Aristote : Histoire des Animaux

ARISTOTE

HISTOIRE DES ANIMAUX. TOME DEUX

LIVRE VI. chapitres I à X - XI à XX - XXI à XXX

Traduction française : BARTHÉLEMY SAINT-HILAIRE.

LIVRE V - LIVRE VII

 

 

HISTOIRE DES ANIMAUX.

LIVRE SIXIÈME.

 

 

 

 

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CHAPITRE XI.

Des cétacés vivipares et à évent; le dauphin, la baleine; nombre de leurs petits; le marsouin; ses rapports avec le dauphin; description des petits du dauphin; durée de la vie du dauphin; moyen qu'emploient les pécheurs pour constater l'âge des dauphins; le phoque, animal amphibie et vivipare; production et nombre de ses petits; il a des mamelles et du lait; il produit par toutes les saisons; sa manière d'élever ses petits; le phoque n'a pas précisément de pieds ; sa constitution charnue rend très difficile de le tuer; voix du phoque, pareille au mugissement d'un bœuf; de la matrice du phoque. — Résumé sur les aquatiques vivipares.

1 Δελφὶς δὲ καὶ φάλαινα καὶ τὰ ἄλλα κήτη, ὅσα μὴ ἔχει βράγχια ἀλλὰ φυσητῆρα, ζῳοτοκοῦσιν, ἔτι δὲ πρίστις καὶ βοῦς· οὐδὲν γὰρ τούτων φαίνεται ἔχον ᾠά, ἀλλ´ εὐθέως κύημα, ἐξ οὗ διαρθρουμένου γίνεται τὸ ζῷον, καθάπερ ἄνθρωπος καὶ τῶν τετραπόδων τὰ ζῳοτόκα. 2 Τίκτει δ´ ὁ μὲν δελφὶς τὰ μὲν πολλὰ ἕν, ἐνίοτε δὲ καὶ δύο· ἡ δὲ φάλαινα ἢ δύο τὰ πλεῖστα καὶ πλεονάκις, ἢ ἕν. Ὁμοίως δὲ τῷ δελφῖνι καὶ ἡ φώκαινα· καὶ γάρ ἐστιν ὅμοιον δελφῖνι μικρῷ, γίνεται δ´ ἐν τῷ Πόντῳ. Διαφέρει δὲ φώκαινα δελφῖνος· ἔστι γὰρ τὸ μέγεθος ἔλαττον, εὐρύτερον δ´ ἐκ τοῦ νώτου· τὸ χρῶμα ἔχει κυανοῦν. Πολλοὶ δὲ δελφίνων τι γένος εἶναί φασι τὴν φώκαιναν. 3  Ἀναπνεῖ δὲ πάντα ὅσα ἔχει φυσητῆρα, καὶ δέχεται τὸν ἀέρα· πλεύμονα γὰρ ἔχουσιν. Καὶ ὅ γε δελφὶς ὦπται, ὅταν καθεύδῃ, ὑπερέχων τὸ ῥύγχος, καὶ ῥέγχει καθεύδων. Ἔχει δ´ ὁ δελφὶς καὶ ἡ φώκαινα γάλα, καὶ θηλάζονται· καὶ εἰσδέχονται δὲ τὰ τέκνα μικρὰ ὄντα.

4 Τὴν δ´ αὔξησιν τὰ τέκνα τῶν δελφίνων ποιοῦνται ταχεῖαν· ἐν ἔτεσι γὰρ δέκα μέγεθος λαμβάνουσι τέλεον. Κύει δὲ δέκα μῆνας. Τίκτει δ´ ὁ δελφὶς ἐν τῷ θέρει, ἐν ἄλλῃ δ´ ὥρᾳ οὐδεμιᾷ· συμβαίνει δὲ καὶ ἀφανίζεσθαι αὐτὸν ὑπὸ κύνα περὶ τριάκονθ´ ἡμέρας. Παρακολουθεῖ δὲ τὰ τέκνα πολὺν χρόνον, καὶ ἔστι τὸ ζῷον φιλότεκνον. Ζῇ δ´ ἔτη πολλά· δῆλοι γὰρ ἔνιοι γεγόνασι βιοῦντες οἱ μὲν πλείω ἔτη ἢ πέντε καὶ εἴκοσιν, οἱ δὲ τριάκοντα· ἀποκόπτοντες γὰρ ἐνίων τὸ οὐραῖον οἱ ἁλιεῖς ἀφιᾶσιν, ὥστε τούτῳ γνωρίζουσι τοὺς χρόνους αὐτῶν.

5 Ἡ δὲ φώκη ἐστὶ τῶν ἐπαμφοτεριζόντων ζῴων· οὐ δέχεται μὲν γὰρ τὸ ὕδωρ, ἀλλ´ ἀναπνεῖ καὶ καθεύδει καὶ τίκτει ἐν τῇ γῇ μέν, πρὸς αἰγιαλοῖς δέ, ὡς οὖσα τῶν πεζῶν, διατρίβει δὲ τοῦ χρόνου τὸν πολὺν καὶ τρέφεται ἐκ τῆς θαλάττης, διὸ μετὰ τῶν ἐνύδρων περὶ αὐτῆς λεκτέον. Ζῳοτοκεῖ μὲν οὖν εὐθὺς ἐν αὑτῇ, καὶ τίκτει ζῷα, καὶ χόριον καὶ τἆλλα προΐεται ὥσπερ πρόβατον. [567b] Τίκτει δ´ ἓν ἢ δύο, τὰ δὲ πλεῖστα τρία. Καὶ μαστοὺς δ´ ἔχει δύο καὶ θηλάζεται ὑπὸ τῶν τέκνων καθάπερ τὰ τετράποδα. Τίκτει δ´ ὥσπερ ἄνθρωπος πᾶσαν ὥραν τοῦ ἔτους, μάλιστα δ´ ἅμα ταῖς πρώταις αἰξίν.  6 Ἄγει δὲ περὶ δωδεκαταῖα ὄντα τὰ τέκνα εἰς τὴν θάλατταν πολλάκις τῆς ἡμέρας, συνεθίζουσα κατὰ μικρόν· τὰ δὲ κατάντη φέρεται, ἀλλ´ οὐ βαδίζει, διὰ τὸ μὴ δύνασθαι ἀπερείδεσθαι τοῖς ποσίν. Συνάγει δὲ καὶ συστέλλει ἑαυτήν· σαρκῶδες γάρ ἐστι καὶ μαλακόν, καὶ ὀστᾶ χονδρώδη ἔχει. Ἀποκτεῖναι δὲ φώκην χαλεπὸν βιαίως, ἐὰν μή τις πατάξῃ παρὰ τὸν κρόταφον· τὸ γὰρ σῶμα σαρκῶδες αὐτῆς ἐστιν. 7 Ἀφίησι δὲ φωνὴν ὁμοίαν βοΐ. Ἔχει δὲ καὶ τὸ αἰδοῖον ἡ θήλεια ὅμοιον προβάτῳ, πάντα δὲ τἆλλα γυναικί.

8 Περὶ μὲν οὖν τῶν ἐνύδρων καὶ ζῳοτοκούντων ἢ ἐν αὑτοῖς ἢ ἔξω ἡ γένεσις καὶ τὰ περὶ τὸν τόκον τοῦτον ἔχει τὸν τρόπον.

1 Le dauphin et la baleine, ainsi que les autres cétacés, qui ont un tuyau, ou évent, au lieu de branchies, sont vivipares. La scie, ou pristis, et le bœuf-marin le sont également. Il ne paraît pas qu'aucun de ces animaux ait d'œuf; mais ils ont immédiatement un embryon qui, en se développant, devient l'animal qu'ils produisent, comme on le voit chez l'homme et chez tous les quadrupèdes vivipares. 2  En général, le dauphin ne produit qu'un seul petit; rarement, deux. La baleine en a ordinairement deux au plus; mais elle en a deux plus souvent qu'un. Le marsouin est comme le dauphin, auquel il ressemble en petit. Il habite le Pont. Le marsouin diffère du dauphin, d'abord en ce qu'il est moins gros; il a aussi le dos plus large; et sa couleur est bleu foncé. Bien des gens soutiennent que le marsouin n'est qu'une variété du dauphin. 3  Tous les poissons pourvus d'un évent et qui reçoivent l'air, peuvent respirer, puisqu'ils ont un poumon. On voit le dauphin, tout en dormant, tenir son museau hors de l'eau ; et quand il dort, il ronfle. Le dauphin et le marsouin ont du lait; leurs petits les tètent; et tant que les petits ne sont pas trop grands, ils les  font rentrer dans leur intérieur.

4 Les petits des dauphins prennent une croissance très rapide. En dix ans, ils acquièrent leur développement complet. La femelle porte dix mois. Elle produit en été, et jamais dans aucune autre saison. Quelquefois, le dauphin disparaît durant la canicule, pour une trentaine de jours. Ses petits le suivent pendant très longtemps ; et cet animal aime beaucoup sa progéniture. Le dauphin a une longue existence; on en a vu vivre jusqu'à vingt-cinq ans et même trente. Les pêcheurs coupent la queue de quelques-uns et les laissent aller, assurés de connaître par là quel âge ils peuvent avoir.

5  Le phoque doit compter parmi les animaux amphibies; il ne reçoit pas le liquide; mais il respire, et il dort. Il fait ses petits à terre, sur les bords de l'eau, comme un animal terrestre; mais il reste la plus grande partie du temps dans la mer, et il en tire sa nourriture. Aussi, doit-on en parler en traitant des animaux aquatiques. Le phoque est vivipare immédiatement en lui-même ; il produit des petits tout vivants; il a le chorion et toutes les autres excrétions, comme la brebis. [567b] Il a un ou deux petits, trois au plus. Il est pourvu de mamelles; et ses petits le tètent, comme le fout les quadrupèdes. Ainsi que l'homme, il produit par toutes les saisons de l'année, mais surtout au temps où naissent les premières chèvres. 6 Quand les petits ont douze jours, il les mène à la mer plusieurs fois par jour, afin de les y accoutumer peu à peu. Les jeunes phoques s'y roulent en rampant; car ils ne marchent pas, parce qu'ils ne peuvent pas s'appuyer sur leurs pieds. Le phoque se ramasse et se porte ainsi, parce qu'il est charnu et très souple, ses os étant de simples cartilages. Il est difficile de tuer le phoque d'un seul coup, à moins de le frapper à la tempe; et cela tient à l'épaisseur de la chair dans le reste du corps .7  La voix du phoque rappelle le mugissement du bœuf. La femelle a la matrice pareille à celle de la raie ; et le reste de cette partie de son organisation se rapproche de celle de la femme.

8 Voilà donc quelle est la génération des animaux aquatiques qui font des petits vivants, soit dans leur intérieur, soit au dehors; et voilà aussi ce que sont les petits qu'ils produisent.

§ 1. Le dauphin et la baleine. L'un et l'autre sont des cétacés ordinaires, de l'ordre des souffleurs.

Un tuyau, ou évent. Il n'y a qu'un seul mot dans le texte.

Sont vivipares. La science moderne ajouterait : « Et mammifères ».

La scie, ou pristis. J'ai reproduit le mot grec. La scie fait partie des sélaciens : voir Cuvier, Règne animal, t. II, p. 394.

Le bœuf marin. Le texte dit simplement: « Le bœuf». On ne sait pas au juste de quel animal il s'agit; on voit seulement que c'est un sélacien, puisqu'il est joint à la scie ; voir le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer,tome I, p. 146. Ailleurs, liv. V, ch. iv, § 3, le bœuf-marin est encore cité parmi les sélaciens; mais comme ici il est nommé après le dauphin et la baleine, on pourrait croire aussi que c'est un cétacé.

§ 2. Ne produit qu'un seul petit. Le fait paraît exact, ainsi que pour la baleine.

Le marsouin est comme le dauphin. Le marsouin ne diffère en effet du dauphin que par la conformation du museau; c'est un cétacé ordinaire.

Le dos plus large. La science moderne a reconnu d'autres différences plus caractéristiques.

Sa couleur est bleu foncé. Ceci ne paraît pas très exact; et la couleur paraît plutôt noire.

N'est qu'une variété du dauphin. Ceci est parfaitement exact; et dans le Régne animal de Cuvier, tome I, p. 289, le marsouin vient immédiatement après le dauphin, dont il se distingue à peine, Delphinus Phocœna. Parmi les cétacés carnivores, les dauphins et les marsouins sont les uns et les autres d'une même famille, celle des Delphinides; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 1041.

§ 3. Puisqu'ils ont un poumon. Au lieu de branchies, comme d'autres poissons. Il faut voir dans Cuvier, Règne animal, t. I, p. 285, la description de l'appareil respiratoire chez les Souffleurs.

Et quand il dort, il ronfle. La zoologie moderne ne paraît pas avoir fait d'observations de ce genre. Voir plus haut, liv. IV, ch. x, § 8.

Leurs petits les tettent. C'est qu'en effet ces cétacés sont mammifères.

Ils les font rentrer dans leur intérieur. Il paraît que ceci est tout à fait inexact, tout au moins pour le dauphin.

§ 4. très rapide. Ceci semble en contradiction avec ce qui suit, puisque la croissance ne s'accomplit qu'en dix ans. Par une conjecture ingénieuse, MM. Aubert et Wimmer croient que les dix années se réduisent à quatre. Quant au fait en lui-même, la zoologie moderne ne paraît pas avoir fait d'observatione sur ce point, qu il serait cependant assez facile d'élucider.

Elle produit en été. Il paraît qu'effectivement c'est au mois d'août, pour mettre bas au mois de juin suivant.

§ 5. Parmi les animaux amphibies. C'est également dans cet ordre que la science moderne classe les phoques avec les morses; ce sont des mammifères amphibies.

Il ne reçoit pas le liquide. C'est exact; mais il peut, grâce à une organisation particulière, rester assez longtemps sous l'eau; voir Cuvier, Règne animal, tome I, p. 167; et la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 1072.

Il en tire sa nourriture. Le phoque ne vit que de poisson; et c'est toujours dans l'eau qu'il mange sa proie.

En traitant des animaux aquatiques. Voir plus haut, liv, II, ch. i, § 2; et plus loin, liv. VIII, ch. II. § 3.

Toutes les autres excrétions, comme la brebis. Ceci est bien vague ; voir, à la table des matières, tout ce qu'Aristote a dit du Mouton et de la Brebis.

Il est pourvu de mamelles. Cest exact; et on peut ajouter que ces mamelles sont au nombre de quatre.

Les premières chèvres. Il est probable qu'il y a ici quelque altération dans le texte; mais les manuscrits ne fournissent aucun moyen de le corriger.

§ 6. Quand les petits ont douze jours. Ces détails paraissent fort exacts.

S'y roulent en rampant. Cette expression représente assez bien le mode de locomotion de ces animaux, dont les pieds sont trop imparfaits pour qu'ils puissent s'en servir, comme le font d'autres animaux; chaque pied du phoque a cinq doigts; voir Cuvier, Règne animal, tome I, p. 166.

Ses os étant de simples cartilages. C'est une erreur de fait; et l'on doit s'étonner qu'Aristote l'ait commise, puisque le fait était très facile à vérifier. Peut-être est-ce une interpolation.

Il est difficile C'est là un détail que les pécheurs avaient pu constater assez souvent.

§ 7. La voix du phoque. Cette observation est exacte, comme le sont presque toutes celles qui précèdent; voir plus haut sur la conformation du phoque, liv. II, ch. I, § 11.

De la raie. Le mot grec est Batis, qui indique un se-lacien du genre de la raie ; mais on ne peut supposer que le texte original soit ici tout à fait pur. MM. Aubert et Wimmer, tout en gardant « Batis » dans leur texte, traduisent par le mot Vache; et il est certain qu'après la mention qui vient d'être faite du bœuf, on attend la vache plutôt que la raie. Ce qui suit semble confirmer cette conjecture.

§ 8. Voilà donc... Résumé un peu trop général pour ce qui précède; ce pourrait bien être une interpolation.

 

 

CHAPITRE XII.

Des poissons ovipares; forme de leurs œufs; en général leurs œufs viennent d'accouplement; il y a quelques exceptions; les phoxins; prodigieuse quantité des œufs des poissons; le mâle les arrose de sa liqueur séminale, ou les dévore; œufs des mollusques ; lieux où les poissons frayent de préférence ; embouchure du Thermodon; ponte des poissons ovipares une fois par an; sortie et éclosion des œufs; formation du petit; différences des poissons et des larves; les petits sont d'abord des têtards; le fucus, substance singulière qui se trouve dans l'Hellespont.

1 Οἱ δ´ ᾠοτοκοῦντες τῶν ἰχθύων τὴν μὲν ὑστέραν δικρόαν ἔχουσι καὶ κάτω, καθάπερ ἐλέχθη πρότερον (ᾠοτοκοῦσι δὲ πάντες οἵ τε λεπιδωτοί, οἷον λάβραξ, κεστρεύς, κέφαλος, ἐτελίς, καὶ οἱ λευκοὶ καλούμενοι πάντες, καὶ οἱ λεῖοι πλὴν ἐγχέλυος), 2 ᾠὸν δ´ ἴσχουσι ψαθυρόν. Τοῦτο δὲ φαίνεται διὰ τὸ τὴν ὑστέραν εἶναι πλήρη πᾶσαν ᾠῶν, ὥστ´ ἔν γε τοῖς μικροῖς τῶν ἰχθύων δοκεῖν ᾠὰ μόνον εἶναι δύο· διὰ τὴν μικρότητα γὰρ καὶ τὴν λεπτότητα ἄδηλος ἐν αὐτοῖς ἡ ὑστέρα. 3 Περὶ μὲν οὖν τῆς ὀχείας πάντων τῶν ἰχθύων εἴρηται πρότερον. Εἰσὶ δὲ τῶν ἰχθύων οἱ μὲν πλεῖστοι ἄρρενες καὶ θήλεις, περὶ δ´ ἐρυθρίνου καὶ χάννης ἀπορεῖται· πάντες γὰρ ἁλίσκονται κυήματα ἔχοντες. Συνίσταται μὲν οὖν καὶ ὀχευομένων ᾠὰ τοῖς συνδυαζομένοις τῶν ἰχθύων, ἴσχουσι δὲ καὶ ἄνευ ὀχείας. Δηλοῦσι δ´ ἔνιοι τῶν ποταμίων· εὐθὺς γὰρ γεννώμενοι ὡς εἰπεῖν καὶ μικροὶ ὄντες οἱ φοξῖνοι κυήματ´ ἔχουσιν. 4 Ἀπορραίνουσι δὲ τὰ ᾠὰ καί, καθάπερ λέγεται, τὰ μὲν πολλὰ οἱ ἄρρενες ἀνακάπτουσι, τὰ δ´ ἀπόλλυται ἐν τῷ ὑγρῷ· ὅσα [568a] δ´ ἂν ἐκτέκωσιν εἰς τοὺς τόπους εἰς οὓς ἐκτίκτουσι, ταῦτα σώζεται· εἰ γὰρ πάντα ἐσώζετο, παμπληθὲς ἂν τὸ γένος ἦν ἑκάστων. Καὶ τούτων δ´ οὐ γίνεται τὰ πολλὰ γόνιμα, ἀλλ´ ὅσα ἂν ἐπιρράνῃ ὁ ἄρρην τῷ θορῷ· ὅταν γὰρ ἐκτέκῃ, παρεπόμενος ὁ ἄρρην ἐπιρραίνει ἐπὶ τὰ ᾠὰ τὸν θορόν, καὶ ὅσα μὲν ἂν ἐπιρρανθῇ, ἐκ πάντων γίνεται ἰχθύδια, ἐκ δὲ τῶν ἄλλων ὅπως ἂν τύχῃ.  5 Ταὐτὸ δὲ συμβαίνει τοῦτο καὶ ἐπὶ τῶν μαλακίων· ὁ γὰρ ἄρρην τῶν σηπιῶν, ὅταν ἐκτέκῃ ἡ θήλεια, ἐπιρραίνει τὰ ᾠά. Ὅπερ εὔλογον καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων συμβαίνειν μαλακίων, ἀλλ´ ἐπὶ τῶν σηπιῶν ὦπται ἐν τῷ παρόντι μόνον. 6 Ἐκτίκτουσι δὲ πρὸς τῇ γῇ, οἱ μὲν κωβιοὶ πρὸς τοῖς λίθοις, πλὴν πλατὺ καὶ ψαθυρὸν τὸ ἀποτικτόμενόν ἐστιν. Ὁμοίως δὲ καὶ οἱ ἄλλοι· ἀλεεινά τε γάρ ἐστι τὰ περὶ τὴν γῆν, καὶ τροφὴν ἔχει μᾶλλον, καὶ πρὸς τὸ μὴ κατεσθίεσθαι ὑπὸ τῶν μειζόνων τὰ κυήματα. Διὸ καὶ ἐν τῷ Πόντῳ περὶ τὸν Θερμώδοντα ποταμὸν οἱ πλεῖστοι τίκτουσιν· νήνεμος γὰρ ὁ τόπος καὶ ἀλεεινὸς καὶ ἔχων ὕδατα γλυκέα.

