Le temps des généraux : Pompée

Conjuration de Catilina

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63 - 62
Conjuration de Catilina
Nous, les damnés de la terre

SALLUSTE : C. Sallustius Crispus se lança dans la politique dès sa jeunesse. Sa carrière fut brisée par l’assassinat de César. Suspecté d’avoir pactisé avec le parti populaire, il se retira dans ses célèbres jardins. Il écrivit de coniuratione Catilinae, Bellum Iugurthinum et Historiae (cette dernière oeuvre est perdue).

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Lettre de Manlius à Rex.  Nous savions déjà ce que pensait Catilina à Rome grâce à son discours à ses partisans.  On peut par cette lettre de Manlius, avoir un aitre éclairage.
Dum haec Romae geruntur, C.Manlius ex suo numero legatos ad Marcium Regem mittit cum mandatis huiusce modi:
"Deos hominesque testamur, imperator, nos arma neque contra patriam cepisse neque quo periculum aliis faceremus, sed uti corpora nostra ab iniuria tuta forent, qui miseri, egentes violentia atque crudelitate faeneratorum plerique patria, sed omnes fama atque fortunis expertes sumus. Neque cuiquam nostrum licuit more maiorum lege uti neque amisso patrimonio liberum corpus habere: Tanta saevitia faeneratorum atque praetoris fuit. Saepe maiores vostrum, miseriti plebis Romanae, decretis suis inopiae eius opitulati sunt ac novissume memoria nostra propter magnitudinem aeris alieni volentibus omnibus bonis argentum aere solutum est. Saepe ipsa plebs aut dominandi studio permota aut superbia magistratuum armata a patribus secessit. At nos non imperium neque divitias petimus, quarum rerum causa bella atque certamina omnia inter mortalis sunt, sed libertatem, quam nemo bonus nisi cum anima simul amittit. Te atque senatum obtestamur: consulatis miseris civibus, legis praesidium, quod iniquitas praetoris eripuit, restituatis neve nobis eam necessitudinem inponatis, ut quaeramus, quonam modo maxume ulti sanguinem nostrum pereamus!"

Catilina, 33

  vocabulaire

XXXIII. - Tandis que ces faits se déroulent à Rome, C. Manlius envoie à Marcius Rex des députés pris dans son entourage avec le message suivant : "Général, nous attestons les dieux et les hommes que nous avons pris les armes, non pour lutter contre le pays ou faire du mal à nos concitoyens, mais pour mettre nos personnes à l'abri de l'injustice : misérables, manquant de tout, nous sommes, par le fait des violences et de la cruauté des usuriers, presque tous sans patrie et tous sans considération et sans argent ; il n'en est pas un seul de nous qui puisse, à la façon de nos ancêtres, jouir de la protection de la loi et, une fois ses biens perdus, garder la liberté de sa personne : tant les usuriers et le préteur se sont montrés impitoyables ! Souvent vos ancêtres, prenant en pitié la plèbe romaine, ont, par leurs décrets, soulagé sa détresse ; et, tout dernièrement encore, on peut s'en souvenir, en raison de l'énormité des dettes, et du consentement de tous les bons citoyens, on décréta une réduction du quart. Souvent la plèbe, de son propre mouvement, poussée par le désir d'être la plus forte, ou amenée à prendre les armes par la superbe des magistrats, se sépara des patriciens.
« Ce que nous demandons, nous, ce n'est pas l'autorité suprême ou la richesse, qui ont causé tant de guerres, tant de luttes entre les mortels, mais la liberté, qu'un homme de coeur ne consent à perdre qu'avec la vie. Nous vous supplions, le Sénat et toi, d'avoir égard à des citoyens infortunés, de les replacer sous l'égide de la loi, que leur a ravie l'iniquité du préteur, et de ne pas nous réduire à cette extrémité de rechercher le meilleur moyen de faire payer notre mort à ceux qui l'auront causée. »

Catilina, 33, traduction François Richard, Garnier, sans date.

texte pris sur le site nimispauci

VI.

Puisqu'elle va devenir désormais sa seule occupation et sa dernière ressource, c'est le moment, à ce qu'il me semble, de l'étudier de plus près ; et d'en préciser, s'il se peut, le véritable caractère.
