cette occasion, et il a bien voulu faire pour moi la plupart des vers qui se trouvent dans cette première Tusculane. Je dis la plupart, afin qu'on ne lui attribue pas ceux qui doivent être mis sur mon compte, c'est-à-dire les mauvais. » D'Ol. On lit dans Sextus Empiricus, adv. Math. p. 54, un vers d'Épicharme qui a de l'analogie avec celui que traduit Cicéron :

« Άποθανεν τεθνάναι, ο μοι διαφέρει. »

IX. Aliis cor ipsum animas videtur: ex quo excordes.... Voici la traduction complète de la phrase latine : « Selon quelques-uns, l'âme n'est autre chose que le cœur même, d'où ces expressions Cœur vil, Sans cœur, Concorde; le sage Nasica, deux fois consul, est appelé Corculum, homme de cœur ; et dans Ennius :

« Cet homme de grand oœur, Catus Aeilius Sextus. »

Animum autem alii animam.... Cette phrase et presque intraduisible; elle roule tout entière sur une étymologie qui n'appartient pas à la langue française. On peut en rendre ainsi la première partie : « D'autres philosophes disent que l'âme c'est de l'air ; et notre langue semble confirmer cette opinion. Nous disons rendre l'âme, expirer, animation , ce grand souffle de l'esprit » Le mot latin animus venait d'anima, qui signifie à la fois air et vent et le principe de l'animation, lien est de même du grec πνεμα. Lactance dans le de Opif. Dei, 17 : « Nonnulli disserunt animam esse ventum, unde anima vel animas nomen accepit quod griece ventom νεμος dicitur. »

X. Ut multi ante veteres. Proxlme autem. Orelli écrit ainsi : « fere singuli. Ut multi ante veteres, proxime autem Aristoxenus. Cette correction paraît très-raisonfiable ; il y avait en effet, depuis les premiers temps de la philosophie grecque, des partisans de cette opinion que l'âme est une harmonie.

Multo ante et dictum, et explanatum a Platone. Platon fait soutenir cette opinion par Simnrias dans le Phédon, et la combat par plusieurs arguments dont le plus solide est que l'âme ne peut être l'harmonie du corps, puisqu'elle commande au corps, le dompte et le déchire quelquefois.

Xenocrates animi figuram. Aristote, de Anima, 1, 4, réfute le sentiment de ceux qui définissent l'âme un nombre qui se meut, ριθμν αυτν κινοῦντα ; et par nombre f il eu tend unité, μονάδα. D'Ol.

Sic ipsum animum, έντιλέχειαν appettat novo nomine... Cette interprétation essayée par Cicéron du terme ντελέχεια, est condamnée à peu près généralement par les critiques, par les témoignages formels de l'antiquité, et par une saine intelligence de la doctrine d'Artstote, qui déclare partout que l'âme, principe du mouvement, est de sa nature immobile. Stobée déclare qu'il 672 ne faut voir dans l'ντελέχεια qu'un synonyme de l'εδος et de l'νεργεία, ce qui veut dire que l'âme est pour les êtres animés ce que les Péripatéticiens nommaient la forme, et ce que nous appelons quelquefois l'Essence. Le corps était, pour eux ,la matière de l'homme; l'âme en était la forme, forme substantielle qui contenait toute l'excellence de l'homme, et qui, à cause de la perfection et de l'achèvement de sa nature, était dite avoir sa fin en elle-même, ἐν τέλος χειν. Quand Aristote entendait que les formes substantielles comme les âmes ont leur fin en elles-mêmes, il ne voulait pas dire qu'elles ne se rapportent â rien en dehors d'elles, et qu'elles contiennent leur souverain bien, ce qui eût été une impiété selon ses principes ; mais il exprimait par là que ce sont des natures achevées, auxquelles rien ne manque, comme à la matière, pour être naturellement, non pas moralement, tout ce qu'elles doivent être. ντελέχεια est donc une nature achevée et complète, en qui se trouvent la distinction et l'accomplissement que n'ont pas les natures ébauchées ou informes.