7 Τίκτουσι δ´ οἱ μὲν ἄλλοι τῶν ᾠοτόκων ἰχθύων ἅπαξ τοῦ ἐνιαυτοῦ, πλὴν τῶν μικρῶν φυκίδων· αὗται δὲ δίς. Διαφέρει δ´ ὁ ἄρρην φύκης τῆς θηλείας τῷ μελάντερος εἶναι καὶ μείζους ἔχειν τὰς λεπίδας. Οἱ μὲν οὖν ἄλλοι ἰχθύες γόνῳ τίκτουσι καὶ τὰ ᾠὰ ἀφιᾶσιν· ἣν δὲ καλοῦσί τινες βελόνην, ὅταν ἤδη ὥρα ᾖ τοῦ τίκτειν, διαρρήγνυται, καὶ οὕτω τὰ ᾠὰ ἐξέρχεται. Ἔχει γάρ τινα ὁ ἰχθὺς οὗτος διάφυσιν ὑπὸ τὴν γαστέρα καὶ τὸ ἦτρον, ὥσπερ οἱ τυφλίναι ὄφεις· ὅταν δ´ ἐκτέκῃ, συμφύεται ταῦτα πάλιν.

8 Ἡ δὲ γένεσις ἐκ τοῦ ᾠοῦ ὁμοίως συμβαίνει ἐπί τε τῶν ἔσω ᾠοτοκούντων καὶ ἐπὶ τῶν ἔξω· ἐπ´ ἄκρου τε γὰρ γίνεται καὶ ὑμένι περιέχεται, καὶ πρῶτον διάδηλοι οἱ ὀφθαλμοὶ μεγάλοι καὶ σφαιροειδεῖς ὄντες. Ἧι καὶ δῆλον ὅτι οὐχ ὥσπερ τινές φασιν, ὁμοίως γίνονται τοῖς ἐκ τῶν σκωλήκων γινομένοις· τοὐναντίον γὰρ συμβαίνει ἐπ´ ἐκείνων, τὰ κάτω μείζω πρῶτον, οἱ δ´ ὀφθαλμοὶ καὶ ἡ κεφαλὴ ὕστερον. 9 Ὅταν δ´ ἀναλωθῇ τὸ ᾠόν, [568b] γίνονται γυρινώδεις, καὶ τὸ μὲν πρῶτον οὐδεμίαν τροφὴν λαμβάνοντα αὐξάνονται ἐκ τῆς ἀπὸ τοῦ ᾠοῦ ἐγγινομένης ὑγρότητος, ὕστερον δὲ τρέφονται ἕως ἂν αὐξηθῶσι τοῖς ποταμίοις ὕδασιν.

10 Τοῦ δὲ Πόντου καθαιρομένου ἐπιφέρεταί τι κατὰ τὸν Ἑλλήσποντον ὃ καλοῦσι φῦκος· ἔστι δ´ ὠχρὸν τοῦτο. Οἱ δέ τινές φασι τοῦτο ἄνθος εἶναι τοῦ φύκου, ἀφ´ οὗ τὸ φυκίον εἶναι. Ἀρχομένου δὲ γίνεται τοῦ θέρους. Τούτῳ τρέφεται καὶ τὰ ὄστρεα καὶ τὰ ἰχθύδια τὰ ἐν τοῖς τόποις τούτοις. Φασὶ δέ τινες τῶν θαλαττίων καὶ τὴν πορφύραν ἴσχειν ἀπὸ τούτου τὸ ἄνθος.

1 Les poissons ovipares ont la matrice divisée en deux parts et placée inférieurement, ainsi qu'on l'a déjà dit. Tous les poissons à écailles sont ovipares, comme le loup, le muge, le capiton, l'Étélis, et tous ceux qu'on nomme des poissons blancs, et lisses, excepté toutefois l'anguille. 2 Les œufs de tous ces poissons sont comme des grains de sable. On le voit bien dans leur matrice, qui est si pleine d'œufs que, dans les petits poissons, on dirait qu'il n'y a que deux œufs seulement, parce que, dans ces animaux, la matrice est si petite et si mince qu'on peut à peine la discerner. 3 Plus haut, il a été question de l'accouplement de tous les poissons. La plupart des espèces ont mâles et femelles; on ne sait pas au juste ce qu'il en est pour le rouget et le serran, puisque les poissons de ce genre ont tous des œufs. Les œufs des poissons se forment à la suite de l'accouplement ; mais cet accouplement n'est pas toujours nécessaire pour qu'ils en aient. C'est ce qu'on peut observer sur quelques poissons de rivière. Les phoxins, par exemple, ont des œufs presque aussitôt après leur naissance, et quand ils sont encore tout petits. 4  Les poissons jettent leurs œufs, et les mâles, comme on le dit, les dévorent en grande partie; et une grande partie se perd aussi dans l'eau. [568a] Il n'y a de sauvés que ceux qui ont été déposés dans les lieux mêmes où la femelle les pond. Si tous les œufs venaient à bien, chaque espèce de poissons deviendrait innombrable. La plupart de ces œufs restent inféconds; et il n'y a de fécondés que ceux sur lesquels le mâle répand sa liqueur séminale. A cet effet, lorsque la femelle pond, le mâle qui la suit répand la semence sur les œufs; tous ceux qui la reçoivent produisent des petits; les autres deviennent ce que veut le hasard. 5  C'est là aussi ce qui se passe pour les mollusques ; lorsque la seiche femelle a déposé ses œufs, le mâle les arrose de sa laite. Il est bien probable que ce phénomène se reproduit dans les autres espèces de mollusques ; mais jusqu'à présent on ne l'a observé que pour les seiches. 6  Les poissons fraient près du bord ; les goujons frayent près des rochers ; et l'œuf qu'ils produisent est large, et en grains de sable. II en est de même aussi des autres, qui recherchent la terre, parce que les abords en sont chauds, qu'ils y trouvent plus de nourriture, et que leurs petits ne peuvent pas y être dévorés par les poissons plus gros. Voilà comment, dans la mer du Pont, c'est à l'embouchure du Thermodon que la plupart des poissons viennent déposer leur frai. Le lieu est à l'abri des vents; il est chaud, et il a des eaux douces.

7  En général, les poissons ovipares ne produisent qu'une fois l'an, sauf les petites phycides, qui pondent deux fois. Dans cette espèce, le mâle diffère de la femelle, en ce qu'il est plus noir et en ce qu'il a de plus fortes écailles. Les autres poissons produisent leurs œufs dans la vulve et les jettent par là; mais le poisson qu'on appelle l'aiguille s'ouvre quand la saison du frai est arrivée; et les œufs sortent de son corps. C'est que ce poisson a, sous le ventre et l'abdomen, une ouverture, comme les serpents dits aveugles. Après qu'il a pondu, il continue de vivre ; et la plaie se cicatrise.

8  La sortie de l'œuf, l'éclosion, a lieu de la même manière, soit que le poisson produise son œuf à l'intérieur, soit qu'il le produise au dehors. Le petit est toujours au sommet de l'œuf, et il est entouré d'une membrane. Ce qui se distingue d'abord, ce sont les yeux qui sont grands et en forme de boules. Ceci prouve bieu que les poissons ne se forment pas, ainsi qu'on l'a prétendu, comme les animaux qui sortent de larves. Loin de là, ce sont, dans ces derniers, les parties inférieures qui sont d'abord les plus forles ; la tête et les yeux ne le deviennent que plus tard. 9  Quand l'œuf tout entier est absorbé, [568b] les poissons paraissent des têtards. Comme ils ne prennent d'abord aucune nourriture, ils ne se développent que grâce au liquide qu'ils trouvent dans l'œuf et qu'ils en tirent; ensuite, ils se nourrissent d'eau douce de rivière, jusqu'à leur complet développement.

10 Quand la mer du Pont est agitée, elle rejette dans l'Hellespont une certaine substance qu'on nomme le Fucus ; cette substance est jaune. On prétend que c'est une fleur naturelle, le Fucion. On la voit au début de l'été. Les huîtres et les petits poissons qui fréquentent ces lieux en font leur nourriture. Les habitants de ces bords disent aussi que c'est de cette matière que la pourpre tire son bouquet.

§ 1. Ainsi qu'on l'a déjà dit. Voir plus haut, ch. x, § 9 ; et aussi, liv. III, ch. i, § 17.

L'Étélis. On ne sait pas ce que c'est que ce poisson ; mais ce doit être un poisson blanc, si l'on en juge d'après rénumération des autres poissons auxquels il est associé.

Excepté toutefois l'anguille. On ne sait rien de positif sur la reproduction des anguilles; et la science moderne n'est guère plus avancée sur ce point que ne l'était l'antiquité.

§ 2. Comme des grains de sable. On pourrait dire aussi et plus simplement : « Grenu » ; le sens du mot grec est assez douteux, bien qu'au fond l'une et l'autre traductions reviennent à peu près au même. Voir plus haut, liv. III, ch. i, § 18, où la même description est déjà donnée presque dans les mêmes termes.

La matrice est si petite. MM. Aubert et Wimmer précisent davantage les choses dans leur traduction et ils disent : « La peau de la matrice ».

§ 3. Plus haut. Voir liv. V, ch. iv, §§ 1 et suiv.

 — Le rouget et le serran. Pour le Rouget, je n'ai fait que traduire littéralement le mot grec ; pour le Serran , l'identification est peut-être moins sure. Voir le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, t. I, p. 143, n° 78; ils croient que c'est le Serranus scriba, très fréquent dans la Méditerranée ; voir aussi la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 847; et Cuvier, Règne animal, tome II, p. 139. Le serran est une espèce de perche, et il paraît qu'il est hermaphrodite.

Ont tous des oeufs. Le fait paraît exact ; et ces poissons se fécondent eux-mêmes.

Se forment à la suite de l'accouplement. Cette opinion erronée est rectifiée un peu plus bas. Les œufs précèdent l'accouplement; mais cest l'accouplement qui les rend féconds.

Les phoxins. On ne sait quel est ce poisson de rivière. Voir le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, tome I, p. 142, n° 74. Il y a une espèce de petite carpe appelée encore phoxinus par les zoologistes ; c'est le vairon commun ; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 840.

§ 4. Comme on le dit. Aristote semble approuver cette opinion vulgaire, qui, en effet, n'est pas sans fondement. Il y a des espèces où les mâles dévorent les œufs que les femelles produisent.

Il n'y a de sauvés... Ce passage n'est pas très clair ; et la rédaction grecque ne paraît pas très correcte. Le sens le plus précis qu'on en puisse tirer, c'est que les seuls œufs qui soient sauvés sont les premiers que jette la femelle. Je ne sais si la réalité répond à cette interprétation.

Deviendrait innombrable. Cette observation, bien des fois répétée et confirmée depuis Aristote, était très neuve de son temps.

Répand sa liqueur séminale. Sa Laite.

Ce que veut le hasard. Ainsi que le remarquent MM. Aubert et Wimmer, la pisciculture de nos jours a précisément pour but de réparer cette perte immense ; elle y réussit déjà en partie; mais elle a encore à faire bien des progrès pratiques.

§ 5. C'est là aussi... § 7. Il a de plus fortes écailles. MM. Aubert et Wimmer regardent tout ce passage comme apocryphe, et ils le mettent entre crochets. Il est évident que, s'il est d'Aristote, il est tout au moins hors de sa place. Il semble qu'il y a aussi des irrégularités et du désordre dans plusieurs détails de rédaction. Il est fort possible, en outre, que ce ne soit qu'une simple addition faite après coup par l'auteur lui-même. Voir la Dissertation préliminaire sur la composition de l'Histoire des animaux.

Le mâle les arrose de sa laite. C'est par là que ce passage se rattache à tout ce qui précède, bien que ces remarques sur la fécondation des mollusques dérange un peu la suite des idées. La seiche fait partie des mollusques dibranchiaux décapodes, de la famille des Myopsides ; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 737; voir Cuvier, Règne animal, tome III, p. 11.

On ne l'a observé que pour les seiches. On voit avec quelle prudence de méthode le naturaliste grec procédait a ses observations. Voir le Traité de la Génération des animaux, liv. III, § 78, p. 254, édit. et trad. Aubert et Wimmer.

§ 6. Et en grains de sable. Voir plus haut, § 2.

Des autres. Il faut sous-entendre : « Les petits poissons » pareils au goujon.

Thermodon. Voir plus haut, liv. V, ch. xix, § 11. D'ailleurs, tous les détails ici donnés peuvent paraître très vraisemblables.

Les petites phycides. Le nom de Phycis a été conservé parla zoologie moderne, et s'applique à une espèce de gade et de merluche, fort commune dans la Méditerranée. Voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 335, et la Zoologie descriptive, de M. Claus, p. 843.

Les autres poissons. Selon MM. Aubert et Wimmer, c'est ici que reprend le texte authentique.

Dans la vulve. Le mot grec n'a pas ordinairement cette signification ; mais ici elle est évidente.

L'aiguille. C'est la traduction du mot grec. Le poisson ici désigné est une espèce d'ombre et paraît bien être le Syngnathus acus ; le mâle dans cette espèce est pourvu d'une poche ovifère dans la région de la queue; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 831.

 — Comme les serpents dits aveugles. MM. Aubert et Wimmer trouvent avec raison que ceci ne se comprend pas. Les manuscrits ne donnent aucune ressource pour améliorer le texte. Le même fait est d'ailleurs répété dans le Traité de la Génération des animaux, liv. III, § 55, page 240, édit. et trad. Aubert et Wimmer.

Il continue de vivre. Ceci ne se trouve pas dans tous les manuscrits ; MM. Aubert et Wimmer n'ont pas admis cette phrase ; mais il me semble que si elle n'est pas absolument indispensable, elle est du moins fort utile ; on pourrait croire, en effet, que le poisson meurt de la rupture qui, à un certain moment, se fait en lui.

§ 8. La sortie de l'œuf, l'éclosion. Il n'y a qu'un mot dans le grec; j'ai dû en prendre deux dans notre langue, pour en rendre toute la force.

Les yeux qui sont grands. Le même fait se reproduit pour uue foule d'autres animaux, dans les premiers temps de la vie.

Ainsi quon l'a prétendu. Il eut été curieux de savoir à qui appartenaient ces théories sur le développement des poissons; voir dans le Traité de la Génération des animaux, liv, II, § 4, p. 126, édit. et trad. Aubert et Wimmer, la différence de l'œuf et du Scolex ou Larve, et aussi plus haut, liv. V, ch. xvii, § 1.

§ 9. L'eau douce de rivière. Peut-être ceci se rapporte-t-ii à ce qu on adit plus haut, § 6, des eaux douces du Thermodon; ce qui pourrait le faire croire, c'est que, dans le paragraphe suivant, l'auteur revient au Pont-Euxin, dont il a été également question un peu plus haut.

§ 10. Quand la mer du Pont... La pourpre tire son bouquet. MM. Aubert et Wimmer tiennent encore tout ce paragraphe pour apocryphe.

Le fucus. Ou varech.

Le fucion.Le varech est bien en effet une plante marine, ou plutôt c'est la réunion de débris de plan tes marines, rejetées sur les bords, après s'être détachées du fond.

Les habitants de ces bords.Cette opinion populaire était absolument fausse,

 

 

CHAPITRE XIII.

Des poissons d'eau douce; ils pondent successivement et à des époques régulières; frai particulier des glanis et des perehes; accouplement de certains poissons; fécondation des œufs par la liqueur séminale que le mâle répand dessus ; membrane où sont renfermés l'œuf et le petit poisson ; le glanis mâle fait la garde auprès des œufs; leur développement très lent; fécondation de la carpe; le chalcis, le tilon, le baléros, la carpe; empressement des mâles à la suite de la femelle; perle d'une grande partie des œufs; organisation particulière de l'anguille, qui n'a ni œufs, ni liqueur séminale; les muges remontent de la mer dans les eaux douces; les anguilles, au contraire, quittent les eaux douces pour la mer.

1 Οἱ δὲ λιμναῖοι καὶ οἱ ποτάμιοι τῶν ἰχθύων κυήματα μὲν ἴσχουσι πεντάμηνοι τὴν ἡλικίαν ὄντες ὡς ἐπὶ τὸ πολύ, τίκτουσι δὲ τοῦ ἐνιαυτοῦ περιιόντος ἅπαντες· ὥσπερ δὲ καὶ οἱ θαλάττιοι, καὶ οὗτοι οὐκ ἐξαφιᾶσιν οὐδέποτε ἅμα πᾶν, οὔθ´ αἱ θήλειαι τὸ ᾠὸν οὔθ´ οἱ ἄρρενες τὸν θορόν, ἀλλ´ ἔχουσιν ἀεὶ πλείω ἢ ἐλάττονα αἱ μὲν ᾠὰ οἱ δὲ θορόν. 2 Τίκτουσι δ´ ἐν τῇ καθηκούσῃ ὥρᾳ κυπρῖνος μὲν πεντάκις ἢ ἑξάκις (ποιεῖται δὲ τὸν τόκον μάλιστα ἐπὶ τοῖς ἄστροις), χαλκὶς δὲ τίκτει τρίς, οἱ δ´ ἄλλοι ἅπαξ ἐν τῷ ἐνιαυτῷ πάντες. Τίκτουσι δ´ ἐν ταῖς προλιμνάσι τῶν ποταμῶν καὶ τῶν λιμνῶν πρὸς τὰ καλαμώδη, οἷον οἵ τε φοξῖνοι καὶ αἱ πέρκαι. Οἱ δὲ γλάνεις καὶ αἱ πέρκαι συνεχὲς ἀφιᾶσι τὸ κύημα, ὥσπερ οἱ βάτραχοι· οὕτω δὲ συνεχές ἐστι τὸ κύημα περιειλιγμένον, ὥστε τό γε τῆς πέρκης διὰ πλατύτητα ἀναπηνίζονται ἐν ταῖς λίμναις οἱ ἁλιεῖς ἐκ τῶν καλάμων. 3 Οἱ μὲν οὖν μείζους τῶν γλανίων ἐν τοῖς βαθέσι ἐκτίκτουσιν, ἔνιοι καὶ κατ´ ὀργυιᾶς τὸ βάθος, οἱ δ´ ἐλάττους αὐτῶν ἐν τοῖς βραχυτέροις, μάλιστα πρὸς ῥίζαις ἰτέας ἢ ἄλλου τινὸς δένδρου, καὶ πρὸς τῷ καλάμῳ δὲ καὶ πρὸς τῷ βρύῳ.