Le programme de Catilina n'a pas été probablement conçu d’un seul coup et il a dû se modifier selon les circonstances. On peut soupçonner, par exemple, qu'il n'était pas tout à fait le même pendant ses candidatures qu'après son échec. Cependant Salluste laisse entendre qu’au fond ses intentions n'ont guère chargé et que, candidat ou nom, il se proposait d'aller reprendre à cette poignée de privilégiés qui s'était installée dans les hautes charges de l’Etat la fortune qu'elle y avait gagnée, pour la donner à ses amis : "Voilà, lui fait-il dire, quand il les réunit pour la première fois, ce que je ferai avec votre aide, quand je serai consul" (Haec ipsa, ut spero, vobiscum una consul agam. Salluste, 20) ; ce qui signifie clairement que le consulat n'était pour lui qu'un moyen de réaliser plus aisément ses projets antérieurs. Mais si au fond les projets restaient les mêmes, il est évident qu'étant au pouvoir, tout lui eût été plus facile, et qu'il n'aurait pas eu besoin de recourir aux mêmes violences. Dans tous les cas, s’il a changé, il ne nous est pas possible de tenir compte de ces variations que nous ignorons entièrement. Bornons-nous à connaître ses derniers desseins, ceux qu'il a formés et qu'il exposait à ses amis dans les derniers temps, quand il n'avait plus aucun ménagement à garder. Les contemporains, quand ils nous parlent de la conjuration, se contentent de lui prodiguer les qualifications les plus dures ; ils l’appellent atrox, nefaria, tetra, horribilis, ce qui ne nous apprend guère que la frayeur qu'elle leur causait. Salluste pourtant nous donne un renseignement plus précis, et dont nous pouvons profiter, quand il nous dit, au début de son livre, qu'il a été décidé à choisir le sujet qu'il va traiter par la nouveauté du crime qui fut alors tenté, et du péril que courut la république, sceleris et periculi novitate (Salluste, 4). Il lui semblait donc que la conjuration de Catilina avait ce caractère particulier de différer des précédentes, et, pour la connaître, il nous faut avant tout chercher à savoir ce qu'elle avait de nouveau.
On est d'abord frappé de voir que, contrairement à ce qui était arrivé jusque-là, la politique proprement dite y tienne si peu de place. Cicéron soutient, dans un de ses moments d'optimisme, qu'après toutes les concessions que le peuple a obtenues, il n'y a rien qui puisse le séparer des hautes classes de l'Etat, qu'il ne lui reste plus rien à désirer, et qu'il n'a pas de motif de faire des révolutions nouvelles (pro Sext., 49). C'est aller bien loin, d'autant mieux qu'on fait souvent des révolutions sans motif. Il est pourtant certain qu'en ce moment les graves questions de politique intérieure, pour lesquelles on avait livré tant de batailles, étaient résolues ou près de l’être. Depuis longtemps la plèbe avait conquis l’accès à toutes les fonctions publiques, et si l'aristocratie, grâce au prestige dont elle jouissait encore, continuait d'accaparer les plus hautes dignités, le succès de Marius et de Cicéron aux comices consulaires prouve qu'il n'était pas impossible de les lui arracher. A la suite de la guerre sociale, qui venait de finir, les Italiens avaient obtenu le droit de cité romaine, et les quelques pays, comme la Gaule cisalpine, qui ne le possédaient pas encore dans sa plénitude, ne devaient pas tarder à le recevoir. Le peuple était donc à demi satisfait, et il était naturel qu'il commençât à se désintéresser des questions qui passionnaient ses pères. Aussi n'en trouve-t-on aucune trace dans les programmes qu'on prête à Catilina. Il n'y est fait aucune allusion ni aux lois agraires, ni à la puissance tribunitienne, ni aux privilèges des classes, ni à des réformes dans la constitution (Il n'y est pas question non plus des lois qu'à la même époque proposa Clodius, et qui le rendirent si populaire, notamment des distributions de blé pour le peuple ou du rétablissement des anciennes corporations qu'on avait supprimées (Cicéron, Pro Sext., 25.). On ne voit pas non plus qu'il se soit abrité sous quelque grand nom populaire, comme ses prédécesseurs le faisaient volontiers. Ils y trouvaient ce double avantage d'hériter des partisans que le personnage avait laissés et de résumer tout leur programme en un seul mot.
Il avait suffi à César de dire qu'il venait venger Marius pour se trouver tout de suite à la tête d'un parti. Catilina ne semble pas s'être mis derrière personne. Qui donc en effet aurait-il choisi pour patron ? Il ne pouvait songer à Marius dont il avait si cruellement traité les derniers amis ; quant à Sylla, son ancien maître, quoique évidemment il procède de lui et s'inspire de son souvenir, il ne pouvait pas s'autoriser ouvertement de son nom, au moment même où il venait combattre cette faction aristocratique qui prétendait sauver ce qui restait de son oeuvre et continuer sa politique. Que voulait-il donc faire ? Pour en être parfaitement informé, il aurait fallu se glisser, avec ceux de ses partisans dont il était le plus sûr, dans cette partie retirée de sa maison où il les réunissait, assister à cette assemblée de famille (contio domestica ), comme l'appelle Cicéron, l'entendre exposer ses plans avec cette fermeté et cette franchise auxquelles ses adversaires mêmes rendent hommage. Par malheur, nous sommes réduits à recueillir et à reproduire, en essayant de l'interpréter, ce que les écrivains de ce temps en ont pu savoir et ce qu'ils veulent bien nous en dire.