XII. Quos cascos appellat Ennius. Cette expression se trouve dans un vers d'Ennius cité par Varron, de Ling. Lat. ii : « Quam primum casci populi genuere latini. » Varron ajoute : « Cascum significat vetus. »

Romulus in cœlo. Voici le vers d'Ennius, cité par Servius, Aen. VI, 764 :

Romulus in cœlo cum dis gemtalibus avum
Degit.

XIV. Ut ait Statius. Les Synéphèbes, comme qui dirait les jeunes camarades, étaient une comédie grecque de Ménandre, traduite et imitée en latin par Cécilius, qui est appelé ici Statius. Le nom de Statius lui était resté de sa fonction d'esclave. D'Ol.

XV. Adspicite, ο cives, senis Ennii. Ces vers étaient gravés sur la statue d'Ennius.

XVI. Adsum atque advenio. Dans une tragédie d'Hécube, imitée d'Euripide. Ces vers sont à peu près traduits du grec : ἥκω νεκρν κευθμνα.

In vicinia nostra Averni lacus. Cicéron était né à une lieue d'Arpinum, ville du pays des Volsques, aujourd'hui la Terre de Labour. C'est dans cette contrée qu'est le lac d'Averne. D'Ol.

Fuit enim meo regnante gentlli. Il est clair que ceci regarde Servius Tulliue, sixième roi de Rome. Gentilis ne signifie pas qui est de même famille, mais qui porte le même nom de famille. Cicéron lui-même dans son Brutus ,ch. 16, parlant des plébéiens, qui se faisaient de fausses généalogies, sous prétexte que leur nom était le même que celui de quelque famille patricienne : « (C'est, dit-il, comme si je disais que moi je descends de M. Tullius, patricien, qui fut consul dix ans après l'expulsion de nos rois, » Un homme donc assez modeste pour ne pas vouloir qu'on le fasse descendre d'un ancien consul, comment mettrait-il ici au nombre de ses ancêtres un roi en-core plus ancien? Cicéron lui-même, dans le second livre des Lois, ch. i, se contente da dire qu'il était issu d'une très-ancienne race, originaire du lieu où était située la maison de son père, tout près d'Arpinum. D'Ol.

XVII. Platonem ferunt, ut Pythagoreos cognosceret. La critique, fondée sur l'autorité des meilleurs manuscrits, a fait sortir du texte ce membre de phrase : et in ea cum alios multos, tum Archytam Timœumque cognovïsse.

XVIII. lllo Grœcorum proverbio. Voici ce proverbe grec : ρδοί τις ν ἕκαστος εδείη τχνην. On le trouve dans les Guêpes d'Aristophane, et, dans Suidas, su mot  Ἔρδoi.

XIX. Junctis ex anima tenui. Cette anima tenuis est ce que nous nommons l'éther.

Sustentabitur iisdem rebus. Dans le traité de Natura Deor. on trouve, liv. 2, ch. 46 : Dans l'éther se meuvent les astres qui perpétuent leur durée par leur forme même, par leur figure. Car ils sont ronds; espèce de forme à laquelle il me semble avoir déjà observé que rien ne saurait nuire. Et comme ils sont de feu, ils se nourrissent des vapeurs que le soleil attire de la terre, de la mer, et des autres eaux. Mais ces vapeurs, quand elles ont nourri et restauré les astres et tout l'éther, sout renvoyées ici-bas pour être tout de nouveau attirées d'autres fois. »

XX. Argivi in ea, delecti viri.... Vers d'Ennius, traduits de la Médée d'Euripide.

XXI. Nonnullorum insolentiam philosophorum. Cicéron veut parler des Épicuriens. On connaît ces vers de Lucrèce :

.... Deus ille fuit, deus, inclute Memmi,
Qui princeps vite rationem invenit eam, quae
Νunc appellatur sapientia ; quique per artem
Fluctibus e tantis vitam tantuque tenebris
In tam tranquilla, et tam clara luce locavit.

Acherusia templa. Ces vers sont très-probablement de l'Andromaque d'Ennius. Varron en cite le commencement, de Lingua lib. vi : « Acherusia templa, alta Orci salvete infera. »

XXII. Hunc igitur nosse nisi divinum. Pline, liv. vii , ch. 32, nous apprend que dans le temple de Delphes on lisait trois sentences de Chilon. La première est celle que Cicéron rapporte ici. La seconde, Qu'il ne faut rien désirer trop vivement. La troisième, Que c'est une misère d'avoir dettes ou procès.