4 Συμπλέκονται δὲ πρὸς ἀλλήλους ἐνίοτε καὶ πάνυ μέγας πρὸς μικρόν· καὶ προσαγαγόντες τοὺς πόρους πρὸς ἀλλήλους, [569a] οὓς καλοῦσί τινες ὀμφαλούς, ᾗ τὸν γόνον ἀφιᾶσιν, ὁ μὲν τὸ ᾠὸν ὁ δὲ τὸν θορὸν ἐξίησιν. Ὅσα δ´ ἂν τῷ θορῷ μιχθῇ τῶν ᾠῶν, εὐθύς τε λευκότερα φαίνεται καὶ μείζω ἐν ἡμέρᾳ ὡς εἰπεῖν. Ὕστερον δ´ ἐν ὀλίγῳ χρόνῳ δῆλά ἐστι τὰ ὄμματα τοῦ ἰχθύος· τοῦτο γὰρ ἐν πᾶσι τοῖς ἰχθύσιν, ὥσπερ καὶ ἐν τοῖς ἄλλοις ζῴοις, ἐπιδηλότατόν ἐστιν εὐθὺς καὶ φαίνεται μέγιστον. Ὅσων δ´ ἂν ᾠῶν ὁ θορὸς μὴ θίγῃ, καθάπερ καὶ ἐπὶ τῶν θαλαττίων, ἀχρεῖον τὸ ᾠὸν τοῦτο καὶ ἄγονόν ἐστιν.  5 Ἀπὸ δὲ τῶν γονίμων ᾠῶν αὐξανομένων τῶν ἰχθυδίων ἀποκαθαίρεται οἷον κέλυφος· τοῦτο δ´ ἐστὶν ὑμὴν περιέχων τὸ ᾠὸν καὶ τὸ ἰχθύδιον. Ὅταν δὲ μιγῇ τῷ ᾠῷ ὁ θορός, σφόδρα γίνεται κολλῶδες τὸ συνεστηκὸς ἐξ αὐτῶν πρὸς ταῖς ῥίζαις ἢ ὅπου ἂν ἐκτέκωσιν. Οὗ δ´ ἂν πλεῖστον τέκωσιν, ᾠοφυλακεῖ ὁ ἄρρην, ἡ δὲ θήλεια ἀπέρχεται τεκοῦσα. 6 Ἔστι δὲ βραδυτάτη μὲν ἐκ τῶν ᾠῶν ἡ τῶν γλανίων αὔξησις, διὸ προσεδρεύει ὁ ἄρρην καὶ τετταράκοντα καὶ πεντήκοντα ἡμέρας, ὅπως μὴ κατεσθίηται ὁ γόνος ὑπὸ τῶν παρατυχόντων ἰχθυδίων· δευτέρα δὲ βραδυτῆτι ἡ τοῦ κυπρίνου γένεσις, ὅμως δὲ ταχέως καὶ τούτων ὁ σωζόμενος διαφεύγει γόνος. Τῶν δ´ ἐλαττόνων ἐνίων καὶ τριταίων ὄντων ἤδη ἰχθύδιά ἐστιν.

7 Λαμβάνει δ´ αὔξησιν τὰ ᾠά, ὧν ἂν ἐπιψαύσῃ ὁ θορός, καὶ αὐθημερὸν καὶ ὕστερον ἔτι. Τὸ μὲν οὖν τοῦ γλάνιος γίνεται ὅσον ὄροβος, τὰ δὲ τῶν κυπρίνων καὶ τῶν τοιούτων ὅσον κέγχρος.

8 Ταῦτα μὲν οὖν τοῦτον τὸν τρόπον τίκτει καὶ γεννᾷ,

9 χαλκὶς δὲ τίκτει ἐν τοῖς βαθέσιν ἀθρόα καὶ ἀγελαῖα, ὃν δὲ καλοῦσι τίλωνα, πρὸς τοῖς αἰγιαλοῖς ἐν ὑπηνέμοις· ἀγελαῖος δὲ καὶ οὗτος. Κυπρῖνος δὲ καὶ βάλερος καὶ οἱ ἄλλοι πάντες ὡς εἰπεῖν ὠθοῦνται μὲν εἰς τὰ βραχέα πρὸς τὸν τόκον, μιᾷ δὲ θηλείᾳ πολλάκις ἀκολουθοῦσιν ἄρρενες καὶ τρισκαίδεκα καὶ τεσσαρεσκαίδεκα· τῆς θηλείας δ´ ἀφιείσης τὸ ᾠὸν καὶ ὑποχωρούσης ἐπακολουθοῦντες ἐπιρραίνουσι τὸν θορόν. Ἀπόλλυται δὲ τὰ πλεῖστ´ αὐτῶν· [569b] διά τε γὰρ τὸ ὑποχωροῦσαν τίκτειν τὴν θήλειαν σκεδάννυται τὸ ᾠόν, ὅ τι ἂν ὑπὸ ῥεύματος ληφθῇ καὶ μὴ προσπέσῃ πρὸς ὕλην· 10 καὶ γὰρ οὐδ´ ᾠοφυλακεῖ τῶν ἄλλων ἔξω γλάνιος οὐδείς, πλὴν ἂν ἀθρόῳ γόνῳ ἑαυτοῦ περιτύχῃ ὁ κυπρῖνος· τοῦτον δέ φασιν ᾠοφυλακεῖν. 11 Θορὸν δὲ πάντες ἔχουσιν οἱ ἄρρενες πλὴν ἐγχέλυος· αὕτη δ´ οὐδέτερον οὔτ´ ᾠὸν οὔτε θορόν. Οἱ μὲν οὖν κεστρεῖς ἐκ τῆς θαλάττης ἀναβαίνουσιν εἰς τὰς λίμνας καὶ τοὺς ποταμούς, αἱ δ´ ἐγχέλυς τοὐναντίον ἐκ τούτων εἰς τὴν θάλατταν.

1 Les poissons d'étangs et de rivières ont en général des petits, vers leur cinquième mois ; et il n'eu est pas qui ne pondent dès la première année. Ainsi que les poissons de mer, ceux-là non plus ne jettent jamais leur frai tout à la fois, ni les femelles les œufs, ni les mâles la liqueur séminale; mais toujours les unes gardent des œufs en plus ou moins grande quantité ; toujours les autres gardent de la liqueur. 2 Ils pondent à des époques régulières; ainsi, la carpe pond ses œufs en cinq ou six fois; et elle les dépose surtout au moment du lever des astres. Le chalcis pond trois fois ; tous les autres ne pondent qu'une seule fois par année. Ils jettent leurs œufs sur les bords des rivières et des étangs, entre les roseaux, comme le font les phoxins et les perches. Les glanis et les perches jettent des œufs liés entre eux en une masse continue, comme les grenouilles; et le frai ainsi enroulé se tient si bien que, pour celui de la perche, qui forme un large ruban, les pêcheurs d'étangs le prennent sur les roseaux en le dévidant. 3 Les glanis les plus gros pondent dans les eaux profondes ; d'autres, dans des fonds d'une brasse; les plus petits pondent dans des eaux basses, et surtout sous les racines de saule, ou de tel autre arbre, près des roseaux ou de la mousse.

4 Parfois, les poissons s'unissent entre eux, un très grand avec un petit; et approchant réciproquement les canaux [569a] qu'on appelle parfois leurs ombilics, d'où sort la génération, les femelles rejettent leurs œufs; et les mâles, leur liqueur séminale. Tous les œufs qui ont été imprégnés de cette liqueur deviennent tout à coup plus blancs, et grossissent, on peut dire, dès le jour même. très peu de temps après, les yeux des poissons se montrent ; car dans tous les poissons aussi bien que dans les autres animaux, c'est cet organe qui se montre tout d'abord le plus et qui est le plus grand. Tous les œufs que la liqueur séminale n'a pas touchés restent, comme dans les poissons de mer, inutiles et inféconds. 5  Quant aux œufs fécondés, après que les poissons ont grandi, il s'en détache une sorte d'étui ; c'est la membrane qui renfermait l'œuf et le petit poisson. Une fois que la liqueur séminale s'est mêlée à l'œuf, le composé qui eu résulte devient très collant, sur les racines où il s'attache, ou dans tous les endroits auxquels les femelles ont pondu. Là où la ponte a été la plus abondante, le mâle garde et soigne les œufs, tandis que la femelle va pondre ailleurs. 6  Le développement du glanis dans les œufs est extrêmement lent ; et le mâle fait une garde assidue pendant quarante ou cinquante jours, pour que la progéniture ne soit pas dévorée par les poissons qui viennent à passer. Après le glanis, le développement le plus lent est celui de la carpe; cependant, les petits qui sont sauvés ne tardent pas non plus à s'échapper. Dans quelques espèces plus petites, il suffit de trois jours pour que les jeunes poissons soient apparents.

7 Les œufs qu'a touchés la liqueur séminale grossissent dès le jour même, et continuent plus tard à grossir. Ceux du glanis sont comme des grains de vesce noire ; ceux de la carpe et des poissons semblables sont comme des grains de millet.

8 Telle est la façon dont ces poissons, la carpe et le glanis, conçoivent et produisent.

9 Le chalcis pond, dans les eaux profondes, des œufs en grande quantité et rassemblés en groupes. Le poisson nommé le Tilon dépose ses œufs sur des bords exposés à tous les vents; il les jette aussi par groupes. La carpe, le baléros, et tous les autres poissons d'eau douce, peut-on dire, se pressent dans les eaux sans profondeur, pour y jeter leur frai, il n'est pas rare de voir treize ou quatorze mâles suivre une seule femelle. Quand la femelle a jeté ses œufs et qu'elle les a quittés en s'éloignant, les mâles, qui la suivent, répandent leur semence dessus. La plus grande partie des œufs périssent; [569b] la femelle se déplaçant pour les pondre, le frai se disperse, entraîné par le courant de l'eau, quand il ne tombe pas sur quelque matière solide. 10 Il n'y a que le glanis qui fasse ainsi la garde sur ses œufs. Peut-être aussi le mâle de la carpe en fait-il autant, quand il rencontre une masse de son frai particulier; alors, dit-on, il garde de même ses œufs. 11 Tous les poissons mâles ont de la liqueur séminale, excepté l'anguille; l'anguille n'a ni l'un ni l'autre, c'est-à-dire, ni liqueur séminale, ni œuf. Les muges quittent la mer pour remonter dans les étangs et dans les rivières; l'anguille, tout au contraire, les quitte pour passer dans la mer.

§ 1. Vers leur cinquième mois. Je crois que ces détails sont exacts; mais je ne vois pas que la zoologie moderne s'en soit occupée.

Dès la première année. Même remarque.

En plus ou moins grande quantité. Ceci n'est peut-être pas très exact; et il paraît que ce qui reste, soit des œufs soit delà laite, est & peu près insignifiant.

§ 2. A des époques régulières. Ces époques ne sont indiquées précisément que pour quelques espèces.

En cinq ou six fois. Ou peut-être plus simplement : « Cinq ou six fois. »

Du lever des astres. Il semble que ceci doit se rapporter aux étoiles les plus apparentes et aux constellations qui se levaient sur l'horizon de la Grèce, la Vierge, Siriue, Arcturus, etc. Pline, qui ne reproduit pas directement ce passage, dit seulement : Au lever des astres ; voir liv. XI, ch. xii, p. 432, édit. et trad. Liltré; et il cite Sirius et la constellation qui répond à celle de la Vierge. La ponte de la carpe a lieu entre les mois d'avril et de juin.

Le chalcis. J'ai reproduit le mot grec, comme l'ont fait les autres traducteurs, parce qu'on ne sait pas quel poisson est le chalcis. Son nom semble indiquer qu'il devait se trouver plus particulièrement dans les eaux de Chalcis de l'Eubée.

Les phoxins. Voir plus haut, liv. II, ch. xii, § 3.

Les glanis. Voir plus haut, liv. II, ch. ix, § 7, la .note sur le glanis, dont l'identification n'est pas du tout certaine.

Le prennent sur les roseaux. Je ne sais pas si les observations de la science moderne ont contrôlé ce fait.

§ 3. Les glanis les plus gros. Le glanis était assez connu du temps d'Aristote, pour qu'on put distinguer dans cette espèce des différences remarquables de grandeur.

Dans les eaux profondes. La suite indique qu'il s agit ici de profondeurs de plus d'une brasse.

§ 4. Parfois, les poissons s'unissent... L'observation estcurieuse ; et il ne semble pas que la zoologie moderne ait porté ses études sur ce point.

D'où sort la génération. J'ai conservé cette expression littérale du texte grec, pour quelle put s'appliquer aussi bien aux œufs des femelles qu'à la laite des mâles.

Deviennent tout à coup plus blancs. On voit que ces observations délicates étaient poussées fort loin par les Anciens.

 — Aussi bien que dans les autres animaux. Voir plus haut, ch. iii, § 4.

§ 5. Quant aux œufs fécondés... Il semble que tout ce paragraphe doit se rapporter exclusivement au glanis mâle ; du moins, Aristote revient plus longuement sur la constance de cet animal a soigner ses petits, liv. IX, ch. xxv, § 11 : et ce qui paraît dit ici d uue manière générale ne s'applique sans doute qu'à ce poisson.

§ 6. Quarante ou cinquante jours. C'est aussi ce qui est répété, liv. IX, loc. cit.

Celui de la carpe. Je ne trouve rien sur ce point dans la zoologie moderne: voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 839, Cyprinus; et Cuvier, tome II, p. 270, Règne animal.

Soient apparents. C'est-à-dire, se montrant avec toutes leurs formes déjà bien distinctes.

§ 7. Dès le jour même. Voir plus haut, § 4.

Comme des grains de vesce noire. Ce détail peut servir à faire connaître ce qu'est précisément le glanis d'Aristote. Cette indication est très caractéristique.

§ 8. La carpe et le glanis. J'ai ajouté ces mots, qui ne sont pas dans le texte ; mais qui me semblent y être compris implicitement.

§ 9. Et rassemblés en groupes. Je fais rapporter l'expression du texte aux œufs du Chalcis plutôt qu'au Chalcis lui-même. Je conviens avec MM. Aubert et Wimmer que l'expression grecque est alors assez singulière: mais la grammaire ne permet pas une autre supposition. Quelques manuscrits ont une variante, qui rapporte ce mot à l'animal lui-même plutôt qu'à ses œufs: et alors le texte dirait simplement que le glanis vit en troupes comme bien d'autres espèces ; mais la même expression se trouve répétée quelques lignes plus bas et avec le même sens grammatical.

Le poisson nommé le Tilon. La locution que prend ici l'auteur semble indiquer que le nom du Tilon n'était pas bien connu. Tout ce qu'on sait du Tilon, c'est qu'il est un poisson d'eau douce ; voir le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, tome I, p. 141, n° 70.

Baléros. On ne sait du Baléros que ce qu'en dit ici Aristote, c'est-à-dire que c'est un poisson d'eau douce comme le Tilon.

Quelque matière solide. Le texte dit seulement quelque matière,

§ 10. Il n'y a que le glanis. Ceci encore pourrait aider les observateurs modernes à identifier le glanis.

 — Dit-on. Ainsi Aristote n'affirme rien pour son propre compte.

§ 11. Excepté l'anguille. Dont la reproduction, tout à fait inconnue des Anciens, est encore fort obscure pour les zoologistes de notre temps. Voir le Traité de lu Génération des animaux, liv. II, § 75, p. 174, édit. et trad. Aubert et Wimmer.

Les muges. L'identification n'est pas certaine. Voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 856, Mugil; et Cuvier, Règne animal, tome II, p. 230. Les muges ont, en effet, l'habitude de remonter en troupes à l'embouchure des fleuves; ils forment de nombreuses espèces, encore mal déterminées.
 

 

 

CHAPITRE XIV.

Des poissons qui naissent spontanément dans la vase et dans le sable; ils se trouvent spécialement dans les marécages; marais des environs de Cnide; erreur concernant les muges; petits poissons nés de l'aphye; époques oùl'aphye se montre; elle sort de terre ; lieux où elle se forme de préférence ; elle se forme aussi de l'eau de pluie; aphye à la surface de la mer; autre aphye venant du frai des poissons; aphye du port de Phalère; aphye inféconde; aphye salée par les pêcheurs, qui la conservent.

1 Οἱ μὲν οὖν πλεῖστοι, ὥσπερ εἴρηται, τῶν ἰχθύων γίνονται ἐξ ᾠῶν. Οὐ μὴν ἀλλ´ ἔνιοι καὶ ἐκ τῆς ἰλύος καὶ ἐκ τῆς ἄμμου γίνονται, καὶ τῶν τοιούτων γενῶν ἃ γίνεται ἐκ συνδυασμοῦ καὶ ᾠῶν, ἐν τέλμασιν ἄλλοις τε, καὶ οἷον περὶ Κνίδον φασὶν εἶναί ποτε, ὃ ἐξηραίνετο μὲν ὑπὸ κύνα καὶ ἡ ἰλὺς ἅπασα ἐξῃρεῖτο, ὕδωρ δ´ ἤρχετο ἐγγίνεσθαι ἅμα τοῖς ὄμβροις γινομένοις. Ἐν τούτῳ ἰχθύδια ἐνεγίνετο ἀρχομένου τοῦ ὕδατος. Ἦν δὲ κεστρέων τι γένος τοῦτο, ὃ οὐδὲ γίνεται ἐξ ὀχείας, μέγεθος ἡλίκα μαινίδια μικρά· ᾠὸν δὲ τούτων εἶχεν οὐδὲν οὐδὲ θορόν. 2 Γίνεται δὲ καὶ ἐν ποταμοῖς ἐν τῇ Ἀσίᾳ, οὐ διαρρέουσιν εἰς τὴν θάλατταν, ἰχθύδια μικρά, ἡλίκοι ἑψητοί, ἕτερα τὸν αὐτὸν τρόπον τούτοις. Ἔνιοι δὲ καὶ ὅλως φασὶ τοὺς κεστρεῖς φύεσθαι πάντας, οὐκ ὀρθῶς λέγοντες· ἔχουσαι γὰρ φαίνονται καὶ ᾠὰ αἱ θήλειαι αὐτῶν καὶ θορὸν οἱ ἄρρενες. Ἀλλὰ γένος τί ἐστιν αὐτῶν τοιοῦτον, ὃ φύεται ἐκ τῆς ἰλύος καὶ τῆς ἄμμου.

3 Ὅτι μὲν οὖν γίνεται αὐτόματα ἔνια οὔτ´ ἐξ ᾠῶν οὔτ´ ἐξ ὀχείας, φανερὸν ἐκ τούτων. Ὅσα δὲ μήτ´ ᾠοτοκεῖ μήτε ζῳοτοκεῖ, πάντα γίνεται τὰ μὲν ἐκ τῆς ἰλύος τὰ δ´ ἐκ τῆς ἄμμου καὶ τῆς ἐπιπολαζούσης σήψεως, οἷον καὶ τῆς ἀφύης ὁ καλούμενος ἀφρὸς γίνεται ἐκ τῆς ἀμμώδους γῆς· καὶ ἔστιν αὕτη ἡ ἀφύη ἀναυξὴς καὶ ἄγονος, 4 καὶ ὅταν [570a] πλείων γένηται χρόνος, ἀπόλλυται, ἄλλη δὲ πάλιν ἐπιγίνεται, διὸ ἔξω χρόνου τινὸς ὀλίγου πᾶσαν ὡς εἰπεῖν τὴν ἄλλην γίνεται ὥραν· διαμένει γὰρ ἀρξάμενος ἀπὸ ἀρκτούρου μετοπωρινοῦ μέχρι τοῦ ἔαρος. Σημεῖον δ´ ὅτι ἐνίοτ´ ἐκ τῆς γῆς ἀνέρχεται· ἁλιευομένων γάρ, ἐὰν μὲν ᾖ ψῦχος, οὐχ ἁλίσκεται, ἐὰν δ´ ᾖ εὐδία, ἁλίσκεται, ὡς ἐκ τῆς γῆς ἀνιοῦσα πρὸς τὴν ἀλέαν. Καὶ ἑλκόντων καὶ ἀναξυομένης τῆς γῆς πλεονάκις πλείων γίνεται καὶ βελτίων. Αἱ δ´ ἄλλαι ἀφύαι χείρους διὰ τὸ ταχὺ λαμβάνειν αὔξησιν. 5
Γίνονται δ´ ἐν τοῖς ἐπισκίοις καὶ ἑλώδεσι τόποις, ὅταν εὐημερίας γενομένης ἀναθερμαίνηται ἡ γῆ, οἷον περὶ Ἀθήνας ἐν Σαλαμῖνι καὶ πρὸς τῷ Θεμιστοκλείῳ καὶ ἐν Μαραθῶνι· ἐν γὰρ τούτοις τοῖς τόποις γίνεται ὁ ἀφρός. Φαίνεται δ´ ἐν μὲν τόποις τοιούτοις καὶ εὐημερίαις τοιαύταις, γίνεται δ´ ἐνιαχοῦ καὶ ὁπόταν ὕδωρ πολὺ ἐξ οὐρανοῦ γένηται, ἐν τῷ ἀφρῷ τῷ γινομένῳ ὑπὸ τοῦ ὀμβρίου ὕδατος, διὸ καὶ καλεῖται ἀφρός· καὶ ἐπιφέρεται ἐνίοτε ἐπιπολῆς τῆς θαλάττης, ὅταν εὐημερία ᾖ, ἐν ᾧ συστρέφεται, οἷον ἐν τῇ κόπρῳ τὰ σκωλήκια, οὕτως ἐν τούτῳ ὁ ἀφρός, ὅπου ἂν συστῇ ἐπιπολῆς· διὸ πολλαχοῦ προσφέρεται ἐκ τοῦ πελάγους ἡ ἀφύη αὕτη. 6 Καὶ εὐθηνεῖ δὲ καὶ ἁλίσκεται πλείστη, ὁπόταν ἔνυγρον καὶ εὐδιεινὸν γένηται τὸ ἔτος. Ἡ δ´ ἄλλη ἀφύη γόνος ἰχθύων ἐστίν, ἡ μὲν καλουμένη κωβῖτις κωβιῶν τῶν μικρῶν καὶ φαύλων, οἳ καταδύνουσιν εἰς τὴν γῆν· ἐκ δὲ τῆς φαληρικῆς γίνονται μεμβράδες, ἐκ δὲ τούτων τριχίδες, ἐκ δὲ τῶν τριχίδων τριχίαι,  7 ἐκ δὲ μιᾶς ἀφύης, οἷον τῆς ἐν τῷ Ἀθηναίων λιμένι, οἱ ἐγκρασίχολοι καλούμενοι. Ἔστι δὲ καὶ ἄλλη ἀφύη, ἣ γόνος ἐστὶ μαινίδων καὶ κεστρέων. Ὁ δ´ ἀφρὸς ὁ ἄγονος ὑγρός ἐστι καὶ διαμένει ὀλίγον χρόνον,  καθάπερ εἴρηται πρότερον· τέλος γὰρ λείπεται κεφαλὴ καὶ ὀφθαλμοί. Πλὴν [570b] νῦν εὕρηται τοῖς ἁλιεῦσι πρὸς τὸ διακομίζειν· ἁλιζομένη γὰρ πλείω μένει χρόνον.