Dans deux passages très importants de son petit livre, Salluste nous renseigne sur les projets de Catilina. L'un est la lettre de Manlius, le chef des conjurés d'Etrurie, à Q. Marcius Rex, ancien consul. Le ton en est respectueux et modéré : c'est un centurion qui s'adresse à un général. Il n'y faut chercher que la plainte un peu affaiblie de petites gens que la misère a poussés à la révolte et qui s'en excusent. Ils prennent les dieux et les hommes à témoin de leurs bonnes intentions ; leur requête est modeste ; il ne s'agit plus, comme du temps où les plébéiens se retiraient sur le Mont Sacré, de demander une part dans le gouvernement de la cité ; il leur suffit qu'on ne les mette plus en prison, quand ils ne peuvent pas payer leurs dettes. La loi le défend, mais ni les usuriers, ni le préteur, ne respectent la loi. Ce sont, au moins en apparence, des révoltés timides et qui paraissent décidés autant que possible à ne pas sortir de la légalité (J'ai déjà fait remarquer que Cicéron, dans sa seconde Catilinaire, traite bien mieux les conjurés d'Etrurie que ceux de Rome et les appelle des citoyens honnêtes et courageux.). Catilina parle d'une autre façon dans le discours que Salluste lui fait tenir aux conjurés de Rome, à l’époque de sa candidature consulaire. Il n'a autour de lui que des amis sûrs ; il peut leur dire ce qu'il pense et leur annoncer ce qu'il veut faire. Pourquoi la lecture de ce discours, dont la réputation a été si grande autrefois parmi les lettrés, nous produit-elle aujourd'hui moins d'effet ? C'est qu'en réalité, ce n'est pas Catilina lui-même que nous entendons, mais Salluste, et qu'il s'exprime en orateur d'école plus qu'en conspirateur. Il n'y a plus rien à dire sur cette habitude des historiens anciens de prêter à leurs personnages des discours de leur invention. Nous la condamnons aujourd'hui, mais les gens de leur époque leur en faisaient de grands compliments, et il est bien probable que les histoires de Salluste étaient surtout lues à cause des discours qu'elles contenaient. Celui de Catilina, qui est l’un des plus renommés, peut nous faire comprendre de quelle façon ils étaient ordinairement composés. Les écrivains, qui n’étaient que de purs rhéteurs, se contentaient de fabriquer des pièces d'éloquence pour faire admirer leur talent ; les autres, comme Salluste et Tacite, cherchent à les accommoder à la situation véritable ; ils font dire à celui qui parle, sinon ce qu'il a dit réellement, au moins ce qu'il a dû dire, en sorte que ces discours ne sont pas sans utilité pour les historiens de nos jours et qu'ils peuvent être consultés avec profit, pourvu qu'ils le soient avec précaution. C'est ce que nous montre fort bien celui de Catilina. Il s'y trouve certainement de la rhétorique, c'est-à-dire une certaine façon de remplacer le détail exact par des généralités brillantes. Il arrive, par exemple, qu'à un moment l'orateur paraît oublier le genre particulier de griefs dont se plaignent ceux qui l'écoutent, et, comme d'ordinaire on ne se révolte que pour échapper à une oppression, il les excite, en phrases retentissantes, à reconquérir leur liberté : En illa, illa, quam saepe optastis libertas! mais il ne s'agissait pas pour eux de briser leurs fers : ni Lentulus, ni Autronius, qui avaient été consuls, ni les autres n'étaient esclaves. Dans l'état de désorganisation sociale où l'on se trouvait, la liberté était ce qui leur manquait le moins ; ils avaient besoin d'autre chose. On le voit bien, du reste, dans le discours lui-même, tel qu’il est, si l’on néglige les formes oratoires, qui sont une nécessité du genre, et qu'on aille droit au fond des choses. Que reproche en réalité Catilina à cette faction d’aristocrates qui détiennent le pouvoir, sinon d’accaparer la fortune publique et de ne pas lui en laisser une part ? S'il leur en veut d’occuper les plus hautes dignités, c'est qu'ils y trouvent l'occasion de s'approprier tout l’argent que les rois, les tétrarques, les nations vaincues paient à la république. "Qui peut souffrir qu'ils regorgent de richesses et qu'ils les dépensent sans compter à couvrir la mer de constructions, à aplanir des montagnes, tandis que nous manquons des choses les plus nécessaires à la vie ? Ils bâtissent plusieurs palais à la suite les uns des autres, pendant que nous n'avons pas même quelque part un foyer de famille. Ils ont beau faire toutes les folies, acheter des tableaux, des statues, des vases ciselés, démolir les maisons qu'ils viennent de construire pour en élever de nouvelles, ces bourreaux d'argent, malgré leurs efforts, ne réussissent pas à venir à bout de leur fortune. Et nous, quel est notre lot ? La misère chez nous, des dettes au dehors, un triste présent, un avenir plus triste encore ; c'est à peine s'il nous reste ce misérable souffle qui nous fait vivre". (Salluste, 20) Il me semble donc que ce discours, quand on sait le lire, contient la pensée de Catilina. Elle est plus visible encore dans les quelques lignes dont Salluste le fait suivre. Il suppose que quelques-uns des conjurés, à qui sans doute la rhétorique était un peu suspecte, et qui tenaient à bien savoir à quoi ils s'engageaient et sur quels profits ils pouvaient compter, demandèrent au chef de parler plus nettement et sans phrases. "Il leur promit alors, dit Salluste, la diminution ou l'abolition des dettes ( Salluste emploie le mot de tabulae novae, réfection des registres. Par ce mot, il faut entendre une sorte de banqueroute