A me autem posita est in sexto libro de Republica. Dans le Songe de Scipion. Le même argument s'y trouve développé dans le même ordre, et presque absolument dans les mêmes termes. De Rep. vi, 25, 26.

XXIV. Quanta memoria Simonides fuisse. Simonide, poète célèbre, natif de l'Ile de Céos, et qui vivait sous Darius fils d'Hystaspe. On le croit l'inventeur de la mémoire artificielle. V. Quintilien, xi, 2. — Théodecte, disciple d'Aristote. On pouvait lui dire telle quantité de vers qu'on voulait ; il lui suffisait, pour les retenir mot à mot, de les entendre lire une seule fois. V. Quinlil. — Cinéas, ambassadeur de Pyrrhus à Rome. Dès le lendemain de son arrivée à Rome, il fut en état de saluer tous les sénateurs, et tous les chevaliers, en les appelant chacun parleur nom, sans avoir besoin de Nomenclateur. V. Pline, vii, 24. — Charmides, ou Charmadas. V. Cicéron, de Orat. II, 88, et Pline, vii, 24— Métrodore, de Scepsis, ville de Phrygie. V. Pline et Quintilien, aux endroits déjà cités. D'Ol..

XXVI. Hanc nos sententiam... his ipsis verbis in Consolatione. C'est un ouvrage que Cicéron avait fait pour se consoler de la mort de sa fille. Il n'en reste que trois ou quatre fragments, dont celui-ci est le plus long. D'Ol.

XXVIIT. Sub axe posita...... Cœlum nitescere. On attribuait généralement ees vers à Cicéron ; Bentley, qui les trouve trop peu élégants pour avoir une telle origine, croit que quelque poète inconnu en est l'auteur. M. J. V. Le-clerc traduit ainsi les deux premiers vers négligés par D'Olivet : « la septentrionale que nous habitons et qui s'étend jusqu'au pôle,

D'où l'affreux Aquilon, terreur de noe climats,
Nous envoie en grondant la neige et les frimas.

673 XXXI. Quid refert? adsunt enim qui hœc non probant.  Mauvaise leçon, heureusement corrigée par Oreili : Quid refert? M. Adsunt enim qui... Il faut donc traduire : L'A. Qu'importe lequel ? C. Il y a des gens cependant qui ne se rendent pas à ces démonstrations. Mais vous ne m'échapperez, etc.

XXXIII. Aristoteles quidem ait. Dans ses Problèmes, sect. 30.

Vixit cum Africano. Ce vixit offre ici les deux idées de contemporain et d'ami ; outre qu'on sait par d'autres endroits de Cicéron, que Scipion l'Africain était plein d'estime et d'amitié pour Panétius, le plus célèbre Stoïcien de son temps.

XXXIV. A cyrenaico Hegesia. Philosophe de la secte d'Aristippe. Valère Maxime, vii, 9, rapporte le même fait. Hégéstas en avait reçu le nom de πεισιθάνατος. D. Laërte, ii, 86.

Callimachi quidem epigramma. C'est la 24e épigrammede Callimaque. — Ambracie était une ville d'Épire. — Άποκαρτερῶν signifie un homme qui se prive de nourri-ture pour se laisser mourir de faim.

XXXV. Adstante ope barbarica. Ces vers et les suivants appartenaient à l'Andromaque d'Ennius.

XXXVI. Hœc, opinor, incommoda. Voici, je croîs, le fâcheux état de celui qui éprouve tin manquement véritable ; tel homme a perdu les yeux, la cécité est déplorable ; un autre ses enfants, c'est un affreux malheur, »