 

1 La majeure partie des poissons viennent d'œufs, ainsi qu'on l'a expliqué. Il y a cependant des poissons qui naissent de la vase et du sable, et qui sont de ces mêmes espèces qui proviennent d'accouplement et d'œufs. On les trouve dans bien des marais ; mais plus spécialement, dans un marais qui existe aux environs de Gnide, à ce qu'où rapporte. Ce marais était absolument à sec pendant la canicule; et tout le limon y était desséché. L'eau commençait à y reparaître avec les premières pluies ; et quand l'eau revenait, on y trouvait de petits poissons. Ils étaient de l'espèce des muges, qui ne se reproduisent pas par accouplement; et leur grosseur était celle des petiies maenides. Ces poissons-là n'ont ni œuf ni liqueur séminale. 2  Dans certains fleuves d'Asie qui ne s'écoulent pas dans la mer, on trouve également de petits poissons, de la grosseur de ceux qu'on fait frire, mais d'une autre espèce, qui viennent aussi de la même façon. On soutient quelquefois que tous les muges se forment de cette manière; mais c'est là une erreur ; car on peut observer, dans cette espèce, que les femelles ont des œufs, et les mâles, de la liqueur séminale ; seulement, il est vrai qu'une certaine espèce de muges vient de la vase et du sable.

3 Qu'il y ait quelques espèces de poissons qui ne proviennent ni d'œufs ni d'accouplement, mais spontanément, ces faits le prouvent évidemment; mais on peut dire que tous ceux qui ne sont ni ovipares, ni vivipares, doivent venir, les uns de la vase, les autres du sable et de la pourriture surnageant à la surface de l'eau, comme par exemple ce qu'on appelle la mousse de l'aphye, qui vient de la terre sablonneuse. Cette Aphye ne peut ni se développer, ni se reproduire. 4 Après quelque temps, [570a] elle disparaît et périt; et il en survient une autre, de telle sorte que, sauf un petit intervalle de temps, on peut dire qu'elle est de toute saison. Elle commence en automne, au lever de l'Ourse, et elle dure jusqu'au printemps. Ce qui prouve bien que parfois cette Aphye sort de la terre, c'est que les pêcheurs n'en prennent jamais quand il fait froid, mais qu'ils la prennent quand il fait beau, comme si elle sortait de terre pour aller chercher la chaleur. En la tirant du fond de l'eau, et en raclant plusieurs fois la terre, l'aphye est plus abondante et meilleure. Les autres Aphyes sont moins bonnes, parce qu'elles croissent alors trop vite. 5  Les Aphyes se produisent dans les endroits ombragés et marécageux, lorsque, les beaux jours étant venus, la terre s'échauffe; par exemple, à Salami ne, au voisinage d'Athènes, au tombeau de Thémistocle et à Marathon ; car dans ces lieux-là, il se forme de l'écume. l'aphye se trouve dans les endroits qui offrent ces conditions, et aussi, dans les belles saisons. En certains pays, elle se forme quand il tombe beaucoup d'eau du ciel ; et elle se montre dans l'écume que fait l'eau de pluie. C'est même de là que lui vient le nom d'écume. Quelquefois aussi, elle est portée sur la surface de la mer par un beau temps ; et on y voit ballotter de petites larves, comme celles du fumier; l'écume s'y ballotte ainsi, partout où l'aphye a pu se former à la surface. 6 Cette sorte d'Aphye vient donc de la mer en bien des endroits ; elle est surtout bonne et très abondante, quand il se trouve que l'année est humide et chaude. l'autre Aphye est le produit des poissons. Celle qu'on appelle la goujonne vient des petits mauvais goujons qui se fourrent dans la terre. l'aphye de Phalère produit les Membrades, qui elles-mêmes produisent les Thrichides ; et les Trichides produisent les Trichies. 7  II n'y a que l'aphye ressemblant à celle du port d'Athènes qui donne naissance à ce qu'on nomme les sardines. Il y a encore une autre Aphye qui vient des maenides et des muges. L'écume inféconde est liquide et ne subsiste que peu de temps, ainsi qu'on l'a déjà dit. A la fin, il ne reste que la tête et les yeux du poisson ; [570b] mais les pêcheurs ont trouvé le moyen de la transporter; car une fois salée, elle se conserve plus longtemps.

§ 1. Tout ce chapitre pourrait sembler apocryphe, soit que l'on regarde à la rédaction, soit que l'on regarde au caractère des idées. Aristote vient d'exposer tout au long, et avec une exactitude remarquable , la génération des poissons, qui viennent tous d'œufs fécondés de diverses manières. Dans le chapitre xiv, on veut prouver au contraire qu'il y a des poissons qui naissent de la vase et du sable. Le fait est absolument faux ; et le style dans lequel il est exposé ne vaut pas mieux que le fond. On peut donc penser que tout ce chapitre est une interpolation; et je suis étonné d'être le premier à faire cette remarque. Voir le chapitre suivant, § 1. Cependant Athénée, liv. VII, p. 284, cite tout ce passage d'Aristote, en le discutant. Ainsi, dès le iiie siècle de notre ère, ce chapitre faisait partie de l'Histoire des Animaux.

Ainsi qu'on l'a expliqué. Dans le chapitre précédent.

Qui sont de ces mêmes espèces. Cette remarque aurait dû mettre l'auteur sur la trace de la vérité ; les poissons qui semblent naître de la vase et du sable viennent d'œufs déposés antérieurement par des poissons de même espèce; ces œufs restés dans le sable et la vase s'y développent à la faveur de conditions convenables.

Aux environs de Cnide. Sur les côtes de Carie, au promontoire de Triopium ; c'était une colonie de Sparte. Cnide était célèbre par le temple de Vénus-aphrodite, et par une statue admirable de Praxitèle.

Y était desséché. J'ai admis la conjecture de MM. Aubert et Wimmer, qui rend cette phrase plus correcte et plus intelligible.

De l'espèce des muges qui ne se reproduisent pas par accouplement. Ce sont sans doute des espèces d'anguilles, dont on ne connaît pas encore la véritable génération.

Des petites maenides. Voir le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, tome I, p. 135, n° 43. Voir aussi la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 848, et Cuvier, Règne animal, tome II, p. 186.

§ 2. Dans certains fleuves d'Asie. C'est bien vague, quoiqu'il ne s'agisse évidemment que des fleuves de L'asie Mineure.

De ceux qu'on fait frire. Sans doute, une sorte de goujon.

De la mène façon. C'est-à-dire, qui viennent du sable et de la vase, selon l'opinion populaire.

De cette manière. De la vase et du sable, comme on l'affirme de nouveau à la fin de ce paragraphe, et dans le paragraphe suivant.

§ 3. De la pourrilure surnageant à la surface de l'eau. C'est ce qu'on appelle l'aphye; et comme on le dit un peu plus bas, l'aphye ne peut, ni se développer, ni se reproduire. Étymologiquement, c'est à peu près le sens même du mot. Ce qu'on doit entendre par là, c'est probablement cette espèce de mousse qui se forme à la surface de la mer, et qui est rejetée sur les bords. D'après les auteurs cités par Athénée, on croyait que c'étaient des débris de frai de poissons. Dans notre passage, il semble bien que cette opinion est également admise, quoiqu'elle ne soit pas nettement exprimée. l'aphye donnerait alors naissance à de petits poissons.

§ 4. Aptes quelque temps, elle disparait. Ce qui pouvait donner à croire que c'était un produit animal.

Les pécheurs n'en prennent jamais Ainsi l'aphye serrait pratiquement à quelque usage, qu'il aurait été bon de nous faire connaître.

Plus abondante et meilleure. Même remarque.

§ 5. A Salamine... à Marathon. On comprend que l'aphye puisse se former à Salamine dans la mer; mais on ne comprend pas qu'elle puisse se former à Marathon, qui est encore assez loin de la mer; Marathon est pris ici d'une manière générale pour le bord de la cote la plus voisine ; mais, d*aprës quelques-uns des détails donnés ici, l'aphye était supposée sortir de la terre aussi bien que de l'eau.

§ 5. On y voit ballotter...  § 6. humide et chaude. MM. Aubert ét Wimmer ne regardent que ce passage comme apocryphe, et ils semblent accepter tout le reste. Selon moi, on doit aller beaucoup plus loin.

L'écume... l'aphye. Ainsi, l'écume de mer et l'aphye sont choses fort différentes.

§ 6. l'autre Aphye. Il paraît donc qu'on distinguait deux Aphyes, Tune qui venait du fond delà mer; et l'autre qui venait des poissons.

 — La goujonne. J'ai fabriqué ce mot pour me rapprocher le plus possible du mot grec,

Qui se fourrent dansl a terre. Il y a plusieurs petits poissons de mer qui se cachent ainsi dans la terre, pour échapper à ceux qui les poursuivent.

Membrades... Trichides... Trichies. On ne sait pas au juste ce que sont ces petits poissons ; on les croit de l'espèce des sardines. Voir le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, tome I, pp. 135 et 141, η° 45 et 72.

Sardines. L'identification n'est pas sûre; le mot grec employé ici ne se retrouve nulle part ailleurs.

Encore une autre Aphye. Ceci semble une répétition.

Une fois salée. Il fallait donc que cette matière eût une certaine consistance pour qu'il fut possible de la saler, afin de la conserver et de l'employer.

CHAPITRE XV.

Des anguilles; leur production inconnue; elles n'ont point d'accouplement ni d'œufs ; on n'y peut distinguer ni mâle ni femelle; influence de l'eau de pluie sur la production des anguilles; explication fausse sur les vers qu'on trouve dans les anguilles; elles naissent de ce qu'on appelle les Entrailles de terre.

1 Αἱ δ´ ἐγχέλυς οὔτ´ ὀχείας γίνονται οὔτ´ ᾠοτοκοῦσιν, οὐδ´ ἐλήφθη πώποτε οὔτε θορὸν ἔχουσα οὐδεμία οὔτ´ ᾠά, οὔτ´ ἀνασχισθεῖσαι ἐντὸς θορικοὺς πόρους οὔθ´ ὑστερικοὺς ἔχουσιν· ἀλλὰ τοῦτο ὅλον τὸ γένος τῶν ἐναίμων οὐ γίνεται οὔτ´ ἐξ ὀχείας οὔτ´ ἐξ ᾠῶν. 2 Φανερὸν δ´ ἐστὶν ὅτι οὕτως ἔχει· ἐν ἐνίαις γὰρ τελματώδεσι λίμναις τοῦ θ´ ὕδατος παντὸς ἐξαντληθέντος καὶ τοῦ πηλοῦ ξυσθέντος γίνονται πάλιν, ὅταν ὕδωρ γένηται ὄμβριον· ἐν δὲ τοῖς αὐχμοῖς οὐ γίνονται, οὐδ´ ἐν ταῖς διαμενούσαις λίμναις· καὶ γὰρ ζῶσι καὶ τρέφονται ὀμβρίῳ ὕδατι. Ὅτι μὲν οὖν οὔτ´ ἐξ ὀχείας οὔτ´ ἐξ ᾠῶν γίνονται, φανερόν ἐστιν. 3 Δοκοῦσι δέ τισι γεννᾶν, ὅτι ἐν ἐνίαις τῶν ἐγχελύων ἑλμίνθια ἐγγίνεται· ἐκ τούτων γὰρ οἴονται γίνεσθαι ἐγχέλυς. Τοῦτο δ´ ἐστὶν οὐκ ἀληθές, ἀλλὰ γίνονται ἐκ τῶν καλουμένων γῆς ἐντέρων, ἃ αὐτόματα συνίσταται ἐν τῷ πηλῷ καὶ ἐν τῇ γῇ τῇ ἐνίκμῳ. Καὶ ἤδη εἰσὶν ὠμμέναι αἱ μὲν ἐκλυόμεναι ἐκ τούτων, αἱ δ´ ἐν διακνιζομένοις καὶ διαιρουμένοις γίνονται φανεραί. 4 Καὶ ἐν τῇ θαλάττῃ δὲ καὶ ἐν τοῖς ποταμοῖς γίνεται τὰ τοιαῦτα, ὅταν ᾖ μάλιστα σῆψις, τῆς μὲν θαλάττης πρὸς τοῖς τοιούτοις τόποις οὗ ἂν ᾖ φῦκος, τῶν δὲ ποταμῶν καὶ λιμνῶν περὶ τὰ χείλη· ἐνταῦθα γὰρ ἡ ἀλέα ἰσχύουσα σήπει.

8 Περὶ μὲν οὖν τῆς τῶν ἐγχελύων γενέσεως τοῦτον ἔχει τὸν τρόπον.
 

 

 

1 Les anguilles ne viennent pas d'accouplement, et elles n'ont pas d'œufs. On n'en a jamais pris une qui eût de la liqueur séminale, ou qui eût un œuf ; on n'en a jamais trouvé une qui, disséquée, présentât à l'intérieur les canaux du sperme ou ceux de la matrice ; mais parmi les animaux qui ont du sang, cette espèce tout entière ne prend naissance, ni d'un accouplement, ni d'un œuf. 2 Ce qui prouve bien qu'il en est ainsi, c'est que, dans les étangs bourbeux où l'on a mis toute l'eau à sec et d'où l'on a retiré toute la vase, les anguilles se reforment dès que tombe l'eau de pluie. Elles ne reparaissent pas dans les chaleurs, pas plus que dans les étangs qu'on ne vide point ; il n'y a que l'eau de pluie qui les fasse vivre et qui puisse les nourrir. Il est donc évident que ce n'est, ni l'accouplement, ni des œufs qui les font naître. 3 On s'est imaginé cependant qu'elles se reproduisaient, parce que, dans quelques anguilles, on a trouvé parfois de petits vers; et l'on a cru que de ces vers provenaient les anguilles, mais c'est là une erreur. Les anguilles viennent de ce qu'on appelle les Entrailles de la terre, qui se forment spontanément dans la vase et dans la terre humide. On en a vu tantôt se débarrasser de la peau de ces vers, et tantôt paraître évidemment dans ces vers, quand on les déchire et qu'on les ouvre. 4 Ces prétendues Entrailles de la terre se trouvent dans la mer et dans les eaux douces, aux lieux où se produisent de grandes pourritures. Ces lieux sont, dans la mer, ceux où s'accumulent les algues; et dans les rivières et les étangs, le long de leurs bords ; car la chaleur, en y devenant plus intense, développe la putréfaction.

8  Voilà ce qu'il en est de la production des anguilles.

§ 1. Ne viennent pas d'accouplement... Nous n'en savons guère plus sur les anguilles que n'en savaient les Anciens.

Qui, disséquée... On voit que la curiosité des naturalistes grecs était aussi vive que la nôtre, si d'ailleurs elle était moins heureuse. Les zoologistes modernes conviennent qu'il existe encore beaucoup d'obscurité sur la reproduction de l'anguille. On a constaté des ovaires dans quelques-unes ; mais on n'a pas con staté de testicules; ce qui a fait croire que toutes les anguilles sont femelles. Voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 834; et Cuvier, Règne animal, tome II, p. 348, qui ne dit rien sur leur reproduction. Les anguilles forment une famille naturelle très distincte.

Cette espèce tout entière. Ceci ne contredit pas le chapitre précédent, où il est exposé tout au long qu'il y a des poissons qui naissent de la vase et du sable; mais ce n'est pas là un motif pour croire à l'authenticité de ce chapitre étrange. Voir le chapitre précédent, § 1. Mais ici il y a doute sur la leçon, et la plupart des manuscrits disent : « Tout ce genre », au lieu de « Ce genre seul ». C'est Schneider qui a donné, d'après la vieille traduction latine et celle de Gaza, cette dernière leçon que nous n'avons pas suivie, et que repoussent MM. Aubert et Wimmer. Il est certain qu'un peu plus bas Aristote fait naître les anguilles d'une .manière toute particulière, et de ce qu'on appelait de son temps : « Les Entrailles de la terre ».

§ 2. Les anguilles se reforment. Il est bien probable, si le fait est exact, que les nouvelles anguilles viennent du frai que les autres y ont laissé, et qui éclot quand les conditions deviennent favorables.

L'eau de pluie qui les fasse vivre. Il est possible que leau de pluie, pure comme elle l'est, et chargée sans doute d'électricité, ait une action vivifiante que n'a pas leau ordinaire.

§ 3. On a trouvé parfois de petits vers. Ceci prouve une fois de plus combien ces observations étaient attentives et sérieuses.

Les Entrailles de la terre. Voir la même expression dans le Traité de la Génération des animaux, liv. III,  n° 116 et 117, p. 274, édit. et trad. Aubert et Wimmer.

§ 4. Ces prétendues Entrailles de la terre. Il y a cette nuance de doute dans le texte grec. Bn fait, on ne sait point à quoi répond l'indication donnée ici par Aristote.

De grandes pourritures. C'est en effet dans les lieux marécageux, sur les bords de la mer et à l'embouchure des fleures, que se forment, dans les climats chauds, ces émanations pestilentielles qui donnent naissance au choléra, ou à la fièvre jaune.

§ 5. Voilà ce qu'il en est de la production des anguilles. On voit que ce que les Anciens en savaient se réduit à fort peu de chose; les Modernes ne sont guère plus avancés, malgré les investigations les plus attentives.

CHAPITRE XVI.

Des époques diverses du frai des poissons; durée de Ια gestation ; malaise qu'en éprouvent les poissons; avortement des portées; variétés des saisons pour les portées; poissons qui pondent les premiers; poissons qui pondent les derniers; le surmulet et le coracin; les mœnides et les sélaciens; quelques poissons crèvent pour avoir trop d'œufs; gestation des thons; observations des pécheurs; croissance rapide du thon; ce sont surtout les poissons du Pont-Euxin qui grandissent le plus vite ; les scordyles ou auxides; les bonitons; conditions générales de l'accouplement, du frai et du développement des poissons; les congres ont des œufs comme les autres poissons; difficulté et moyens de les reconnaître; variétés singulières d'organisation chez les congres.