légale. On détruisait les registres anciens sur lesquels les dettes étaient inscrites, et, sur les nouveaux, elles étaient diminuées ou entièrement supprimées. L'Etat était intervenu déjà plusieurs fois pour régler de cette manière les différends entre les créanciers et les débiteurs. On se souvenait qu'en 668, le consul Valerius Flaccus avait réduit les dettes des trois quarts. C'est ce qu'on appelait argentum aere solvere, ce qui veut dire qu'on ne payait plus qu'un as, qui était de cuivre, pour un sesterce, qui était en argent, et valait quatre as.) la proscription des riches, la possession des sacerdoces, des magistratures, le pillage, et tout ce que peut se permettre, dans des luttes pareilles, le caprice du vainqueur." Voilà en quelques mots et sans artifice, le programme de Catilina. Nous souhaiterions sans doute que ce programme nous fût parvenu dans la forme qu'il lui avait donnée ; nous saisirions mieux la portée de ce qu'il préparait, nous entrerions plus avant dans sa pensée, si nous l'entendions lui-même dans ces entretiens avec ses amis, dont parle Salluste, quand il déblatérait contre les honnêtes gens, et qu'ensuite, prenant chacun des siens à partie, il adressait des compliments aux uns, rappelait aux autres leurs misères, ou leur passion favorite, ou les dangers et l'infamie auxquels les exposaient leurs affaires embarrassées, qu'enfin il faisait des tableaux séduisants de la victoire de Sylla, dont les plus anciens d'entre eux avaient profité ; et comme, en même temps, il annonçait que ce qui s'était passé alors pourrait revenir et que la république leur serait de nouveau livrée comme une proie, on comprend la joie de cette bande d'affamés qui écoutait ces promesses réconfortantes (Salluste, 21). Par malheur, nous n'avons de Catilina qu'une lettre de quelques lignes, qu'il adresse à Catulus en quittant Rome. On y lit ces mots très significatifs : "Rebuté par les injustices et les affronts, privé du fruit de mes travaux, je me suis fait, selon mon habitude, le défenseur public des misérables" (Salluste, 35). Voilà une véritable profession de foi. Elle est expliquée et commentée par quelques propos qu'il avait tenus dans une réunion de ses partisans, et que Cicéron a rapportés. "Les malheureux, disait-il, ne peuvent être fidèlement défendus que par quelqu'un qui soit misérable comme eux. Les promesses des gens riches et puissants ne doivent pas inspirer de confiance aux citoyens pauvres et ruinés. Que ceux qui veulent réparer leurs pertes et rentrer dans leurs biens tiennent surtout compte, dans celui qui doit les conduire, de ce qu'il a perdu lui-même, de ce qui lui reste, de ce qu'il est capable d'oser. A des misérables, il faut un chef misérable et audacieux, qui marche à leur tête" (pro Murena, 25). Cicéron nous dit que ce langage frappa Rome de terreur. Ce n'était pas celui des agitateurs ordinaires, et même ceux qui avaient dit à peu près les mêmes choses les disaient d'un autre ton. En parlant ainsi, Catilina répudie la tradition des Gracques, ces démagogues du grand monde ; il se sépare avec éclat de César et de Crassus, qu'il déclare impropres à soutenir la cause populaire ; il tient à marquer l'originalité de son oeuvre. Il ne s'adresse plus, comme ses prédécesseurs, aux passions politiques c'est un mouvement social qu'il veut soulever. Mais qui sont les "misérables" sur lesquels il insiste avec tant de complaisance, et dont il tient à se déclarer le chef ? Aujourd'hui, nous ne serions pas en peine pour le dire. L'idée nous viendrait tout de suite qu'il veut parler de ces gens si nombreux dans notre société, qui vivent péniblement de leur salaire quotidien, ouvriers des ateliers, des fabriques, des manufactures, employés du petit commerce, travailleurs des champs, qui, après avoir été longtemps les opprimés, sont en train de devenir les maîtres, et seront demain peut-être les oppresseurs. Mais n'oublions pas que nous sommes à Rome, où il y a peu de commerce et presque pas d'industrie, que, dans ces pays d 'esclavage, où le travail manuel est déconsidéré, parmi ces aristocrates dédaigneux, on se moque volontiers de ces pauvres gens qui restent tout le jour sur leur chaise (sellularii) (Tite-Live, VIII, 20), en face de leur travail, et font de mauvais soldats. Ce n’est pas pour eux que Catilina risquerait sa vie. Ceux qu'il appelle des "misérables" sont les gens ruinés, sans ressources, qui ont fait des dettes et ne peuvent pas les payer. Cicéron nous dit qu'il n'y en a jamais eu autant à Rome qu'à cette époque (De officiiis, II, 24 : voyez aussi Salluste, 16) ; il s'en trouve à tous les rangs de la société. En bas, sont les victimes de la petite usure, ces paysans qu'on a peu à peu chassés de leur champ, ces colons, à qui l'un a distribué des terres, mais qui n'ont pas su les cultiver, et sont vite devenus la proie des usuriers de village, les plus malhonnêtes et les plus cruels de tous. Manlius s'est fait leur interprète dans cette lettre à Q . Marcius Rex, dont il vient d'être question. Quand à Catilina, on comprend qu'il s'intéresse surtout aux "misérables" du grand monde, ces blessés de la vie comme Cicéron les appelle, qui ont connu l'opulence, ce qui leur rend la détresse plus pénible. Comme ils ont mené grandement l'existence, qu'ils étaient joueurs, prodigues, débauchés, ils ont eu bientôt fait de dissiper leur patrimoine et de perdre leur crédit. C'est à ceux-là que songe Catilina dans ses discours, et ils l'écoutent avec