Carere igitur hoc significat... Tout ce passage jusqu'à la dernière phrase du chapitre a été omis par D'Olivet. En voici la traduction : « Manquer signifie donc être privé de ce qu'on voudrait avoir. Car on ne manque que de ce que l'on désire; à moins qu'on n'emploie l'expression de manquer dans un tout autre sens, comme lorsque l'on dit manquer de la fièvre. On emploie encore ce mot dans une autre acception, quand on dit à un homme qu'il manque d'une chose qu'il sent bien n'avoir pas, mais dont il supporte facilement la privation. Naturellement, on ne dit point que l'on manque, quand c'est du mal qu'on n'a pas ; car on est loin de regretter le mal ; mais on dit qu'on manque d'un bien, car en être privé, c'est un mal. Cependant , même dans la vie, on ne dira pas qu'un homme manque d'un bien dont il n'a pas besoin. On pourrait, il est vrai, comprendre ce que ce serait pour un homme qui a le sentiment et la vie, de manquer de la royauté, mais il faut avouer que, si on le disait de vous, par exemple, on parlerait fort improprement; au contraire ce serait parfaitement dit de Tarquin, chassé du trône. Mais parlez ainsi d'un mort, on ne vous comprendra pas. »

XXXIX. Non male ait Callimachus. Priam était mort âgé, et après avoir essuyé tant de disgrâces, il a eu certainement plus d'occasions de pleurer que Troïlus son fils, qui, à la fleur de l'âge, fut tué par Achille. D'Ol.

XL. Chaldœorum promissa. On regardait les Chaldéens comme les premiers hommes qui se fussent rendus habiles dans l'astronomie. Ainsi ceux de cette nation qui se mêlaient de l'astrologie judiciaire ne pouvaient manquer d'avoir la vogue. Voyez. Cicér. de Divin, i, I.

XLIII. Lacedœmonius quidam, cujus ne nomen. Plutarque, dans ses Apophthegm. nous apprend que ce Lacédémonien se nommait Thectamènes.

In quos Simonides. Voici cette épigramme telle qu'on la lit dans l'Anthologie, iii, 5 :

ξειν', γγειλον Λακεδαιμόνιοιτι τῇδε
Χείμεθα  τος κείνων πειθόμενοι νομίμοις.

XLIV. Vidi, videre quod me. Ces vers sont empruntés à une tragédie d'Ennius ou de Pacuvius. C'est Andromaque ou Hécube qui parle.

Alius exoritur e terra. Polydore adresse ces paroles à Ilionée, qui était sa sœur, mais qu'il croyait sa mère V Hygin, fab. 109.

XLVI. Laconis illa vox,qui,, quum Rhodius Diagoras. Cette histoire est rapportée diversement par Plutarque (Vie de Pélop. 297), et Aulu-Gelle, N. A. iii, 15. Ce Rhodien avait non pas deux fils, mais trois, Démagète, Acusilaus et Dorieus. Pausanias, ii, 7.

XLVII. Cleobis et Bito, filii. Cette histoire est rapportée par Hérodote, i, 31. Beaucoup d'écrivains grecs en ont parlé. — Trophonius et Aegamedes. Voyez sur ce fait ; Pausanias, îx, 40; Aeschines in Axioch. p. 730; Pluta¬que, Cons. ad Apoll. p. 109; Stobée, Serm. 119.

XLVIII. In consolatione Crantoris. C'est le livre de Luctu, cité dans les secondes Académiques ch. 44.

His et talibus auctoribus usi. Mais toutes ces prétendues autorités sont détruites par un raisonnement de Sapho, qu'Arislote nous a conservé dans sa Rhétorique, ii , 23 : « C'est un mal que la mort, disait Sapho; et la preuve que les dieux l'ont ainsi jugé, c'est qu'aucun d'eux n'a en¬core voulu mourir. » D'Ol..

XLIX. Nihilque in malis ducamus. Toute la substance de cette Tusculane est renfermée dans les dix ou douze lignes suivantes ; et il faut convenir que c'est là tout ce qu'on pouvait attendre de plus raisonnable d'un païen. Cicéron, suivant l'idée qu'il se forme d'un Être suprême, ne le considérait que comme une bonté infinie : mais la religion nous enseigne, qu'en Dieu la bonté est inséparable de la justice; et que comme il y a des récompenses éternelles pour les gens de bien, il y a des peines éternelles pour les coupables.

LIVRE SECOND.