1 Τοὺς δὲ τόκους οὔτε πάντες οἱ ἰχθύες ποιοῦνται τὴν αὐτὴν ὥραν οὔθ´ ὁμοίως, οὔτε κύουσι τὸν ἴσον χρόνον. Πρὸ μὲν οὖν τῆς ὀχείας ἀγέλαι γίνονται ἀρρένων καὶ θηλειῶν· ὅταν δὲ περὶ τὴν ὀχείαν καὶ τοὺς τόκους ὦσι, συνδυάζονται.  2 Κύουσι δὲ τούτων ἔνιοι μὲν οὐ πλείους τριάκονθ´ ἡμερῶν, οἱ δ´ ἐλάττω χρόνον, πάντες δ´ ἐν χρόνοις διαιρουμένοις εἰς τὸν τῶν ἑβδομάδων ἀριθμόν. Κύουσι δὲ πλεῖστον χρόνον οὓς καλοῦσί τινες μαρίνους. Σαργὸς δὲ κυΐσκεται μὲν περὶ τὸν Ποσειδεῶνα μῆνα, [571a] κύει δ´ ἡμέρας τριάκοντα· καὶ ὃν καλοῦσί τινες χελῶνα τῶν κεστρέων, καὶ ὁ μύξων τὴν αὐτὴν ὥραν καὶ ἴσον χρόνον κύουσι τῷ σαργῷ. 3 Πονοῦσι δὲ τῇ κυήσει πάντες, διὸ μάλιστα τὴν ὥραν ταύτην ἐκπίπτουσιν· φέρονται γὰρ οἰστρῶντες πρὸς τὴν γῆν. Καὶ ὅλως ἐν κινήσει περὶ τὸν χρόνον τοῦτον διατελοῦσιν ὄντες, ἕως ἂν ἐκτέκωσιν· καὶ μάλιστα ὁ κεστρεὺς τοῦτο ποιεῖ τῶν ἰχθύων· ὅταν δ´ ἐκτέκωσιν, ἡσυχάζουσιν. Πολλοῖς δὲ τῶν ἰχθύων πέρας ἐστὶ τοῦ τίκτειν, ὅταν ἐγγένηται σκωλήκια ἐν τῇ γαστρί· ἐγγίνεται γὰρ μικρὰ καὶ ἔμψυχα, ἃ ἐξελαύνει τὰ κυήματα.

4 Οἱ δὲ τόκοι γίνονται τοῖς μὲν ῥυάσι τοῦ ἔαρος, καὶ τοῖς πλείστοις δὲ περὶ τὴν ἐαρινὴν ἰσημερίαν· τοῖς δ´ ἄλλοις οὐχ ἡ αὐτὴ ὥρα τοῦ ἔτους, ἀλλὰ τοῖς μὲν τοῦ θέρους, τοῖς δὲ περὶ τὴν φθινοπωρινὴν ἰσημερίαν. Τίκτει δὲ πρῶτον τῶν τοιούτων ἀθερίνη (τίκτει δὲ πρὸς τῇ γῇ), κέφαλος δ´ ὕστατος· δῆλον δ´ ἐκ τοῦ πρῶτον ταύτης φαίνεσθαι τὸν γόνον, τοῦ δ´ ὕστατον.  5 Τίκτει δὲ καὶ κεστρεὺς ἐν τοῖς πρώτοις, καὶ σάλπη τοῦ θέρους ἀρχομένου ἐν τοῖς πλείστοις, ἐνιαχοῦ δὲ μετοπώρου. Τίκτει δὲ καὶ ὁ αὐλωπίας, ὃν καλοῦσί τινες ἀνθίαν, τοῦ θέρους. Μετὰ δὲ τούτους χρύσοφρυς καὶ λάβραξ καὶ μόρμυρος καὶ ὅλως οἱ καλούμενοι δρομάδες. Ὕστατοι δὲ τῶν ἀγελαίων τρίγλη καὶ κορακῖνος· τίκτουσι δ´ οὗτοι περὶ τὸ μετόπωρον. 6 Τίκτει δ´ ἡ τρίγλη ἐπὶ τῷ πηλῷ, διὸ ὀψὲ τίκτει· πολὺν γὰρ χρόνον ὁ πηλὸς ψυχρός ἐστιν. Ὁ δὲ κορακῖνος ὕστερον τῆς τρίγλης ἐπὶ τῶν φυκίων ἐκπορευόμενος, διὰ τὸ βιοτεύειν ἐν τοῖς πετραίοις χωρίοις· κύει δὲ πολὺν χρόνον. Αἱ δὲ μαινίδες τίκτουσι μετὰ τροπὰς χειμερινάς. Τῶν δ´ ἄλλων ὅσοι πελάγιοι, οἱ πολλοὶ θέρους τίκτουσιν· σημεῖον δ´ ὅτι οὐχ ἁλίσκονται τὸν χρόνον τοῦτον. 7 Πολυγονώτατον δ´ ἐστὶ τῶν ἰχθύων μαινίς, τῶν δὲ σελαχῶν βάτραχος· ἀλλὰ σπάνιοί εἰσι διὰ τὸ ἀπόλλυσθαι ῥᾳδίως· τίκτει γὰρ ἀθρόα καὶ πρὸς τῇ γῇ. Ὅλως δ´ ὀλιγογονώτερα μέν ἐστι τὰ σελάχη [571b] διὰ τὸ ζῳοτοκεῖν, σώζεται δὲ μάλιστα ταῦτα διὰ τὸ μέγεθος.  8 Ὀψίγονον δ´ ἐστὶ καὶ ἡ καλουμένη βελόνη, καὶ αἱ πολλαὶ αὐτῶν πρὸ τοῦ τίκτειν διαρρήγνυνται ὑπὸ τῶν ᾠῶν· ἴσχει δ´ οὐχ οὕτω πολλὰ ὡς μεγάλα. Καὶ ὥσπερ τὰ φαλάγγια δέ, περικέχυνται καὶ περὶ τὴν βελόνην· ἐκτίκτει γὰρ πρὸς αὑτῇ, κἄν τις θίγῃ, φεύγουσιν. Ἡ δ´ ἀθερίνη τίκτει τρίβουσα τὴν κοιλίαν πρὸς τὴν ἄμμον.  9 Διαρρήγνυνται δὲ καὶ οἱ θύννοι ὑπὸ τῆς πιμελῆς, ζῶσι δ´ ἔτη δύο. Σημεῖον δὲ τούτου ποιοῦνται οἱ ἁλιεῖς· ἐκλιπουσῶν γάρ ποτε τῶν θυννίδων ἐνιαυτόν, τῷ ἐχομένῳ ἔτει καὶ θύννοι ἐξέλιπον. Δοκοῦσι δ´ ἐνιαυτῷ εἶναι πρεσβύτεροι τῶν πηλαμύδων. 10 Ὀχεύονται δ´ οἱ θύννοι καὶ οἱ σκόμβροι περὶ τὸν Ἐλαφηβολιῶνα φθίνοντα, τίκτουσι δὲ περὶ τὸν Ἑκατομβαιῶνα ἀρχόμενον· τίκτουσι δ´ οἷον ἐν θυλάκῳ τὰ ᾠά. Ἡ δ´ αὔξησίς ἐστι τῶν θυννίδων ταχεῖα· ὅταν γὰρ τέκωσιν οἱ ἰχθύες ἐν τῷ Πόντῳ, γίνονται ἐκ τοῦ ᾠοῦ ἃς καλοῦσιν οἱ μὲν σκορδύλας, οἱ δὲ Βυζάντιοι αὐξίδας διὰ τὸ ἐν ὀλίγαις αὐξάνεσθαι ἡμέραις, καὶ ἐξέρχονται μὲν τοῦ φθινοπώρου ἅμα ταῖς θυννίσιν, εἰσπλέουσι δὲ τοῦ ἔαρος ἤδη οὖσαι πηλαμύδες.  11 Σχεδὸν δὲ καὶ οἱ ἄλλοι πάντες ἰχθύες ταχεῖαν λαμβάνουσι τὴν αὔξησιν, πάντες δ´ ἐν τῷ Πόντῳ θᾶττον· παρ´ ἡμέραν γὰρ καὶ αἱ ἀμίαι πολὺ ἐπιδήλως αὐξάνονται. Ὅλως δὲ δεῖ νομίζειν τοῖς αὐτοῖς ἰχθύσι μὴ ἐν τοῖς αὐτοῖς τόποις μήτε τῆς ὀχείας καὶ τῆς κυήσεως εἶναι τὴν αὐτὴν ὥραν μήτε τοῦ τόκου καὶ τῆς εὐημερίας, ἐπεὶ καὶ οἱ καλούμενοι κορακῖνοι ἐνιαχοῦ τίκτουσι περὶ τὸν πυραμητόν· ἀλλὰ τοῦ ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ γινομένου ἐστόχασται τὰ εἰρημένα.

11 Ἴσχουσι δὲ καὶ οἱ γόγγροι κυήματα· ἀλλ´ οὐκ ἐν πᾶσι τοῖς τόποις ὁμοίως τοῦτο ἐπίδηλον, οὐδὲ τὸ κύημα σφόδρα φανερὸν διὰ τὴν πιμελήν· ἴσχει γὰρ μακρόν, ὥσπερ καὶ οἱ ὄφεις. Ἀλλ´ ἐπὶ τὸ πῦρ τιθέμενον διάδηλον ποιεῖ· ἡ μὲν γὰρ πιμελὴ θυμιᾶται καὶ τήκεται, τὰ δὲ πηδᾷ καὶ ψοφεῖ ἐκθλιβόμενα. Ἔτι δ´ ἄν τις ψηλαφᾷ καὶ τρίβῃ τοῖς δακτύλοις, τὸ μὲν στέαρ λεῖον φαίνεται, τὸ δ´ ᾠὸν τραχύ. [572a] Ἔνιοι μὲν οὖν γόγγροι στέαρ μὲν ἔχουσιν ᾠὸν δ´ οὐδέν, οἱ δὲ τοὐναντίον στέαρ μὲν οὐδέν, ᾠὸν δὲ τοιοῦτον οἷον εἴρηται νῦν.

 

 

 

1 Les poissons ne frayent pas tous à la même époque, ni de la même manière; ils ne portent pas tous le même espace de temps. Avant l'accouplement, il se forme des troupes de mâles et de femelles; mais ils s'accouplent deux par deux, quand arrive le temps de la copulation et de la ponte. 2 Quelques-uns ne portent que trente jours ; d'autres portent encore moins ; mais tous portent un nombre de jours divisible par semaines. Ceux qui portent le plus longtemps sont les poissons qu'on appelle quelquefois Marinos. La sarge femelle est fécondée vers le mois de Posidon ; [571a] elle porte trente jours. Parmi les muges, ceux qu'on nomme Grosse-lèvre et le Morveux portent dans la même saison, et aussi longtemps, que la Sarge. 3 Tous les poissons souffrent de la gestation; et c'est surtout à ce moment qu'ils sortent de l'eau ; on les voit se précipiter furieusement vers la terre ; et durant tout ce temps, ils sont dans un mouvement continuel, jusqu'à ce qu'ils aient jeté leur frai. C'est le muge qui semble le plus agité de tous; une fois les œufs pondus, ils se calment. Beaucoup de poissons cessent de porter quand il se produit des larves dans leur ventre ; car il s'en produit de petites et de vivantes qui expulsent les futures portées.

4 Les portées ont surtout lieu au printemps pour les poissons qui vont par bandes ; et pour la majeure partie, c'est vers l'équinoxe du printemps. Pour les autres, l'époque de l'année n'est plus la même ; c'est l'été pour les uns ; pour les autres, c'est l'équinoxe d'automne. Le premier à pondre, parmi tous ces poissons, c'est l'athérine; et il pond près de terre. Le dernier, c'est le Capiton. La preuve de cette distinction, c'est qu'on voit, d'abord le frai de l'un, et que le frai de l'autre ne se montre qu'en dernier lieu. 5 Le muge est aussi un des premiers à pondre. La saupe fraye, dans la plupart des pays, au début de l'été; elle fraye aussi à l'automne en certains endroits. l'aulopias, qu'on nomme aussi l'authias, fraye en été. Après ces poissons, viennent la dorade, le loup, le mormyre, et tous ceux qu'on appelle dromades, ou coureurs. Les derniers à pondre, parmi les poissons qui vont en troupes, sont le surmulet et le coracin. 6 Ces derniers poissons pondent vers l'automne; le surmulet pond dans la vase ; et c'est là ce qui fait qu'il pond tard ; car la vase reste froide bien longtemps. Le coracin pond plus tard encore que le surmulet, se transportant dans les algues, bien qu'il vive d'ordinaire dans les endroits rocheux. Il porte d'ailleurs très longtemps. Les maenides pondent après le solstice d'hiver. La plupart des autres poissons de mer frayent en été ; et ce qui semble le prouver, c'est qu'on n'en prend pas à cette époque. 7 La maenide est le plus fécond de tous les poissons ; et parmi les sélaciens, c'est la grenouille de mer. Mais ces grenouilles sont peu nombreuses, parce qu'elles sont très exposées à périr, la femelle déposant ses œufs en masse et près de terre. En général, les sélaciens sont les moins féconds, [571b] parce qu'ils sont vivipares; mais ils se conservent précisément à cause de leur grosseur. 8 Le poisson nommé l'aiguille est aussi un de ceux qui pondent tard. Beaucoup de ces poissons sont déchirés par leurs œufs avant de les peadre ; s'ils ne peuvent pas les garder, ce n'est point à cause du nombre ; c'est plutôt à cause de la grosseur. Comme pour les araignées-phalanges, les œufs sont répandus autour de la femelle de l'aiguille; elle pond ses petits près d'elle, et ils s'enfuient dès qu'on les touche. l'athérine se frotte le ventre sur le sable pour pondre ses œufs. 9 Les thons se fendent aussi comme l'aiguille, par l'excès de graisse; ils vivent deux ans. Les pêcheurs affirment ce fait en disant que, quand les thons-femelles manquent une année, les thons manquent également l'année suivante.  Il semble, d'ailleurs, avoir un an de plus que les pélamydes. 10 Les thons et les maquereaux s'accouplent à la fin du mois d'Élaphébolion; et ils pondent dans les premiers jours d'Hécatombéon. Leurs œufs sont renfermés dans une sorte de poche. Les petits thons ont une croissance très rapide ; car lorsque ces poissons ont pondu dans le Pont, il sort de l'œuf ce que les uns appellent des Scordyles, mais ce que les gens de Byzance appellent des Auxides, parce qu'elles se développent en quelques jours. Ces Scordyles sortent avec les thons en automne ; et elles reviennent au printemps, étant déjà des Pélamydes. 11 En général, tous les poissons grossissent très vite ; mais tous ceux du Pont grossissent plus vite encore que les autres. De jour en jour, on peut voir grandir, par exemple, les Amies, ou Bonitons. D'une manière générale, on doit dire que, pour les mêmes poissons, mais dans des lieux qui ne sont pas les mêmes, les époques ne sont pas les mêmes non plus, ni pour l'accouplement, ni pour la gestation, ni pour l'éclosion des petits, ni pour leur bon développement. C'est ainsi que, dans certains pays, ceux qu'on appelle les coracins ne jettent leurs œufs qu'à l'époque de la moisson. Mais, dans la majorité des cas, les conditions que nous avons indiquées sont celles qui se produisent.

11 Les congres ont des œufs comme les autres ; mais on ne peut pas observer le fait également bien*dans tous les lieux; et leur portée n'est pas facile à voir, à cause de leur graisse. La portée est en longueur comme chez les serpents ; mais en mettant la bête sur le feu, on voit bien nettement les choses. La graisse se brûle et se fond, tandis que les œufs sautent et font du bruit en éclatant. Si, de plus, on les touche et si on les écrase entre les doigts, la graisse est molle, tandis que les œufs sont durs. [572a] Il y a bien quelques congres qui n'ont que de la graisse et pas du tout d'œufs. D'autres, au contraire, n'ont pas de graisse ; et leur œuf est comme on vient de le dire.
 

§ 1. Ne frayent pas tous à la même époque... Les détails qui suivent dans ce chapitre sont destinés à justifier ces généralités, d'ailleurs fort exactes.

Deux par deux. C'est du moins le cas le plus ordinaire. Voir plus loin, § 11.

§ 2. Un nombre de jours divisible par semaines. Ceci n'est pas d'accord avec ce qui vient d'être dit, puisque Trente, par exemple, n'est pas divisible par Sept.

Marinos. On ne sait pas quel est ce poisson, non plus que la Myrino, que l'on confond souvent avec celui-là, à cause de la presque identité de nom. Voir plus loin liv. VIII, ch. xx, § 7.

La sarge femelle. Ou Sargue. On ne sait pas précisément quel est ce poisson ; voir le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, t. I, p. 139, n° 58 ; la zoologie moderne a conservé ce nom pour une espèce de Sparoïdes; voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 181, et la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 849.

Le mois de Posidon. Ou de Neptune; ce mois athénien répond à décembre-janvier.

Grosse-lèvre... Morveux. C'est la traduction littérale des mots grecs ; mais on ne sait pas au juste quels sont ces poissons; voir le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, tome I, p. 130, § 31. Voir aussi Cuvier, Règne animal, tome II, p. 230, Mugil-chélo, à grosses lèvres. Une espèce de Cyclostomes porte encore le nom de Myxine ; c'est une lamproie ; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 811. Il paraît que Cuvier s'était trompé en prenant le Myxon d'Aristote pour le Mugil auratus.

§ 3. Tous les poissons souffrent de la gestation. L'observation est très exacte ; et la cause de cette agitation est évidente.

Ils sortent de l'eau. Le texte est un peu moins précis.

Furieusement. Littéralement : « Comme piqués par le taon » ; voir plus haut, liv. V, ch. xxv, § 7.

Le Muge. Les Muges, Mugil, forment la onzième famille des acanthoptérygiensde Cuvier, Règne animal, tome II, p. 230. Les muges comprennent le céphale,le capito ou capiton, etc.

Des larves. Ou, des Vers.

Qui expulsent. Ceci ne se comprend pas bien; MM. Aubert et Wimmer proposent de lire : « Qui dévorent », au lieu de : « Qui expulsent » ; et à l'appui de cette conjecture, ils citent un passage d'Athénée, VII, p. 324.

§ 4. Au printemps. Ce serait plutôt : « Au début duprmtemps », comme la suite semble le prouver.

L'athérine. La zoologie moderne a conservé ce nom pour une espèce de poissons qui se rapproche des Mugils; ce sont de petits poissons d'un goût fort délicat; voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 234. Les variétés d'Athérines sont assez nombreuses.

Le Capiton. Ce poisson est une espèce de Muge ; voir Cuvier, loc. cit.,p. 234; voir aussi la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 856.

§ 5. La Saupe. Ce poisson est une espèce de sparoïde, qui se rapproche de la Sargue et de la Dorade ; voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 185. Il ne paraît pas que la Saupe doive se confondre avec les Salpes ou rhaliacés, seconde classe des Ascidies, de la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 761.

Dans la plupart des pays. Comme la leçon du texte vulgaire n'est pas d'une parfaite régularité grammaticale, je ne sais si c'est bien là le sens. Beaucoup d'éditeurs ont mis ces mots entre crochets.

L'aulopias. La variété de nom que donne Aristote n'aide pas à reconnaître quel est ce poisson. Voir le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, tome I, p. 125, n° 3.

La dorade. Ou la Daurade vulgaire de Cuvier, Règne animal, tome II, p. 182, Sparus aurata. Le nom grec est justifié par la bande de couleur dorée qui va d'un œil à l'autre de cet excellent poisson.

Le loup. Ou Bar commun, de Cuvier, Règne animal, tome ΊΙ, p. 133, Labrax lupus, ou Perca labrax.

Le mormyre. On ne sait pas précisément quel est ce poisson, dont le nom varie dans les manuscrits; Cuvier croit que c'est le Pagellus mormyrus; sans doute, d'après l'identité de ce nom donné encore aujourd'hui à certains poissons de la Méditerranée. Voir le Catalogue de MM. Aubert et . Wimmer, tome I, p. 136, n° 47. La zoologie moderne a conservé aussi ce nom pour une famille de poissons qui ne vivent pas dans la Méditerranée ; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 837.

Dromades, ou coureurs. Il n'y a qu'un seul mot dans le grec. Coureur est la traduction littérale.

Le surmulet. La science moderne a conservé le mot grec de Trigle pour une espèce de grondins ; voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 158, et Zoologie descriptive de M. Claus, p. 851.

Le coracin. On ne sait pas précisément quel est ce poisson; voir la note savante de MM. Aubert et Wimmer, Catalogue, tome I, p. 132, n° 36.

§ 6. Ces derniers poissons pondent... Ces détails sont curieux; mais la science moderne paraît avoir négligé ce sujet.

La vase reste froide.L'observation est très juste. Ce renseignement et tous ceux qui l'accompagnent peuvent aider les naturalistes à identifier ce poisson.

Les maenides. Voir plus haut, ch. xiv, § i.

§ 7. La maenide est le plus fécond de tous les poissons. Je ne sais pas si le fait est bien exact.

 — La grenouille de mer. J'aurais pu reproduire le mot grec de Batrachos, par lequel la science actuelle désigne encore une espèce d'acanthoptère ; j'ai préféré le traduire, afin d'être plus clair. Déjà plus haut, ch. x, § 15, il a été dit que la Grenouille de mer, dans laquelle on croit reconnaître le Lophius piscatorius, n'est pas un sélacien, puisqu'elle n'est pas vivipare ; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 857, et le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, tome I, p. 146, n° 90; voir aussi Cuvier, Règne animal, tome II, p. 250, qui fait du Batrachos des Grecs une espèce de Baudroye. C'est un des poissons de la Méditerranée dont la figure est la plus hideuse ; ce qui lui a fait donner le nom de Diable de mer, qu'elle porte toujours en allemand.