transport parce qu'il leur apporte le moyen de refaire d'un seul coup leur fortune. Comment espère-t-il y arriver ? Il n'a jamais varié dans les moyens qu'il indique. Comme il sait que ceux qui possèdent le pouvoir et la fortune ne se laisseront pas dépouiller sans résister, il ne peut espérer réussir que par la violence. Ses moyens de succès sont l'assassinat et l'incendie. Voici, dans ses détails, le dernier plan qu'il ait imaginé, tel qu'il l'envoyait à ses complices de Rome, par un de ses émissaires, T. Volturcius, qui se fit prendre au pont Mulvius. (On verra plus loin comment Volturcius ayant obtenu la promesse de n’être pas poursuivi révéla tout au Sénat) Catilina devait amener ses troupes de Faesule jusque sous les murs de la ville (Il y a, à ce propos, une phrase de Salluste qui n'est pas claire ; il y est dit que les conjurés de Rome doivent se mettre en mouvement quand Catilina sera arrivé à Faesulae avec son armée, eum in agrum Faesulanum cum exercitu venisset (43) mais on savait très bien qu'il y était déjà depuis quelques jours. Dietsch, dans son édition de Salluste, propose de lire in agrum Carsulanum, du nom d'une ville plus rapprochée de Rome, c'est-à-dire quand on saura que Catilina s'est mis en route. Peut-être serait-il plus simple, pour arriver au même sens, de lire cum ex agro Faesulano venisset, c'est-à-dire quand il aura quitté Faesulae, qu’il sera en train de se diriger sur Rome et qu'il en approchera) ; il en occuperait les portes au moment même où les conjurés mettraient le feu à Rome. Tout était préparé et réglé d'avance. L’incendie devait être allumé dans douze quartiers différents, de façon que tout flambât à la fois. Plutarque ajoute qu'on devait tuer tous ceux qui essayeraient de l'éteindre, et, pour leur en ôter le moyen, boucher les prises d'eau. Il était facile de profiter du tumulte et de l'épouvante générale pour frapper les gens dont on voulait se défaire. Chacun avait ses victimes désignées ; Céthégus s'était chargé de Cicéron. Pendant ce temps, les soldats de Catilina arrêteraient ceux qui tenteraient de fuir, en sorte que personne ne pourrait échapper. La besogne ainsi mise en train, les conjurés de l'intérieur se réuniraient à ceux qui entouraient la ville, et tous s'avançant ensemble, la curée commencerait.
Je sais bien que l'atrocité du projet a fait naître des doutes sur sa réalité ; on a cru y voir ou bien une invention de l'imagination populaire affolée par la peur, ou quelque manoeuvre des ennemis de Catilina qui ont exagéré la faute pour faire excuser la rigueur de la répression. Mais je ne crois pas qu'ici ces hypothèses puissent être acceptées. Non seulement tous les écrivains de l'antiquité rapportent ces projets sinistres et donnent sur eux des détails précis, mais Cicéron les a reprochés à Catilina lui-même en plein Sénat, dans une séance solennelle (Cic. Cat. I, 3), et nous ne voyons pas que Catilina s'en soit défendu. Le lendemain, quand il venait de partir, Cicéron a repris les mêmes accusations, en présence de ses complices, qu'il semblait désigner de son geste vengeur : "Je les vois, disait-il, ceux qui ont réclamé pour eux cet horrible office comme un honneur" (Cic. Cat. II, 3). Aurait-il parlé avec tant d'assurance s'il avait craint d’être démenti ? Quelques jours plus tard, dans le sénatus-consulte où l'on décrétait des supplications aux dieux à propos de l'affaire des Allobroges, Cicéron était remercié solennellement "d'avoir préservé la ville et ses citoyens du massacre et de l'incendie" (Cic. Cat.III, 6). Il semble bien qu'à ce moment personne ne doutât des crimes dont le consul accusait Catilina, et même ce qu'ils avaient d'excessif et presque de grandiose, et qui a fait naître de nos jours quelques défiances, paraissait convenir tout à fait à celui dont Salluste nous dit "que son âme vaste nourrissait sans cesse des projets démesurés, incroyables, gigantesques" (Salluste, 5 : vastus animus immoderata, incredibilia, nimis alta semper cupiebat.) A la vérité, ceux qui se refusent à l'en croire capable répondent qu'il n'était pas homme à commettre des crimes inutiles et qu'ils ont peine à comprendre de quelle utilité ceux-là étaient pour lui. "Catilina, disait Napoléon III en 1863, ne pouvait méditer une chose aussi insensée : c'eût été vouloir régner sur des ruines et des tombeaux" (Histoire de Jules César, I, 275). Il est probable que six ans plus tard, après la Commune et les événements qui ont suivi, l'auteur de la Vie de César n'aurait pas parlé tout à fait ainsi. Il aurait vu toute une école révolutionnaire employer des moyens terribles, incendier et tuer sans scrupule et au hasard, pour épouvanter la société, et, grâce à ces sinistres avertissements, lui arracher le triomphe de leurs doctrines. On peut croire que c'était aussi le dessein de Catilina. Même quand on prouverait qu'en soi la destruction de quelques maisons et la mort de quelques personnes n'étaient pas pour lui d'un grand profit, il est sûr qu'il y gagnait de faire peur à tout le monde, de paralyser les résistances, de rendre facile le grand bouleversement qu'il préparait. Nous avons trouvé tout à l'heure dans certains de ses propos l'accent des socialistes de nos jours. Ne peut-on pas dire que ces incendies et ces massacres ressemblent de quelque façon aux procédés ordinaires de nos anarchistes ? Ces rapprochements, qui viennent naturellement à l'esprit, font comprendre comment l'histoire d'aujourd'hui explique celle d'autrefois.