I. Atque, ut Neoptolemi tum erat.  Alors, c'est-à-dire, dans la circonstance de sa vie où la tragédie d'Enuius le suppose.IlU y a Néoplolème dans le texte, mais ce fils d'Achille est plus connu en notre langue sous le nom de Py¬rhus. D'Ol.

Erat exortum genus Atticorum. Il y avait entre les orateurs Attiques et les Asiatiques, cette différence : que le style des premiers était pur, sain, précis, toujours proportionné à la nature de leur sujet ; mais celui des autres, enflé, diffus, énervé. Or quelques contemporains de Cicéron, comme il s'en plaint ici et dans beaucoup d'autres endroits, l'accusèrent de mettre trop d'esprit et de fleurs dans ses discours, en un mot, d'être un peu Asiatique. Ils donnèrent, eux, dans un style tout opposé et n'eurent point de suceès. Voyez Quintilien, liv. xii, ch. 10, où il est à remarquer que le style de Cicéron, blâmé comme trop fleuri par ses contemporains, passait au contraire pour être maigre et sec dans le siècle de Quintilieu. Tant il est difficile qu'une même nation conserve pendant longtemps te bon goût qui consiste dans un juste milieu, également éloigné des extrémités vicieuses! D'Ol.

III. Est enim quoddam genus eorum. Les écrivains épicuriens à Rome. Voyez la note sur le troisième chap. de la première Tusculane.

Post meridiem Academiam descendimus. Cicéron avait dans sa maison de Tusculum, aujourd'hui Frascati, deux endroits particulièrement destinés à des entretiens littéraires. Il nommait l'un le Lycée, où était sa bibliothèque, et l'autre l'Académie, qui était, selon Corradus, une espèce de gymnase, située en bas de ses jardins. Voyez  Epist. ad Att. 1, 4; et de Divinat. 1, 5. D'Ol

IV. Fortes enim non modo Fortuna, adjuvat. Ce proverbe est cité dans le Phormion de Térence, ι, 4, 26.

V. Falsumque illud Accii. « Comme l'a dit on de nos poètes; » Accius ou Attius nommé dans le texte, suivant la correction de Muret, adoptée depuis par la plupart des critiques. Au reste non-seulement les deux vers suivants mais la plupart de ceux que j'emploie dans cette seconde Tusculane sont de M. de la Monnaye. D'Ol.

VIL Sagittœ, quas ab Hercule acceperat. Hercule sur le point de mourir, fit présent à Philoctète de son carquois, rempli de flèches teintes du sang de l'Hydre; mais à condition qu'il ne découvrirait jamais à personne le lieu de sa sépulture. Plusieurs années après, il arriva que les Grecs ayant été avertis par l'oracle que, sans ces flèches, ils ne pourraient pas prendre Troie, ils eurent recours à Philoctète et voulurent le forcer à leur dire où était le tombeau d'Hercule. Philoctète le leur montra en frappant du pied dessus, persuadé que, comme il ne parlait point, ce n'était pas violer son serment. Mais lorsqu'il se fut embarqué avec eux pour aller au siège de Troie, une de ces flèches, sortant par hasard du carquois, lui tomba sur ce même pied dont il*avait frappé la terre; oe qu'il regarda comme une punition de son parjure; et le venin de l'Hydre lui causa un abcès, dont l'infection fut telle dans le vaisseau, que les Grecs prirent le parti de le débarquer dans l'île de Lemnos. On peut voir ailleurs la suite de ses aventures, qui ne fait rien aux vers que nous expliquons ici. D'Ol. Ces vers sont tirés probablement du Philoctète d'Accius.