Ils se conservent. Dans le texte, ceci semblerait se rapporter aux œufs des sélaciens ; mais on vient de dire que les sélaciene sont vivipares. Il y a sans doute ici quelque altération du texte.

§ 8. L'aiguille. Le mot grec de Belone a été conservé par la science moderne pour un poisson de la famille des malacopterygiens anacanthines ; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 845, et le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, tome I, p. 125, n° 7, qui, dans ce poisson, reconnaissent le Syngnathus acus, qui fait partie des Lophobranches ; voir M. Claus, loc. cit., p. 831.

A cause du nombre. Il paraît bien en effet que ces poissons ont des œufs beaucoup moins nombreux que certaines autres espèces.

Les araignées-phalanges. Il n'y a qu'un seul mot dans le texte.

Les œufs sont répandus. Le texte n'est pas aussi formel.

Près d'elle. Ou, peut-être : « Sous elle ».

 — L'athérine. Voir plus haut, § 4.

 § 9. Les thons... les pélamydes. MM. Aubert et Wimmer regardent tout ce paragraphe comme apocryphe ; il semble bien qu'en effet c'est une interpolation, qui interrompt le fil de la pensée, mais qui, de plus, est fort obscure et qui contient des erreurs manifestes.

Ils vivent deux ans. Les thons vivent bien davantage.

Un an de plus que les pélamydes. Ceci ne se comprend pas ; et il y a dans ce passage tout au moins un déplacement.

§ 10. Élaphébolion. Ce mois athénien répond à nos mois de mars et d'avril; comme l'étymologie l'indique, c'était le temps de la chasse aux cerfs.

D'Hécatombéon. Ce mois répond à juin et juillet. Le fait d'ailleurs est exact, comme l'a reconnu la science moderne.

Renfermés dans une sorte de poche. Ce détail, qui est exact, a été donné déjà plus haut, liv. V, ch. ix, §7, ainsi que plusieurs autres détails qui sont également donnés ici.

Les petits thons. Le mot du texte qui signifie parfois la femelle du thon ne peut signifier ici que ses petits, comme le font observer MM. Aubert et Wimmer.

Une croissance très rapide. La même observation, liv. V, ch. ix, § 5, a été appliquée à tous les poissons en général.

Des Scordyles. Quelques manuscrits ont Scorodyles, au lieu de Scordyles. Cette variante est sans importance.

Auxides. La science moderne a conservé ce nom pour un poisson de la famille des thons et des maquereaux ; voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 199; mais on ne dit pas que les auxides soient ainsi nommées à cause de la rapidité de leur croissance.

 — Étant déjà des Pélamydes. En rapprochant ceci de la fin du paragraphe précédent, il semble bien que les Pélamydes sont des thons tout petits, qui n'ont encore qu'un an.

§ 11. En général, tous les poissons... Voir la même observation plus haut, liv. V, ch. ix, § 5.

 — Les Amies. C'est la reproduction littérale du mot grec.

Ou Bonitons. J'ai ajouté ces mots, comme plus haut, liv. I, ch. i, § 20.MM. Aubert et Wimmer, Catalogue, tome I, p. 124, n° 2, croient que l'amia ou Boni on peut être le Pelamys Barda ; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 853, et Cuvier, Règne animal, tome II, p. 327. L'amia est une espèce de maquereau. Le texte grec de ce passage n'est pas grammaticalement très régulier. On a proposé plusieurs corrections, dont la plus plausible permettrait de traduire : « Les amies et plusieurs autres poissons... »

Pour les mêmes poissons... Voir plus haut, § 1, des observations analogues.

Les coracins. Voir plus haut, § 5.

§ 12. Les congres. C'est le mot grec, que la science moderne a conservé. Le Congre est une espèce d'anguille de mer; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 834, et le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, tome I, p. 126, n° 11. Voir aussi Cuvier, Règne animal, tome II, p. 348. Les anguilles forment un ordre, celui des Malacoptérygiens apodes; les murènes en font partie.

Comme chez les serpents. La science moderne a donné à une de ces espèces de poissons le nom de Serpent de mer. Le peu qu'Aristote dit ici des congres est marqué de sa sagacité ordinaire et est une preuve de plus de son esprit d'observation. L'expérience qu'il indique pour reconnaître les œufs des congres est fort ingénieuse et des plus simples; je ne sais pas si on a essayé de la répéter. Rien ne serait plus facile ; et Ton pourrait peut-être même l'appliquer aux anguilles, dont la reproduction reste encore une sorte de mystère, impénétrable à la science moderne aussi bien qu'à la science antique. On l'ignorera peut-être toujours. Sur le frai des poissons en général. Voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 800 et suiv., trad. franc.

CHAPITRE XVII.

De l'accouplement dans les vivipares terrestres; ardeur de tous les animaux pour l'accouplement aux époques voulues; exemples divers, chevaux, sangliers, taureaux, béliers, boucs, chameaux; ardeur des fauves, ours, loups, lions; amours des éléphants ; ardeur moins grande des animaux domestiques, à cause de la fréquence des accouplements ; ardeurs particulières des juments; l'Hippomane; ardeur des vaches; signes divers, qui leur sont communs avec les juments ; vigilance de l'étalon sur ses femelles ; habitudes particulières des taureaux à l'époque de l'accouplement; gonflement des parties génitales chez les femelles; du flux plus ou moins régulier et abondant qui s'y forme; de l'un nation des femelles et de leur lait; la gestation augmente l'appétit chez tous les quadrupèdes.

1 Περὶ μὲν οὖν τῶν ἄλλων ζῴων καὶ πτηνῶν καὶ πλωτῶν, καὶ περὶ τῶν πεζῶν ὅσα ᾠοτοκεῖ, σχεδὸν εἴρηται περὶ πάντων, περί τ´ ὀχείας καὶ κυήσεως καὶ τῶν ἄλλων τῶν ὁμοιοτρόπων τούτοις· περὶ δὲ τῶν πεζῶν ὅσα ζῳοτοκεῖ καὶ περὶ ἀνθρώπου λεκτέον τὰ συμβαίνοντα τὸν αὐτὸν τρόπον.
 2 Περὶ μὲν οὖν ὀχείας εἴρηται καὶ ἰδίᾳ καὶ κοινῇ κατὰ πάντων. Πάντων δὲ κοινὸν τῶν ζῴων τὸ περὶ τὴν ἐπιθυμίαν καὶ τὴν ἡδονὴν ἐπτοῆσθαι τὴν ἀπὸ τῆς ὀχείας μάλιστα. Τὰ μὲν οὖν θήλεα χαλεπώτατα, ὅταν ἐκτέκωσι πρῶτον, οἱ δ´ ἄρρενες περὶ τὴν ὀχείαν. Οἵ τε γὰρ ἵπποι δάκνουσι τοὺς ἵππους καὶ καταβάλλουσι καὶ διώκουσι τοὺς ἱππέας, 3 καὶ οἱ ὕες οἱ ἄγριοι χαλεπώτατοι, καίπερ ἀσθενέστατοι περὶ τὸν καιρὸν τοῦτον ὄντες, διὰ τὴν ὀχείαν, καὶ πρὸς ἀλλήλους δὲ ποιοῦνται μάχας θαυμαστάς, θωρακίζοντες ἑαυτοὺς καὶ ποιοῦντες τὸ δέρμα ὡς παχύτατον ἐκ παρασκευῆς, πρὸς τὰ δένδρα τρίβοντες καὶ τῷ πηλῷ μολύνοντες πολλάκις καὶ ξηραίνοντες ἑαυτούς· μάχονται δὲ πρὸς ἀλλήλους, ἐξελαύνοντες ἐκ τῶν συοφορβίων, οὕτω σφοδρῶς ὥστε πολλάκις ἀμφότεροι ἀποθνήσκουσιν. Ὡσαύτως δὲ καὶ οἱ ταῦροι καὶ οἱ κριοὶ καὶ οἱ τράγοι· πρότερον γὰρ ὄντες σύννομοι ἕκαστοι περὶ τοὺς καιροὺς τῆς ὀχείας μάχονται διιστάμενοι πρὸς ἀλλήλους. Χαλεπὸς δὲ καὶ ὁ κάμηλος περὶ τὴν ὀχείαν ὁ ἄρρην, ἐάν τ´ ἄνθρωπος ἐάν τε κάμηλος πλησιάζῃ· ἵππῳ μὲν γὰρ ὅλως ἀεὶ πολεμεῖ.

4 Τὸν αὐτὸν δὲ τρόπον καὶ ἐπὶ τῶν ἀγρίων· καὶ γὰρ ἄρκτοι καὶ λύκοι καὶ λέοντες χαλεποὶ τοῖς πλησιάζουσι γίνονται περὶ τὸν καιρὸν τοῦτον, πρὸς ἀλλήλους δ´ ἧττον μάχονται διὰ τὸ μὴ ἀγελαῖον εἶναι μηδὲν τῶν τοιούτων ζῴων. Χαλεπαὶ δὲ καὶ αἱ θήλειαι ἄρκτοι ἀπὸ τῶν σκύμνων, ὥσπερ καὶ αἱ κύνες ἀπὸ τῶν σκυλακίων. 5 Ἐξαγριαίνονται δὲ καὶ οἱ ἐλέφαντες περὶ τὴν ὀχείαν, διόπερ φασὶν οὐκ ἐᾶν αὐτοὺς ὀχεύειν τὰς θηλείας τοὺς τρέφοντας ἐν τοῖς Ἰνδοῖς· ἐμμανεῖς γὰρ γινομένους ἐν τοῖς χρόνοις τούτοις ἀνατρέπειν [572b] τὰς οἰκήσεις αὐτῶν ἅτε φαύλως ᾠκοδομημένας, καὶ ἄλλα πολλὰ ἐργάζεσθαι. Φασὶ δὲ καὶ τὴν τῆς τροφῆς δαψίλειαν πραοτέρους αὐτοὺς παρέχειν· καὶ προσάγοντες δ´ αὐτοῖς ἑτέρους κολάζουσι καὶ δουλοῦνται προστάττοντες τύπτειν τοῖς προσαγομένοις. 6 Τὰ δὲ πολλάκις ποιούμενα τὰς ὀχείας καὶ μὴ κατὰ μίαν ὥραν, οἷον τὰ συνανθρωπευόμενα, ὕες τε καὶ κύνες, ἧττον τοιαῦτα φαίνεται διὰ τὴν ἀφθονίαν τῆς ὁμιλίας. Τῶν δὲ θηλειῶν ὁρμητικῶς ἔχουσι πρὸς τὸν συνδυασμὸν μάλιστα μὲν ἵππος, ἔπειτα βοῦς. Αἱ μὲν οὖν ἵπποι αἱ θήλειαι ἱππομανοῦσιν· ὅθεν καὶ ἐπὶ τὴν βλασφημίαν τὸ ὄνομα αὐτῶν ἐπιφέρουσιν ἀπὸ μόνου τῶν ζῴων τούτου τὴν ἐπὶ τῶν ἀκολάστων περὶ τὸ ἀφροδισιάζεσθαι.  7 Λέγονται δὲ καὶ ἐξανεμοῦσθαι περὶ τὸν καιρὸν τοῦτον· διὸ ἐν Κρήτῃ οὐκ ἐξαιροῦσι τὰ ὀχεῖα ἐκ τῶν θηλειῶν. Ὅταν δὲ τοῦτο πάθωσι, θέουσιν ἐκ τῶν ἄλλων ἵππων. Ἔστι δὲ τὸ πάθος ὅπερ ἐπὶ τῶν ὑῶν λέγεται τὸ καπρίζειν. Θέουσι δὲ οὔτε πρὸς ἕω οὔτε πρὸς δυσμάς, ἀλλὰ πρὸς ἄρκτον ἢ νότον. Ὅταν δ´ ἐμπέσῃ τὸ πάθος, οὐδένα ἐῶσι πλησιάζειν, ἕως ἂν ἢ ἀπείπωσι διὰ τὸν πόνον ἢ πρὸς θάλατταν ἔλθωσιν· τότε δ´ ἐκβάλλουσί τι. 8 Καλοῦσι δὲ καὶ τοῦτο, ὥσπερ ἐπὶ τοῦ τικτομένου, ἱππομανές· ἔστι δ´ οἷον ἡ καπρία, καὶ ζητοῦσι τοῦτο μάλιστα πάντων αἱ περὶ τὰς φαρμακείας. Περὶ δὲ τὴν ὥραν τῆς ὀχείας συγκύπτουσί τε πρὸς ἀλλήλας μᾶλλον ἢ πρότερον, καὶ τὴν κέρκον κινοῦσι πυκνά, καὶ τὴν φωνὴν ἀφιᾶσιν ἀλλοιοτέραν ἢ κατὰ τὸν ἄλλον χρόνον· ῥεῖ δ´ αὐταῖς ἐκ τοῦ αἰδοίου ὅμοιον γονῇ, λεπτότερον δὲ πολὺ ἢ τὸ τοῦ ἄρρενος· καὶ καλοῦσί τινες τοῦτο ἱππομανές, ἀλλ´ οὐ τὸ ἐπὶ τοῖς πώλοις ἐπιφυόμενον· ἐργῶδες δ´ εἶναί φασι λαβεῖν· κατὰ μικρὸν γὰρ ῥεῖν. Καὶ οὐροῦσι δὲ πολλάκις, ὅταν σκυζῶσι, καὶ πρὸς αὑτὰς παίζουσιν.

9 Τὰ μὲν οὖν περὶ τοὺς ἵππους τοῦτον ἔχει τὸν τρόπον,

10 αἱ δὲ βόες ταυρῶσιν· οὕτω δὲ σφόδρα κατακώχιμαι τῷ πάθει γίνονται, ὥστε μὴ δύνασθαι αὐτῶν κρατεῖν μηδὲ λαμβάνεσθαι τοὺς βουκόλους. Δῆλαι [573a] δ´ εἰσὶ καὶ αἱ ἵπποι καὶ αἱ βόες, ὅταν ὀργῶσι πρὸς τὴν ὀχείαν, καὶ τῇ ἐπάρσει τῶν αἰδοίων, καὶ τῷ πυκνὰ οὐρεῖν αἱ βόες ὥσπερ αἱ ἵπποι. Ἔτι δ´ αἵ γε βόες ἐπὶ τοὺς ταύρους ἀναβαίνουσι, καὶ παρακολουθοῦσιν ἀεί, καὶ παρεστᾶσιν. Πρότερα δὲ τὰ νεώτερα ὀργᾷ πρὸς τὴν ὀχείαν καὶ ἐν τοῖς ἵπποις καὶ ἐν τοῖς βουσίν· καὶ ὅταν εὐημερίαι γίνωνται καὶ τὰ σώματα εὖ ἔχωσι, μᾶλλον ὀργῶσιν. 11 Αἱ μὲν οὖν ἵπποι ὅταν ἀποκείρωνται, ἀποπαύονται τῆς ὁρμῆς μᾶλλον καὶ γίνονται κατηφέστεραι. Οἱ δ´ ἄρρενες ἵπποι διαγινώσκουσι τὰς θηλείας τὰς συννόμους ταῖς ὀσμαῖς, κἂν ὀλίγας ἡμέρας ἅμα γένωνται πρὸ τῆς ὀχείας· κἂν ἀναμιχθῶσιν ἀλλήλοις, ἐξελαύνουσι δάκνοντες, καὶ νέμονται χωρίς, ἕκαστοι τὰς ἑαυτῶν ἔχοντες. Διδόασι δ´ ἑκάστῳ περὶ τριάκοντα ἢ μικρῷ πλείους. Ὅταν δὲ προσίῃ τις ἄρρην, συστρέψας εἰς ταὐτὸ καὶ περιδραμὼν κύκλῳ, προσελθὼν μάχεται· κἄν τις κινῆται, δάκνει καὶ κωλύει.

12 Ὁ δὲ ταῦρος, ὅταν ὥρα τῆς ὀχείας ᾖ, τότε γίνεται σύννομος καὶ μάχεται τοῖς ἄλλοις, τὸν δὲ πρότερον χρόνον μετ´ ἀλλήλων εἰσίν, ὃ καλεῖται ἀτιμαγελεῖν· πολλάκις γὰρ οἵ γ´ ἐν τῇ Ἠπείρῳ οὐ φαίνονται τριῶν μηνῶν. 13 Ὅλως δὲ τὰ ἄρρενα πάντα ἢ τὰ πλεῖστα οὐ συννέμονται τοῖς θήλεσι πρὸ τῆς ὥρας τοῦ ὀχεύειν, ἀλλ´ ἐκκρίνονται, ὅταν εἰς ἡλικίαν ἔλθωσι, καὶ χωρὶς βόσκονται τὰ ἄρρενα τῶν θηλειῶν. 14 Καὶ αἱ ὕες δ´ ὅταν ἔχωσι πρὸς τὴν ὀχείαν ὁρμητικῶς, ὃ καλεῖται καπρᾶν, ὠθοῦνται καὶ πρὸς τοὺς ἀνθρώπους. Περὶ δὲ τὰς κύνας τὸ τοιοῦτον πάθος καλεῖται σκυζᾶν. Ἔπαρσις μὲν οὖν τοῖς θήλεσιν γίνεται τῶν αἰδοίων, ὅταν πρὸς τὴν ὀχείαν ὀργῶσι, καὶ ὑγρασία περὶ τὸν τόπον· αἱ δ´ ἵπποι καὶ ἀπορραίνουσι λευκὴν ὑγρότητα περὶ τὸν καιρὸν τοῦτον. 15 Καθάρσεις δὲ γίνονται μὲν καταμηνίων, οὐ μὴν ὅσαι γε ταῖς γυναιξὶν οὐθενὶ τῶν ἄλλων ζῴων. Τοῖς μὲν οὖν προβάτοις καὶ αἰξίν, ἐπειδὰν ὥρα ᾖ ὀχεύεσθαι, ἐπισημαίνει πρὸ τοῦ ὀχεύεσθαι· καὶ ἐπειδὰν ὀχευθῶσι, γίνεται τὰ σημεῖα, εἶτα διαλείπει, μέχρι οὗ ἂν μέλλωσι τίκτειν. [573b] Τότε δ´ ἐπισημαίνει, καὶ οὕτω γινώσκουσιν ὅτι ἐπίτοκοι οἱ ποιμένες. Ἐπειδὰν δὲ τέκῃ, κάθαρσις γίνεται πολλή, τὸ μὲν πρῶτον οὐ σφόδρα αἱματώδης, ὕστερον μέντοι σφόδρα. 16 Βοῒ δὲ καὶ ὄνῳ καὶ ἵππῳ πλείω μὲν τούτων διὰ τὸ μέγεθος, ἐλάττω δὲ κατὰ λόγον πολλῷ. Ἡ μὲν οὖν βοῦς ὅταν ὀργᾷ πρὸς τὴν ὀχείαν ἡ θήλεια, καθαίρεται κάθαρσιν βραχεῖαν ὅσον ἡμικοτύλιον ἢ μικρῷ πλέον· καιρὸς δὲ γίνεται τῆς ὀχείας μάλιστα περὶ τὴν κάθαρσιν. Ἵππος δὲ τῶν τετραπόδων ἁπάντων εὐτοκώτατον καὶ λοχίων καθαρώτατον, καὶ ἐλαχίστην προΐεται αἵματος ῥύσιν, ὡς κατὰ τὸ τοῦ σώματος μέγεθος. 17 Μάλιστα δὲ καὶ ταῖς βουσὶ καὶ ταῖς ἵπποις τὰ καταμήνια ἐπισημαίνει διαλείποντα δίμηνον καὶ τετράμηνον καὶ ἑξάμηνον· ἀλλ´ οὐ ῥᾴδιον γνῶναι μὴ παρεπομένῳ μηδὲ συνήθει σφόδρα, διὸ ἔνιοι οὐκ οἴονται γίνεσθαι αὐτοῖς. Τοῖς δ´ ὀρεῦσι τοῖς θήλεσιν οὐδὲν γίνεται καταμήνιον, ἀλλὰ τὸ οὖρον παχύτερον τὸ τῆς θηλείας.