LA CONJURATION DE CATILINA PAR GASTON BOISSIER de l'Académie française, PARIS, LIBRAIRIE HACHETTE ET Cie, 79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 1905.

a, prép. : + Abl. : à partir de, après un verbe passif = par
ab
, prép. : + Abl. : à partir de, après un verbe passif = par
ac
, conj. : et, et aussi
ad
, prép. : + Acc. : vers, à, près de
aes, aeris,
n. : le bronze, l'argent.(aes alienum : la dette)
alienus, a, um
: 1. d'autrui, étranger 2. éloigné, déplacé, désavantageux
alius, a, ud
: autre, un autre
amitto, is, ere, misi, missum
: perdre
anima, ae
, f. : le coeur, l'âme
argentum, i
, n. : l'argent, la monnaie, l'argenterie
arma, orum
, n. : les armes
armatus, a, um
: en armes, armé
at
, conj. : mais
atque
, conj. : et, et aussi
aut
, conj. : ou, ou bien
bellum, i
, n. : la guerre
bonus, a, um
: bon (bonus, i : l'homme de bien - bona, orum : les biens)
C
, = Caius, ii, m. : abréviation.
capio, is, ere, cepi, captum
: prendre
causa, ae
, f. : la cause, le motif; l'affaire judiciaire, le procès; + Gén. : pour
certamen, inis,
n. : le combat, la lutte, le conflit
civis, is
, m. : le citoyen
consulo, is, ere, sului, sultum
: 1. délibérer, prendre des mesures, avoir soin de, veiller à 2. consulter
contra
, adv : au contraire, en face ; prép+acc : contre
corpus, oris,
n. : le corps
crudelitas, atis
, f. : la cruauté, la dureté, l'inhumanité.
cum
, inv. :1. Préposition + abl. = avec 2. conjonction + ind. = quand, lorsque, comme, ainsi que 3. conjonction + subj. : alors que
decretum, i
, n. : la décision, le décret
deus, i
, m. : le dieu
divitiae, arum
, f. : les biens, les richesses, la fortune.
dominor, aris, ari
: 1 - être maître, dominer, commander, régner. - 2 - sens passif : être gouverné, être gouverné.
dum
, conj. : 1. + ind. = pendant que, jusqu'à ce que 2. + subj. : pourvu que, le temps suffisant pour que
eam
, 1. accusatif féminin singulier de is, ea, id = la (pronom), ce, cette 2. 1ère pers. sing. du subjonctif présent de eo, is, ire : aller
egens, entis
: 1 - qui est dépourvu de, qui manque de, dénué de, privé de. - 2 - indigent, pauvre, nécessiteux. - 3 - qui sent le besoin, désireux.
eius
, génitif singulier de is, ea, id : ce, cette, son, sa, de lui, d'elle
eripio, is, ere, ere, ripui, reptum
: 1 - tirer brusquement hors de, mettre dehors, faire sortir, arracher, retirer, emporter. - 2 - ôter, enlever de force, arracher de force, ravir. - 3 - intercepter, empêcher. - 4 - délivrer de, affranchir. - 5 - obtenir de force, arracher. - 6 - enlever par une mort prématurée.
ex
, prép. : + Abl. : hors de, de
expers, ertis
: qui n'a pas de part à, privé, dépourvu
facio, is, ere, feci, factum
: faire
faenerator, oris
, m. : celui qui prête à intérêt, l'usurier.
fama, ae,
f. : la nouvelle, la rumeur, la réputation
forent, = essent
fortuna, ae
, f. : la fortune, la chance
gero, is, ere, gessi, gestum
: tr. - 1 - porter, qqf. transporter. - 2 - produire, enfanter. - 3 - au fig. porter, contenir, avoir en soi, entretenir (un sentiment). - 4 - faire (une action); exécuter, administrer, gouverner, gérer, conduire, exercer; au passif : avoir lieu. - 5 - passer (le temps). - 6 - avec ou sans se : se conduire, se comporter; jouer le rôle de, agir en.