VIII. Cui cum Dejanora sanguine centauri tinctam. Sophocle, Trachiniennes, v. 1063. Quant à l'histoire dont il s'agit ici, eue se trouve partout. Hercule, ayant épousé Déjanire, fille d'un roi d'Étolie, il allait remmener. Mais sur leur route, il se trouvait une rivière à passer. Hercule accepta l'offre que lui fit le centaure Nessus de passer Déjanire, et quand le centaure fut avec elle à l'autre bord, il voulut la ravir. Hercule décocha sur lui une de ses flèches. Nessus, blessé à mort, donna sa robe à Déjanire, en l'assurant que tant que son époux porterait cette robe, jamais il n'aimerait d'autre femme qu'elle. Déjanire, à quelque temps de là, sut qu'Hercule était arrêté dans l'Eubée par une nouvelle passion ; d'abord elle lui envoya la robe du centaure. Hercule ne l'eut pas plutôt sur lui, qu'il devint furieux, et se jeta lui-même dans le feu qu'il venait de faire allumer pour un sacrifice. La crédule Déjanire ne put survivre à son mari, et se tua de désespoir. D'OL.. — Ces vers sont de Cicéron; tout porte à le croire, malgré l'opinion de quelques critiques. Cest à eux comme aux suivants, qui reproduisent une scène du Prométhée d'Eschile, qu'il faut appliquer ce que notre auteur dit un peu après : « Non-seulement je fais grand usage de nos poètes, mais, à leur défaut, j'ai traduit exprès divers passages des Grecs, afin que ces sortes d'entretiens ne fussent dépourvus en notre langue d'aucun des ornements dont ils étaient susceptibles. »

X. Quo modo fert apud eum Prometheus. Platon, dans son Protagoras, raconte comment Prométhée déroba le feu de Vulcain, et la sagesse de Minerve. Mais ce qu'en dit Cicéron n'a pas besoin ici d'un plus ample éclaircissement. D'Ol

XIV. Si quid de Corinthiis tuis amiseris. « Savez~vous qu'il n'en est pas de la vertu comme de vos bijoux ?» Il y a dans le texte un de vos vases d'airain de Corinthe, Pour savoir ce que c'était que cette sorte d'airain, et quel cas les anciens en faisaient, voyez Muret, Var. Lect. iii, 5. — Touchant ce dogme des Stoïciens, « Que la vertu est une et qu'on ne peut être vertueux en un point, sans l'être généralement en tout, » voyez Juste Lipse, Man. iii, 4. D'Ol.

Amtlti non potest virtus. Autre dogme des Stoïciens. Voyez Juste Lipse, ibid.ou plutôt les Elementa philosophiœ stoïcœ de Scioppius, qui est plus méthodique, et plus instructif. D'Ol.

XV. Hœc duo Graeci illi... Tout ce passage jusqu'à la phrase quum varices secabantur C. Mario a été omis par D'Olivet ; en voici la traduction : « Les Grecs, dont pourtant la langue est plus abondante que la nôtre, n'ont pour ces deux choses qu'une seufe expression. Ils appellent les hommes qui s'emploient activement, amis et poursuivants de la douleur, tandis que nous les nommons, avec plus de justesse, laborieux. Autre chose est de travailler, autre chose de souffrir. Ο Grèce, qui crois ton langage d'une richesse inépuisable, ne le vois-tu pas quelquefois réduit à la stérilité ! Je le repète, autre chose est de souffrir, autre de travailler. »

XVI. Militiam vero, nostram dico... « Parlerai-je de nos armées ? Quel travail pour un soldat... » Il y a ici dans le texte une parenthèse où il est dit « que les armées des Lacédémoniens marchaient au son de la flûte, et que pour les animer au combat, on employait toujours la cadence des anapestes, » Mais je n'ai pas eu l'art d'enchâsser ce petit trait d'érudition, de manière qu'il n'interrompit pas un peu la suite du discours. Je supprime aussi l'étymolope du mot exerciius (d'exercere), qui n'a pas lieu en français. D'Ol.

Quid? exercitatio legionum. « Quel travail que ceuai de nos légions dans leurs divers exercices! » Il y en a trois de spécifiés dans le texte, clamor, cursus, concursus. Mais pour en donner une idée suffisante, il faudrait transcrire ici plusieurs passages de Végèce. Je me contente de renvoyer au traité de Juste Lipse, de Militia Romana, où l'on peut consulter principalement le Dialogue xi du livre iv, et le Dialogue xm du liv. v. D'Ol.

Quantum experti sumus. Dans les dernières guerres civiles, César avait nombre de vétérans dans son parti, et Pompée, beaucoup de nouvelle milice. D'Ol.

XIX. Etiam si decem atomis est major. Cicéron, en calculant aiusi, veut se moquer d'Épicure, qui prétendait que tout était composé d'atomes. D'Ol..