18 Ὅλως μὲν οὖν τὸ τῆς κύστεως περίττωμα τοῖς τετράποσι παχύτερον ἢ τὸ τῶν ἀνθρώπων, τὸ δὲ τῶν προβάτων καὶ τῶν αἰγῶν τῶν θηλειῶν παχύτερον ἔτι ἢ τὸ τῶν ἀρρένων· ὄνου δὲ λεπτότερον τὸ τῶν θηλειῶν, βοὸς δὲ δριμύτερον τὸ τῆς θηλείας. Μετὰ δὲ τοὺς τόκους ἁπάντων τῶν τετραπόδων παχύτερον τὸ οὖρον γίνεται, καὶ μᾶλλον τῶν ἐλάττω προϊεμένων κάθαρσιν. Τὸ δὲ γάλα γίνεται, ὅταν ὀχεύεσθαι ἄρχωνται, πυοειδές· χρήσιμον δὲ γίνεται, ἐπειδὰν τέκωσιν ὕστερον. Κύοντα δὲ καὶ πρόβατα καὶ αἶγες πιότερα γίνονται καὶ ἐσθίουσι μᾶλλον· καὶ βόες δὲ ὡσαύτως καὶ τἆλλα τὰ τετράποδα πάντα.


 

 

 

1 En ce qui concerne les animaux ovipares qui nagent, qui volent, ou qui marchent sur terre, nous avons dit à peu près tout ce qu'on peut dire de l'accouplement, de la gestation, de l'éclosion, et des autres fonctions analogues à celles-là; nous allons traiter de ces mêmes fonctions en ce qui regarde les animaux terrestres vivipares, et en ce qui regarde l'homme. 2 On a déjà parlé de l'accouplement, soit d'une façon particulière, soit d'une manière générale et commune pour tous les animaux. Une observation qu'on peut appliquer à tous sans exception, c'est que l'accouplement provoque en eux le plus prodigieux désir, et un plaisir non moins grand à s'y livrer. Les femelles sont surtout terribles à leur première portée ; et les mâles, vers l'époque de l'accouplement. Les chevaux, par exemple, se mordent entre eux ; ils renversent et ils poursuivent leurs cavaliers. 3 C'est alors aussi que les sangliers sont les plus redoutables, quoique, à ce moment, l'accouplement les affaiblisse beaucoup; ils se livrent entre eux des combats formidables, se cuirassant à l'avance et se préparant la peau la plus dure possible et la plus épaisse, en se frottant contre les arbres, en se roulant cent fois dans la boue et en la laissant sécher sur eux. Ils se battent avec tant de rage, quand ils sortent de leurs bouges, que bien souvent les deux bêtes meurent à la fois. Les taureaux, les béliers, les boucs ne sont pas moins agités; vivant d'abord en paix dans le même pâturage, vers l'époque de l'accouplement, ils se séparent et se font une guerre acharnée. Le chameau mâle lui-même devient intraitable dans ce moment; et il ne souffre pas plus l'approche de l'homme que celle d'un autre chameau ; quant au cheval, on sait que le chameau est en tout temps en guerre avec lui.

4 Les bêtes sauvages éprouvent les mêmes influences. Les ours, les loups, les lions sont, dans ces moments, plus que jamais, terribles à tout ce qui les approche ; s'ils se battent moins entre eux que d'autres, c'est que ce ne sont pas des animaux qui vivent en troupes. Les femelles des ours sont furieuses quand elles ont des oursins; les chiennes ne le sont pas moins pour leurs petits chiens. 5  Les éléphants aussi deviennent farouches au temps de l'accouplement ; et ceux qui en élèvent dans les Indes le savent si bien, à ce qu'on dit, qu'ils ne les laissent pas couvrir leurs femelles ; car, à ces moments-là, ils entrent en fureur, renversant [572b] leurs cabanes, d'ailleurs assez mal construites, et causant une foule d'autres dégâts. On dit encore qu'on peut les rendre plus doux, en leur donnant une nourriture copieuse. On les fait aussi approcher par d'autres éléphants qui les refrènent et les soumettent, et auxquels on apprend à les frapper pour les réduire. 6  Les animaux qui peuvent s'accoupler souvent, sans être astreints à une saison unique, et par exemple ceux qui vivent avec l'homme, comme les porcs et les chiens, sont évidemment moins sujets à ces transports, à cause de la fréquence des rapprochements. Parmi les femelles, ce sont les juments, avant toutes les autres, et après eues, les vaches, qui se montrent les plus ardentes à l'accouplement. Les femelles des chevaux en deviennent folles, ou comme on dit, hippomanes ; de là vient que, quand on veut flétrir les gens beaucoup trop livrés aux plaisirs de l'amour, on leur inflige ce surnom d'hippo-mânes, qu'on tire uniquement de la jument, parmi toutes les autres femelles. 7  On dit aussi qu'à ces époques, elles sont affolées par lèvent. C'est ce qui fait que dans l'île de Crète, on n'empêche en rien la saillie des cavales. Une fois couvertes, elles se mettent à fuir loin des autres chevaux ; leur mal est celui que, pour les femelles des sangliers, on appelle avoir la fureur du sanglier. D'ailleurs, elles ne courent jamais ni vers lest, ni vers l'ouest ; mais toujours au nord ou au sud. Quand elles sont atteintes de cette furie, elles ne souffrent pas que personne s'approche d'elles, jusqu'à ce qu'elles tombent épuisées de fatigue, ou qu'elles se plongent dans la mer. 8  Elles laissent alors couler un corps pareil à celui qu'on appelle aussi du nom d'hippomane dans le poulain qui vient de naître. Ce corps ressemble à l'ovaire de la truie; et c'est une substance très recherchée pour la fabrication des remèdes. Aux époques de l'accouplement, les juments se penchent les unes sur les autres plus qu'elles ne le font d'ordinaire ; elles agitent à tout instant leur queue ; et la voix qu'elles ont alors est très différente de celle qu'elles ont à tout autre moment. Alors aussi, il s'écoule de leurs parties génitales un liquide qui se rapproche de la semence des mâles, mais qui est beaucoup plus léger. C'est ce liquide que parfois on appelle l'hippomane, et qui n'est pas l'excroissance qui vient au jeune poulain. Il est d'ailleurs, à ce qu'on dit, fort difficile de recueillir ce liquide, qui ne coule qu'en petite quantité. Les juments urinent souvent quand elles sont en chaleur, et elles jouent les unes avec les autres.

9  Voilà donc ce qu'on peut observer sur les chevaux à l'époque de l'accouplement.

10 Les vaches ont la fureur du taureau ; et la passion qui les pousse est si violente que les bouviers ne peuvent les maîtriser, ni les prendre. On voit sans peine, pour les vaches comme pour les juments, [573a] qu'elles brûlent de s'accoupler, par le gonflement de leurs parties génitales, et par la fréquence de leurs urines. Les vaches vont même jusqu'à monter sur les taureaux ; elles les suivent sans cesse, et sont toujours à leurs côtés. Ce sont les bêtes les plus jeunes, juments ou vaches, qui sont les premières en chaleur avant les autres ; et leur ardeur est d'autant plus vive que le temps est beau, et qu'elles sont en pleine santé. 11 Les juments, quand elles sont tondues, sont beaucoup plus calmes, et elles portent la tête basse. Les mâles distinguent, rien qu'à l'odeur, les femelles avec lesquelles ils ont pâturé, bien qu'ils n'aient été avec elles que quelques jours avant de s'accoupler. Si d'autres juments viennent se mêler à celles-là, ils les font retirer en les mordant ; et ils vont paître séparément, chacun avec ses femelles. On donne à chaque cheval une trentaine de juments, ou un peu plus. Si quelque autre mâle s'approche, le cheval réunit ses juments sur un seul point ; il en fait le tour en courant, et il va combattre son rival en allant au-devant de lui. Si quelque jument bouge, il la mord et la retient.

12  Quand arrive la saison de l'accouplement, le taureau vient paître avec les vaches, et il se bat avec les autres taureaux, bien qu'auparavant ils vécussent ensemble. On dit alors d'eux qu'ils dédaignent le troupeau, et souvent les taureaux d'Épire restent trois mois de suite sans y reparaître. 13 C'est qu'en général, dans toutes les espèces sauvages ou du moins dans la plupart, les mâles ne pâturent pas avec les femelles avant l'époque où ils doivent s'accoupler; mais ils se séparent dès qu'ils en ont l'âge ; et les mâles mangent à part des femelles. 14 Les truies, quand elles sont en chaleur, ce qu'on appelle en grec d'un mot particulier, vont jusqu'à attaquer les hommes. Pour les chiennes, on désigne aussi cet état par un mot spécial de chaleur. Ainsi donc, les parties génitales se gonflent dans les femelles, quand elles désirent l'accouplement ; et en ce même en-droit, il se produit un liquide. A cette époque également, les juments distillent aussi une liqueur blanchâtre. 15 D'ailleurs, ces évacuations mensuelles, chez celles qui en ont, ne sont jamais aussi abondantes dans aucune espèce que chez la femme. Dans les brebis et les chèvres, quand la saison de l'accouplement est venue, ce flux se montre avant qu'elles ne soient couvertes ; mais après qu'elles l'ont été, les flux mensuels apparaissent encore, et ils cessent bientôt, jusqu'à ce que la femelle soit sur le point de mettre bas. [573b] Ils recommencent ensuite, et les bergers reconnaissent alors que la bêle va faire ses petits. Quand* elle a mis bas, l'évacuation devient considérable ; elle est d'abord mêlée d'un peu de sang ; et ensuite, il y en a beaucoup. 16 La vache, l'ânesse, la jument, ont un flux plus abondant que d'autres femelles ; mais c'est à cause de leur grosseur; car ce flux est, proportion gardée, beaucoup moins fort. La vache, quand elle est en chaleur, n'a qu'une évacuation très faible, d'un demi-cotyle environ, ou un peu plus. Le moment le plus propice pour l'accouplement est celui de cette évacuation, qui purifie la bêle. La jument est, entre les femelles de tous les quadrupèdes, celle qui met bas le plus aisément, et qui se purifie le plus complètement de ses évacuations, en même temps qu'elle perd le moins de sang, comparativement à sa grosseur. 17 Dans les vaches et les juments, le flux ne se montre que tous les deux mois, ou quatre mois, ou six mois. Il n'est pas facile de le connaître, à moins de les suivre de très près et d'être accoutumé à ces observations. Aussi, bien des gens croient-ils qu'elles n'ont pas de menstrues. Les femelles des mulets n'ont point de flux menstruel ; seulement, l'urine de la femelle est alors plus épaisse.

18 Généralement, l'excrément de la vessie est plus épais dans les quadrupèdes que chez l'homme. Pour les brebis et pour les chèvres, l'urine des femelles est encore plus épaisse que celle des mâles. Pour l'âne au contraire, l'urine des femelles est plus claire ; et l'urine de la vache est plus acide que celle du bœuf. Chez tous les quadrupèdes, les femelles ont des urines plus épaisses, après la parturition ; et elles le sont encore davantage chez celles où le flux est le moins considérable. Le lait des femelles, quand elles viennent de s'accoupler, devient une sorte de pus; mais il reprend toutes ses qualités, quand elles ont mis bas. Quand les brebis et les chèvres sont pleines, elles engraissent et mangent bien plus. Il en est de même pour les vaches, et dans toutes les espèces de quadrupèdes.

§ 1. De l'éclosion. Il y a des manuscrits qui ajoutent : « Et de la génération ». MM. Aubert et Wimmer rejettent cette addition, qui en effet serait ici mal placée.

De ces mêmes fonctions. Ce n'est pas là tout à fait le sujet du présent chapitre, où il est moins traité des fonctions proprement dites que de. la fureur où l'époque de l'accouplement met tous les animaux.

§ 2. On a déjà parlé. Voir les cinq ou six chapitres précédents.

Le plus prodigieux désir. On se rappelle tout ce que les poètes ont pu dire des amours des animaux, Lucrèce, Virgile et tant d'autres. Le naturaliste grec les avait tous devancés, bien qu'en employant d'autres formes de description.

Les femelles... les mâles. Ces distinctions sont parfaitement exactes. Pour les femelles, on pourrait traduire encore : « Aussitôt après leur portée ».

Les chevaux par exemple... Il est facile de constater la parfaite exactitude de tous ces détails.

§ 3. Les sangliers... Tous ces détails sont également très exacts ; et les habitudes des sangliers, au moment de l'accouplement, sont reconnues par la science moderne, comme elles l'étaient dans l'antiquité.

Le chameau mâle lui-même. C'est que, dans les temps ordinaires, le chameau est très doux ; mais au temps du rut, qui a lieu généralement en janvier, il devient indomptable.

Quant au cheval... le chameau. C'est un fait bien connu, et qu'ont attesté les historiens sans compter les naturalistes. On prétend expliquer cette haine du cheval par l'effet que produit sur lui l'aspect étrange du chameau.

§ 4. Les bêtes sauvages... Bien que les faits soient moins faciles à constater sur les bétes féroces, ils n'en sont pas moins certains.

§ 5. Les éléphants. Les poèmes sanskrits parlent souvent de la fureur des éléphants à l'époque du rut.

Dans les Indes à ce qu'on dit. II est asses probable que l'expédition d'Alexandre dans l'Inde avait fait pénétrer beaucoup de renseignements de toute sorte dans la Grèce. Aristote aura sans doute puisé à cette source ceux qu'il donne ici. Ils ont beaucoup de vraisemblance, et même de vérité.

§ 6. Les animaux gui peuvent... Après les bétes sauvages, les animaux domestiques, qui vivent près de nous et qui nous intéressent davantage.

A cause de la fréquence. La raison est certainement réelle; mais cette modération relative doit tenir aussi à l'espèce.

 — Les juments... les vaches. Toutes ces observations sont fort exactes.

Hippomanes. La suite explique bien le sens étymologique de ce mot.

Les gens. J'ai pris une expression indéterminée, qui répond mieux & celle du texte ; mais d'après un passage d'Élien, Histoire des animaux, liv. IV, ch. ii, il paraît que cette épithète d'Hippomanes était appliquée aux femmes seulement. Voir Virgile, Géorgiques, chant III, vers 280-283.

§ 7. On dit aussi qu'à ces époques elles sont affolées par le vent. Le mot grec n'est pas très clair; et je ne suis pas sûr du sens que j'ai adopté. MM. Aubert et Wimmer donnent un tout autre sens : « On dit qu'à ce moment les cavales sont gonflées, Aufgebläht ».

C'est ce qui fait... la saillie des cavales. MM. Aubert et Wimmer mettent cette phrase entre crochets comme suspecte. Les manuscrits n'offrent aucun moyen de corriger le texte.

Leur mal. Il .est possible que le mot, dont je viens de signaler l'obscurité, se rapporte à une maladie spéciale des juments. Voir à ce mot le trésor d'Henri Étienne-Didot.

La fureur du sanglier. Le grec ici n'emploie qu'un seul mot, fabriqué d'après celui qui signifie sanglier. Je n'ai pu risquer un barbarisme de ce genre dans notre langue, « Sangliériser ».

Ni vers l'est, ni vers l'ouest. Ces faite ne paraissent pas exacts, quoique l'observation en soit assez facile.

Que personne s'approche d'elles. Le mot grec qui répond à celui de Personne, est grammaticalement tout à fait vague ; et l'on pourrait comprendre aussi peut-être que la cavale ne se laisse approcher alors par aucun mâle; mais l'autre sens paraît plus naturel. Le fait est d'ailleurs assez facile à constater.

§ 8. Du nom d'hippomane. On voit que le mot d'hippomane est employé autrement qne dans le § 6; il signifie une excroissance graisseuse dans le genre de celle qui rient, dit-on, quelquefois au front des poulains et que les mères dévorent. Il paraît que quelquefois aussi les juments rendent des concrétions dont le poids peut aller jusqu'à une livre. C'est peut-être ce que les Grecs désignaient par l'hippomane. L'expression du texte n'est pas très correcte.

A l'ovaire de la truie. Ou peut-être aussi : «Aux testicules du porc». Le mot grec peut avoir les deux sens.

Des remèdes. Ou « des philtres ».

Les juments se penchent... Tous ces détails sont très exacts.

On appelle l'hippomane. Voilà un troisième sens du mot d'hippomane. Voir Virgile, Géorgiques, chant III, vers 283.

Qui n'est pas l'excroissance qui vient au jeune poulain. Le texte n'est pas aussi précis, et l'on peut le comprendre encore en une autre manière : « Et qui n'est pas ce qui croît sur le poulain ». Voir plus loin, liv.VIII, ch.xxin, § 9.

§ 9. Voilà donc... Sans que ces observation s soient complètes, elles n'en offrent pas moins beaucoup d'intérêt par leur variété et leur exactitude.

§ 10. La fureur du taureau. Aristote forge sans doute ici un mot nouveau, comme il l'a fait peut-être plus haut pour la femelle du sanglier; je n'ai pas essayé de prendre cette licence, en forgeant aussi un mot dans notre langue. Le sens d'ailleurs n'a rien d'obscur.

Par le gonflement... Tous ces détails sont très exacts; il n'est pas difficile de les observer; mais encore fallait-il les bien étudier pour les décrire. La science moderne les a tous confirmés.

§ 11. Les juments... MM. Aubert et Wimmer regardent tout ce paragraphe comme apocryphe; je ne partage pas cette opinion, qui ne me semble pas assez justifiée ; car je ne vois pas que ce passage détonne avec tout le reste.

Quand elles sont tondues. Il y a des traducteurs qui ont rapporté ceci aux chevaux et non aux juments ; mais le texte est formel; et il donne un féminin au lieu d'un masculin. On ne peut nier d'ailleurs que ceci s'applique mieux aux étalons qu'aux juments. Tous ces détails sont exacte, comme les précédents.

§ 12. Le taureau... Dans tout ce chapitre, les observations relatives au cheval et au bœuf se mêlent tans cesse; et l'on ne doit pas s'étonner de voir l'auteur passer d'un de ces sujets à l'autre. D'ailleurs, ce qui est dit ici du taureau est exact, comme tout ce qui vient d'être dit des chevaux.

Avec les vaches. Le texte n'est pas aussi précis; et l'on peut également comprendre que le taureau vient alors se mêler au troupeau, dont jusque-là il se tenait éloigné.

Ils dédaignent le troupeau. Ceci m'a déterminé à préférer le sens que j'ai adopté dans la traduction. Le taureau dédaigne alors la troupe des autres taureaux, parce qu'il va au milieu des vaches.

Les taureaux d'Épire... On sait que tout le bétail d'Épire était renommé pour sa grandeur et ea force; voir plus haut, liv. III, ch. xvi, § 13, et plus loin, liv. VIII, ch. ix, § 4.

§ 13. Dans toutes les espèces sauvages. C'est la leçon vulgaire, et j'ai cru devoir la garder; mais MM. Aubert et Wimmer l'ont changée en mettant : « Les mâles,» au lieu de : « Les espèces sauvages».  La conjecture est fort ingénieuse, et elle peut même sembler nécessaire. Si je ne l'adopte pas, c'est par respect pour l'autorité des manuscrits. D'ailleurs, la suite du contexte semble donner rav-son à la leçon de MM. Aubert et Wimmer; et alors il faudrait traduire : « Tous les mâles, ou du moins la plupart des mâles, ne pâturent pas, etc ».

§ 14.Les truies. Ou « Les laies ».

D'un mot particulier. C'est le même mot dont l'auteur s'est servi un peu plus haut, § 7.

De chaleur. La langue grecque a un mot spécial que la nôtre n'a pas.

Ainsi donc... Tous ces détails sont exacts.

§ 15. Chez la femme. Il paraît que cette observation est exacte, comme toutes les précédentes.

Dans les brebis et les chèvres. La science moderne ne semble pas avoir fait à ce sujet des observations spéciales.

Les flux mensuels. C'est la conjecture de MM. Aubert et Wimmer; la leçon ordinaire est : « Les signes ». Ce qui revient à peu près au marne ; car dans ce passage, « Les signes » ne peuvent indiquer que la menstruation. C'est ce qui m'a déterminé à adopter ce changement du texte vulgaire.

§ 16. D'un demi-cotyle. Il est difficile de savoir au juste ce que cette mesure ancienne représente ; c'était une des plus petites mesures de capacité, employée surtout par les médecins pour donner les remèdes. D'après quelques observateurs modernes, . cette évacuation de la vache serait de 30 a 60 grammes tout au plus.

La jument...  Observation exacte.