habeo, es, ere, bui, bitum
: avoir (en sa possession), tenir (se habere : se trouver, être), considérer comme
hic, haec, hoc
: adj. : ce, cette, ces, pronom : celui-ci, celle-ci
homo, minis
, m. : l'homme, l'humain
huiusce, = huius
(génitif de hic, haec, hoc)
imperator, oris, m. : le général, l'empereur
imperium, ii
, n. : le pouvoir (absolu)
iniquitas, atis
, f. : 1. l'inégalité 2. le désavantage, la difficulté, le malheur 3. l'injustice
iniuria, ae
, f. : 1 - le procédé injuste, l'acte contraire au droit, l'injustice. - 2 - le procédé offensant, l'outrage, l'affront, l'offense, l'injure. - 3 - le tort, le préjudice, le dommage, la lésion. - 4 - la dureté (injuste), la sévérité (injuste), la rigueur (injuste). - 5 - l'objet pris injustement
inopia, ae
, f. : 1 - le manque, la disette, le défaut, l'absence de, la privation. - 2 - le besoin, la pauvreté, la misère, la détresse.
inpono, is, ere, sui, situm
: placer sur, assigner, imposer
inter
, prép. : + Acc. : parmi, entre
ipse, a, um
: (moi, toi, lui,...) même
legatus, i
, m. : le légat, l'envoyé, l'ambassadeur
lex, legis
, f. : la loi, la (les) condition(s) d'un traité
liberi, orum
, m. pl. : les enfants (fils et filles)
libertas, atis
, f. : la liberté
liceo
, v. impers. : il est permis ; conj. + subj. : bien que
magistratus, us
, m. : la charge, la fonction publique, la magistrature
magnitudo, dinis
, f. : la grande taille, la grandeur
maior, oris
: comparatif de magnus. plus grand. maiores, um : les ancêtres)
mandatum, i
, n. : 1 - la charge, la commission, le mandat. - 2 - la recommandation. - 3 - la volonté suprême (d'un mourant). - 4 - le mandat, le contrat dont l'inexécution donnait lieu à un procès. - 5 - le rescrit, l'ordre de l'empereur. - 6 - le commandement
Manlius, i
, m. : Manlius (nom d'homme)
Marcius,
i, m. : Marcius
maxumus, a, um
: très grand = maximus
memoria, ae
, f. : 1. la mémoire 2. le souvenir 3. l'époque 4. la relation (d'une chose)
miser, a, um : 1 - malheureux, misérable, digne de pitié. - 2 - triste, déplorable, lamentable. - 3 - qui fait souffrir, violent, extravagant, excessif. - 4 - malade, souffrant. - 5 - misérable, coupable.
misereor, eris, eri , miser(i)tus
:: avoir compassion, pitié
mitto, is, ere, misi, missum
: I. 1. envoyer 2. dédier 3. émettre 4. jeter, lancer II. laisser aller, congédier
modus, i
, m. : 1 - la mesure, la dimension, la proportion; l'étendue, l'extension; la quantité; la hauteur, la longueur; le contour, le tour, la circonférence. - 2 - la mesure (objet qui sert à évaluer les quantités). - 3 - la mesure, le rythme, la cadence (musicale, oratoire), la mélodie, le chant, le mode musical, la musique. - 4 - la mesure, la règle, la loi, la prescription; la juste mesure, la modération. - 5 - les bornes, les limites, la fin, le terme. - 6 - la manière, la façon, le procédé, la méthode, le genre, la sorte, le mode. - 7 - le mode, la forme (t. de gram.).
mortalis, e
: mortel
mos, moris
, m. : sing. : la coutume ; pl. : les moeurs
ne
, 1. adv. : ... quidem : pas même, ne (défense) ; 2. conj. + subj. : que (verbes de crainte et d'empêchement), pour que ne pas, de ne pas (verbes de volonté) 3. adv. d'affirmation : assurément 4. interrogatif : est-ce que, si
necessitudo, inis
, f. : la fatalité, la force des choses, l'obligation des choses; les liens de parenté, les liens d'amitié
nemo, neminis
: personne, nul... ne, personne
neque
, adv. : et ne pas
nisi
, conj. : si... ne... pas ; excepté
non
, neg. : ne...pas
nos, nostrum
: nous, je
noster, tra, trum
: adj. notre, nos pronom : le nôtre, les nôtres
novissume
, tout récemment, finalement
numerus, i,
m. : 1 - le nombre, la quantité, la foule, la multitude. - 2 - la compagnie, la cohorte, la légion, la troupe. - 3 - l'ordre, l'arrangement, la règle. - 4 - la valeur, le compte, le titre. - 5 - la classe, la catégorie, la corporation, le rang, la considération, le titre, la qualité. - 6 - la mesure (t. de musique), la cadence, le rythme, l'ordre, le ton, l'air, l'harmonie; la convenance. - 7 - la partie d'un tout : le pied métrique, le mètre, le vers.