XXI. in Niptris ille sapientissimus Grœciœ. Pacovius, neveu d'Ennius, avait traduit en latin une tragédie de Sophocle, intitulée les Niptres, comme qui dirait les Bains. Mais ces poètes latins, en traduisant les Grecs, ne s'asservissaient point à les suivre pas à pas; ils se contentaient d'en prendre l'idée, ils la tournaient, ils la rectifiaient à leur gré, comme on le voit ici, et comme nous l'apprenons d'Aulu-Gelte, ii, 23 et ix, 9. D'OL — Νiττρα ἢ Ὀδυσσες ἀκανθοπλήξ est le titre d'une tragédie de Sophocle , dont le sujet est la mort d'Ulysse blessé par son fils Télégone.

XXII. Zeno Eleates.... Anaœarcho.... Voyez Valère Maxime, iii, c. 3 et 4. —Sur Calénus, voyez Ptutarque in Alex, i, p. 703. ; Aelien, V. H. lib. v, 6.

XXIII. Hic fletus, quem duodecim tabulae in funeribus adhiberi veluerunt. Nous lisons dans le Traité de Legibus, ii, 23, « Après avoir rédoit le luxe à trois robes de deuil, autant de bandes de pourpre, et dix joueurs de flûte, elles (les Douze Tables) suppriment aussi les lamentations : Que les femmes ne se déchirent point les joues, qu'elles s'interdisent le lessus des funérailles.... L. Elias prend lessus pour un gémissement lugubre, comme le mot semble lui-même l'indiquer ; explication que je crois d'autant plus vraie, que c'est précisément ce que défend la loi de Solon. « Trad. de M. de Rémusat.

Faclunt idem, quum exercentur, athletœ. « A l'exem- 675 ple des athlètes qui poussent de grands cris en se battant à coups de cestes. » Cicéron dit la même cime des athlètes qui s'exerçaient à la course, etc. Mais un exemple m'a paru suffire. D'Ol

XXIV. M Antonium vidi. Marc Antoine, non pas le triumvir, mais son aïeul, célèbre orateur, dont Cicéron fait nn grand éloge dans son Brutus, c. 37. D'Ol

De lege Varia. Cette loi avait été rendue l'an de Rome 662; elle avait pour auteur G. Varius Hybrida, tribun du peuple ; elle ordonnait de poursuivre ceux dont les conseils ou les instigations avalent soulevé les alliés contre Rome.

Vt enim balistœ lapidum. « Plus l'arc est bandé, plus la  flèche est impétueusement dardée. » Au lieu d'arc et de flèche, Cicéron parle de Balistes, machines dont les anciens se servaient pour jeter des pierres. J'ai cru encore ici que cet exemple suffisait, d'autant plus que les divers genres d'athlètes étant peu connus aujourd'hui, on est moins frappé des comparaisons tirées de leur art. D'Ol.

XXV. Versum ex Epigonis ferunt dixisse. Tragédie d'Eschyle, qui n'est aujourd'hui connue que par son titre. DOl..

XXVI. Eorum ludorum, qui gymnici nominantur. Jeux où les athlètes étaient nus, ou presque nus; comme la Lutte, la Course, le Pugilat, etc. D'Ol..

XXVII. At Cimbri et Celtiberi. Les Cimbres, peuple qui habitait cette partie du Danemark aujourd'hui nom¬mée la presqu'île du Julland. — Les Celtibériens Celtes ou Gaulois, qui s'étaient établis le long de l'Iber, aujourd'hui l'Èbre, fleuve d'Espagne. D'Ol.

Qui per undas currus suspensos. Allusion à la première des Odes olympiques de Pindare, v. 140: « Fils de Tantale, je raconterai votre histoire, en démentant tous ceux qui m'ont précédé. Lorsque votre père, admis à la table des dieux, les eut invités au festin que en reconnaissance leur avait préparé dans Sypile, le dieu qui règne sur les mers, plein d'amour pour vous, appelle ses coursiers; il leur ordonne de vous transporter dans le ciel, pour partager l'immortel ministère de Ganymède, à la table du maître des Dieux. »

FIN DU TROISIÈME VOLUME.