obtestor, aris, ari
: attester, supplier, conjurer
omnis, e :
tout
opitulor, aris, atus sum
: secourir, porter secours, assister, aider
pater, tris
, m. : le père, le magistrat
patria, ae
, f. : la patrie
patrimonium, i
, n. : le patrimoine, le bien de famille
pereo, is, ire, ii, itum
: périr
periculum, i
, n. : 1. l'essai, l'expérience 2. le danger, le péril
permoveo, es, ere, movi, motum
: agiter, remuer, ébranler, toucher
peto, is, ere, i(v)i, itum
: 1. chercher à atteindre, attaquer, 2. chercher à obtenir, rechercher, briguer, demander
plebs, plebis
, f. : la plèbe
plerique, aeque, aque
: la plupart
praesidium, ii
, n. : le lieu où se tiennent les troupes : le poste d'observation, le poste de défense; la citadelle, le fort, la position (fortifiée), le camp; le poste confié à un soldat.
praetor, oris
, m. : le préteur
propter
, prép + acc. : à cause de, à côté
quaero, is, ere, si(v)i, situm
: chercher, demander
quam
, 1. accusatif féminin du pronom relatif = que 2. accusatif féminin sing de l'interrogatif = quel? qui? 3. après si, nisi, ne, num = aliquam 4. faux relatif = et eam 5. introduit le second terme de la comparaison = que 6. adv. = combien
quarum
, 1. G. F. PL du relatif 2. idem de l'interrogatif ou de l'exclamatif 3. faux relatif = et earum 4. après si, nisi, ne, num = aliquarum
qui
, 1. nominatif masculin singulier ou nominatif masculin pluriel du relatif 2. idem de l'interrogatif 3. après si, nisi, ne, num = aliqui 4. faux relatif = et ei 5. interrogatif = en quoi, par quoi
quisnam, quaenam, quidnam
: qui donc ?, quoi donc ?
quisquam, quaequam, quidquam (quic-)
: quelque, quelqu'un, quelque chose
quo
, 1. Abl. M. ou N. du pronom relatif. 2. Abl. M. ou N. du pronom ou de l'adjectif interrogatif. 3. Faux relatif = et eo. 4. Après si, nisi, ne, num = aliquo. 5. Adv. =où ? (avec changement de lieu) 6. suivi d'un comparatif = d'autant 7. conj. : pour que par là
quod
, 1. pronom relatif nom. ou acc. neutre singulier : qui, que 2. faux relatif = et id 3. conjonction : parce que, le fait que 4. après si, nisi, ne, num = aliquod = quelque chose 5. pronom interrogatif nom. ou acc. neutre sing. = quel?
res, rei
, f. : la chose, l'événement, la circonstance, l'affaire judiciaire; les biens
restituo, is, ere, tui, tutum
: remettre debout, reconstruire, restaurer; restituer, rendre
rex, regis
, m. : le roi (Rex, Regis : Rex)
Roma, ae
, f. : Rome
Romanus, a, um
: Romain (Romanus, i, m. : le Romain)
saepes, is
, f. : la haie
saevitia, ae
, f. : la fureur, la violence, la dureté, la cruauté
sanguis, inis
, m. : le sang, la vigueur
secedo, is, ere, cessi, cessum
: 1 - s'éloigner, se séparer. - 2 - se retirer, aller à l'écart, chercher la retraite, se réfugier. - 3 - se séparer, rompre avec.
sed
, conj. : mais
senatus, us
, m. : le sénat
simul
, inv. : adv. en même temps, conj : dès que
solvo, is, ere, ui, utum
: 1. détacher, dénouer, détacher (- navem = lever l'ancre) 2. payer, acquitter 3. désagréger, rompre 5. relâcher, amollir
studium, ii
, n. : 1. le zèle, l'ardeur 2. l'affection, l'attachement 3. l'intérêt, la passion, l'étude
sum, es, esse, fui
: être
superbia, ae
, f. : 1 - l'orgueil, l'arrogance, le dédain, la hauteur, la présomption; la tyrannie, le despotisme. - 2 - la noble fierté, la légitime fierté, la noblesse, la grandeur d'âme. - 3 - Vitr. l'éclat (d'une couleur).
suus, a, um
: adj. : son; pronom : le sien, le leur
tantus, a, um
: si grand ; -... ut : si grand... que
testor, aris, ari
:1. témoigner 2. prendre à témoin, attester, démontrer 3. faire son testament
tu, tui
: tu, te, toi
tutus, a, um
: en sécurité, sûr
ulciscor, eris, i, ultus sum
: venger, se venger
ut
, conj. : + ind. : quand, depuis que; + subj; : pour que, que, de (but ou verbe de volonté), de sorte que (conséquence) adv. : comme, ainsi que
uti, = ut
utor, eris, i, usus sum
: utiliser
violentia, ae
, f. : la violence, la fougue, l'emportement
volens, entis
: qui veut bien, de son plein gré, bénévole, bienveillant
voster, tra, trum
: votre
texte
texte
texte
texte