§ 17. Tout les deux mois. Le chiffre n'est pas, à ce qu'il semble, très juste; et les évacuations sont plus fréquentes, surtout dans nos climats ; mais ces différences, si elles sont réelles, peuvent venir en grande partie de l'alimentation, qui est plus ou moins abondante et nutritive, comme le remarquent MM. Aubert et Wimmer.

Les femelles des mulets. Observation curieuse ; mais ceci se comprend de reste, puisque les mules doivent rester infécondes.

§ 18. L'excrément de la vessie. C'est la traduction littérale du grec; plus loin, je trouve l'expression d'Urine, qui est la plus naturelle. Je ne crois pas, d'ailleurs, que la physiologie moderne ait fait des observations sur le sujet qu'Aristote traite ici. Il a cependant de l'importance.

Une sorte de pus. C'est ce que la science moderne a appelé le Colostrum.

Quand les brebis et les chèvres... mangent bien plus. C'est là un sujet un peu différent de ceux qui précèdent. Le fait d'ailleurs est exact; et l'on conçoit très bien ce redoublement d'appétit, chez les bétes qui ont à nourrir, en plus, l'être qu'elles portent et qui se développe en elles.

 

 

CHAPITRE XVIII.

De l'action du printemps sur l'accouplement de tous les animaux ; en général, c'est la nourriture des petits qui règle l'époque; de l'accouplement et de la gestation des truies; la caprie; les arrière-porcs; nombre ordinaire des petits; répétition de l'accouplement dans certains cas; nourriture du porc et de la truie, pendant l'accouplement, et après la mise-bas , la truie borgne ; durée ordinaire de la vie des truies.

1 Ὁρμητικώτερα μὲν οὖν ὡς ἐπὶ τὸ πᾶν εἰπεῖν τὴν ὀχείαν τὴν ἐαρινὴν ὥραν ἐστίν· οὐ μὴν ἅπαντά γε ποιεῖται τὸν αὐτὸν καιρὸν τῆς ὀχείας, ἀλλὰ πρὸς τὴν ἐκτροφὴν τῶν τέκνων ἐν τοῖς καθήκουσι καιροῖς. 2 Αἱ μὲν οὖν ἥμεροι ὕες κύουσι τέτταρας μῆνας, τίκτουσι δὲ τὰ πλεῖστα εἴκοσιν· πλὴν ἂν πολλὰ τέκωσιν, οὐ δύνανται ἐκτρέφειν πάντα. Γηράσκουσαι δὲ τίκτουσι μὲν ὁμοίως, ὀχεύονται δὲ βραδύτερον· κυΐσκονται δ´ ἐκ μιᾶς ὀχείας, ἀλλὰ [574a] πολλάκις ἐπιβιβάσκουσι διὰ τὸ ἐκβάλλειν μετὰ τὴν ὀχείαν τὴν καλουμένην ὑπό τινων καπρίαν. Τοῦτο μὲν οὖν συμβαίνει πάσαις, ἔνιαι δ´ ἅμα τούτῳ καὶ τὸ σπέρμα προΐενται. 3 Ἐν δὲ τῇ κυήσει ὃ ἂν βλαφθῇ τῶν τέκνων καὶ τῷ μεγέθει πηρωθῇ, καλεῖται μετάχοιρον· τοῦτο δὲ γίνεται ὅπου ἂν τύχῃ τῆς ὑστέρας. Ὅταν δὲ γεννήσῃ, τῷ πρώτῳ τὸν πρῶτον παρέχει μαστόν. 4 Θυῶσαν δ´ οὐ δεῖ εὐθὺς βιβάζειν, πρὶν ἂν μὴ τὰ ὦτα καταβάλῃ· εἰ δὲ μή, ἀναθυᾷ πάλιν· ἐὰν δ´ ὀργῶσαν βιβάσῃ, μία ὀχεία, ὥσπερ εἴρηται, ἀρκεῖ. 5 Συμφέρει δ´ ὀχεύοντι μὲν τῷ κάπρῳ παρέχειν κριθάς, τετοκυίᾳ δὲ τῇ ὑῒ κριθὰς ἑφθάς. Εἰσὶ δὲ τῶν ὑῶν αἱ μὲν εὐθὺς καλλίχοιροι μόνον, αἱ δ´ ἐπαυξανόμεναι τὰ τέκνα καὶ τὰς δέλφακας χρηστὰς γεννῶσιν. Φασὶ δέ τινες, ἐὰν τὸν ἕτερον ὀφθαλμὸν ἐκκοπῇ ἡ ὗς, ἀποθνήσκειν διὰ ταχέων ὡς ἐπὶ τὸ πολύ. Ζῶσι δ´ αἱ πλεῖσται μὲν περὶ ἔτη πεντεκαίδεκα, ἔνιαι δὲ καὶ τῶν εἴκοσιν ὀλίγον ἀπολείπουσιν.

 

 

 

1 On peut dire, d'une manière générale, pour tous les animaux que le printemps est, de toutes les saisons, celle qui les pousse surtout à l'accouplement. Néanmoins, tous les animaux sans exception ne s'accouplent pas à la même époque ; mais ils s'accouplent toujours de façon que leurs petits puissent être nourris à l'époque la plus convenable.  2  Ainsi, les truies portent quatre mois ; et la portée la plus forte .est de vingt petits; seulement, quand elles en font tant, elles ne peuvent les élever tous. En vieillissant, elles produisent toujours avec autant de fécondité ; mais elles sont plus difficiles à se laisser couvrir. Elles conçoivent par un seul accouplement ; et cependant, [574a] on doit les faire monter plus d'une fois, parce que, après l'accouplement, elles rejettent ce qu'on appelle quelquefois la Caprie. Toutes sont sujettes à rejeter cette liqueur ; mais il en est qui rejettent en même temps la liqueur séminale. 3 Lorsque, durant la gestation, des petits ont été blessés, et que leur grosseur est amoindrie, c'est ce qu'on nomme des arrière-porcs; et cet accident se produit dans toutes les parties de la matrice. Lorsque la truie a mis bas, elle donne la première mamelle au petit qui est venu le premier. 4 Quand la truie est en chaleur, il ne faut pas lui donner immédiatement le mâle ; et il faut attendre qu'elle ait les oreilles pendantes. Si elle ne les a point, c'est qu'elle doit être en chaleur de nouveau. Si le mâle la couvre quand elle est en pleine chaleur, un seul accouplement suffit, comme on vient de le dire. 5 Pendant que le mâle couvre, il est bon de lui donner de l'orge ; mais quand la truie a mis bas, il faut lui donner de l'orge bouillie. Il est des truies qui, dès la première fois, ont des petits superbes; d'autres ont besoin de se fortifier encore pour avoir de beaux produits, soit mâles, soit femelles. Quelques personnes assurent que, si la truie perd un de ses yeux, elle meurt ordinairement très vite. Mais, en général, les truies vont jusqu'à quinze ans environ, quelques-unes vont même presque tout à fait à vingt ans.

§ 1. Le printemps... Tout le monde peut savoir combien cette observation est exacte.

Leurs petits puissent être nourris.... Il y a là une de ces harmonies providentielles qu'on peut remarquer dans la nature, et qu'Aristote signale d une manière générale par cette grande maxime qu'il répète souvent et qui lui appartient tout entière : « La nature ne fait rien en vain ». La truie n'a que 6 ou 7 paires de mamelles.

§ 2. Quatre mois. Des observations modernes ont constaté que la durée de la gestation varie avec l'àge des truies; la différence n'est pas très grande; mais elle peut encore aller à quinze jours entre des bétes d'un an à trois ans et plus.

Elles conçoivent par un seul accouplement. La leçon vulgaire dit le contraire, et elle a ici une négation que quelques manuscrits ont corrigée, et que plusieurs éditeurs ont également admise. Si l'on gardait la négation, il faudrait traduire : « Elles ne conçoivent pas en un seul accouplement; mais il faut les faire monter, etc. » C'est le fait qui doit décider.

La Caprie. Je n'ai fait que reproduire le mot grec; je ne crois pas que, dans la langue zoologique de notre temps, il y ait un terme spécial. Voir, un peu plus bas, la fin du § 4.

§ 3. Des arrière-porcs. Ici encore, j'ai paraphrasé le mot grec, parce que notre langue ne m'a pas offert de terme particulier. Voir plue loin, ch. zxtv, § 2; et aussi Traité de la Génération des animaux, liv. II, § 139, p. 210, et liv. IV, § 62, p. 314, édit: et trad. de MM. Aubert et Wimmer.

§ 4. Quand la truie est en chaleur...  § 5 à vingt ans. MM. Aubert et Wimmer considèrent toute cette fin du chapitre comme apocryphe; ils croient à une addition faite par une main étrangère. Cette altération du texte ne me paraît pas d'une aussi complète évidence.

Comme on vient de le dire. Voir plus haut, § 2.

§ 5. De lui donner de l'orge. La nourriture varie nécessairement avec le climat, et ce qui pouvait être bon en Grèce peut très bien ne plus l'être dans nos pays.

Soit mâles, soit femelles. Le texte n'est pas tout à fait aussi précis, et il semble qu'il y a quelque redondance.

Vingt ans. Il paraît que les zoologistes modernes ont fait des observations du même genre, qui confirment celle-ci.

 

 

CHAPITRE XIX.

Des brebis et des chèvres; plusieurs accouplements sont nécessaires pour féconder la brebis; nombre de ses petits; temps de la gestation pour la brebis et la chèvre; durée de leur vie; dressage des chefs de troupeaux ; fécondité durant toute l'existence; nombre des petits; les jumeaux; influence du vent sur la fécondation ; couleurs diverses des petits; on sale l'eau des brebis; les troupeaux de chèvres n'ont pas de chefs ; signes des années, bonnes ou mauvaises, pour le croit des moutons.

1 Τὰ δὲ πρόβατα κυΐσκεται μὲν ἐν τρισὶν ἢ τέτταρσιν ὀχείαις, ἐὰν δ´ ὕδωρ ἐπιγένηται μετὰ τὴν ὀχείαν, ἀνακυΐσκει· ὁμοίως δὲ καὶ αἱ αἶγες. Τίκτουσι δὲ τὰ μὲν πλεῖστα δύο, ἐνίοτε δὲ καὶ τρία ἢ τέτταρα. Κύει δὲ πέντε μῆνας καὶ πρόβατον καὶ αἴξ· διὸ ἐν ἐνίοις τόποις, ὅσοι ἀλεεινοί εἰσι καὶ ἐν οἷς εὐημεροῦσι καὶ τροφὴν ἄφθονον ἔχουσι, δὶς τίκτουσιν. 2 Ζῇ δ´ αἲξ μὲν περὶ ἔτη ὀκτώ, πρόβατον δὲ δέκα, τὰ δὲ πλεῖστα ἐλάττω, πλὴν οἱ ἡγεμόνες τῶν προβάτων· οὗτοι δὲ καὶ πεντεκαίδεκα. Ἐν ἑκάστῃ δὲ ποίμνῃ κατασκευάζουσιν ἡγεμόνα τῶν ἀρρένων, ὃς ὅταν ὀνόματι κληθῇ ὑπὸ τοῦ ποιμένος προηγεῖται· συνεθίζουσι δὲ τοῦτο δρᾶν ἐκ νέων. Τὰ δὲ περὶ τὴν Αἰθιοπίαν πρόβατα ζῇ καὶ δώδεκα καὶ τριακαίδεκα ἔτη, καὶ αἶγες δὲ καὶ δέκα καὶ ἕνδεκα. 3 Ὀχεύει δὲ καὶ ὀχεύεται, ἕως ἂν ζῇ, καὶ πρόβατον καὶ αἴξ. Διδυμοτοκοῦσι δὲ καὶ πρόβατα καὶ αἶγες διά τε εὐβοσίαν, καὶ ἐὰν ὁ κριὸς ἢ ὁ τράγος ᾖ διδυμοτόκος ἢ ἡ μήτηρ. Θηλυγόνα δέ, τὰ δ´ ἀρρενογόνα γίνεται διά τε τὰ ὕδατα (ἔστι γὰρ τὰ μὲν θηλυγόνα τὰ δ´ ἀρρενογόνα) 4 καὶ διὰ τὰς ὀχείας ὡσαύτως, καὶ [574b] βορείοις μὲν ὀχευόμενα ἀρρενοτοκεῖ μᾶλλον, νοτίοις δὲ θηλυτοκεῖ. Μεταβάλλει δὲ καὶ τὰ θηλυτοκοῦντα καὶ ἀρρενοτοκεῖ· δεῖ δ´ ὁρᾶν ὀχευόμενα πρὸς βορέαν. Τὰ δ´ εἰωθότα πρωῒ ὀχεύεσθαι, ἐὰν ὀψὲ ὀχεύῃ τις, οὐχ ὑπομένουσι τοὺς κριούς. 5 Λευκὰ δὲ τὰ ἔκγονα γίνεται καὶ μέλανα, ἐὰν ὑπὸ τῇ τοῦ κριοῦ γλώττῃ λευκαὶ φλέβες ὦσιν ἢ μέλαιναι, λευκὰ μὲν ἐὰν λευκαί, ἐὰν δὲ μέλαιναι μέλανα· ἐὰν δ´ ἀμφότεραι, ἄμφω· πυρρὰ δ´ ἐὰν πυρραί. Τὰ δὲ τὸ ἁλυκὸν ὕδωρ πίνοντα πρότερον ὀχεύεται· δεῖ δ´ ἁλίζειν πρὶν τεκεῖν καὶ ἐπειδὰν τέκῃ, καὶ ἔαρος αὖθις.

6 Αἰγῶν δ´ ἡγεμόνα οὐ καθιστᾶσιν οἱ νομεῖς διὰ τὸ μὴ μόνιμον εἶναι τὴν φύσιν αὐτῶν, ἀλλ´ ὀξεῖαν καὶ εὐκίνητον. Τῶν δὲ προβάτων ἐὰν μὲν τὰ πρεσβύτερα ὁρμᾷ πρὸς τὴν ὀχείαν κατὰ τὴν τεταγμένην ὥραν, φασὶν οἱ ποιμένες σημεῖον εὐετηρίας εἶναι τοῖς προβάτοις, ἐὰν δὲ τὰ νεώτερα, κακοθηνεῖν τὰ πρόβατα.

 

 

 

1 II faut trois ou quatre accouplements pour que la brebis soit fécondée; s'il vient à pleuvoir après l'accouplement, elle avorte. Il en est de même encore pour les chèvres. La portée ordinaire de la brebis est de deux petits; parfois, on lui en a vu trois, et même jusqu'à quatre. La gestation est de cinq mois pour la brebis et pour la chèvre; aussi, dans les climats qui sont chauds, où elles se portent bien, et où la nourriture est abondante, elles ont deux portées par an.  2  La chèvre vit jusqu'à huit ans à peu près ; la brebis en vit dix ; mais généralement, elles vivent moins. Les chefs de troupeaux font exception ; et ils vont jusqu'à quinze ans. Dans chaque troupeau, les bergers dressent un mâle à être à la tête des autres mâles; et il se met à les conduire, quand le berger l'appelle par son nom; on l'y habitue dès le premier âge. Dans les contrées de l'Ethiopie, les brebis vivent douze ou treize ans ; les chèvres en vivent dix et onze.  3 Dans les espèces de la brebis et de la chèvre, l'animal couvre et est couvert tant qu'il vit. Une nourriture abondante fait que les brebis et les chèvres ont des jumeaux, et aussi, quand le père bélier ou bouc, ou la mère, ont été eux-mêmes des jumeaux. C'est d'abord la nature des eaux qui fait que les petits sont mâles ou femelles ; car il y a des animaux qui font des mâles, ou tels autres qui font des femelles. 4 Mais c'est aussi l'accouplement qui peut causer ces différences. Quand, au moment de l'accouplement,  [574b] c'est le vent du nord qui règne, ce sont plutôt des mâles que les mêmes bêtes produisent; tandis que, par le vent du sud, ce sont plutôt des femelles. Les animaux qui produisaient des femelles peuvent changer et produire des mâles ; il suffit de tourner la tète de l'animal pendant l'accouplement, de façon qu'il regarde au nord. Les femelles habituées à recevoir le mâle le matin, ne reçoivent pas les béliers qui viennent le soir. 5 Les petits sont blancs on noirs, selon que les veines que le bélier a sous la langue sont blanches ou noires. Ils sont blancs, si elles sont blanches, et noirs si elles sont noires. Les petits sont des deux couleurs, si les raies sont des deux couleurs aussi; ils sont roux, si elles sont rousses. Si l'on sale l'eau que boivent les brebis, elles sont en état d'être fécondées plus tôt. Il faut saler leur eau, avant qu'elles n'aient mis bas et après, et renouveler cette opération au printemps.

6  Les bergers ne donnent point de chef aux troupeaux de chèvres, parce que le naturel de ces animaux ne les laisse jamais en place, et qu'ils sont d'une vivacité et d'une mobilité extrêmes. Lorsque les plus vieilles brebis sont ardentes à l'accouplement, dans la saison régulière, les bergers y trouvent le signe d'une bonne année pour le croît des brebis; si ce sont les plus jeunes, ils augurent que l'année sera mauvaise.

§ 1.  Il faut trois ou quatre accouplements. Ces détails sont confirmés par Buffon, tome XIV, édit. de 1839, p. 164.

S'il vient à pleuvoir. Cette observation est encore reproduite par Buffon, id., ibid.

Elle avorte. Le sens du mot grec n'est pas très précis; on peut comprendre, ou qu'il faut recommencer l'accouplement, ou que la bête avorte ; ce qui revient à peu près au même. Buffon dit en propres termes : « On a soin de « ne pas les exposer à la pluie ou « aux orages dans le temps de l'accouplement; l'humidité les empêche de retenir, et un coup de tonnerre suffit pour les faire avorter. »

 — La portée ordinaire de la brebis est de deux petits. Dans nos climats, la portée ordinaire n'est que d'un seul agneau ; mais dans les pays plus chauds, comme la Grèce, la portée peut être plus fréquemment de deux que chez nous.

La gestation est de cinq mois. Ce chiffre est exact.

Elles ont deux portées par an. Buffon fait aussi la même remarqué, loc. cit.

§ 2. Jusqu'à huit ans à peu près. Il paraît que les chèvres vivent en général un peu plus, du moins dans nos climats. A la fin de ce paragraphe, il est dit que les chèvres et les brebis d'Ethiopie vivent aussi plus longtemps ; c'est que le pays est plus chaud.

A la tête des autres mâles. Le texte semble devoir être compris en ce sens ; mais on peutle comprendre aussi un peu autrement, et il signifierait alors qu'un des mâles est mis à la tête de tout le troupeau.

Dans les contrées de d'Éthiopie. — Il devait être assez difficile, au temps d'Aristote, d'avoir des relations avec un pays aussi éloigné; mais, en somme, les relations des Grecs avec l'Ethiopie étaient peut-être encore plus nombreuses que celles que l'Europe peut avoir aujourd'hui, du moins dans l'état présent des choses.

§ 3. L'animal couvre et est couvert. C'est la traduction fidèle du texte ; peut-être eût-il mieux valu dire : « Le mâle peut couvrir, et la femelle peut être couverte, etc. » Le fait d'ailleurs paraît exact.

Ont été eux-mêmes des jumeaux. C'est là, je crois, le véritable sens. Quelques traducteurs ont compris ce passage un peu autrement : « Selon que le père et la mère ont la faculté de produire des jumeaux. » Le sens que j'ai adopté peut s'obtenir par le simple changement d'un accent, qui fait que l'adjectif est pris passivement et non activement.

C'est d'abord la nature des eaux. Ceci aurait peut-être demandé un peu plus de développements. Les manuscrits ne donnent aucune variante; et le sens du texte tel qu'il est ne peut être douteux; mais il eût été bon de faire mieux connaître ce que peut être l'influence des eaux que boivent les troupeaux. Cette observation n'est pas sans doute exacte, non plus que la suivante sur l'action des vents.

Car il y a des animaux... Ceci ne semble pas une conclusion très régulière de ce qui précède.

§ 4. C'est le vent du nord qui régne. Ce pouvaitétre une croyance répandue parmi les bergers grecs; mais le fait ne paraît pas réel.

Les mêmes bêtes... J'ai suivi la leçon proposée par MM. Aubert et Wimmer.

Les animaux... peuvent changer. Ceci est certain; mais la cause n'en est pas celle qui est indiquée dans ce paragraphe.

Les femelles... Ceci peut être exact ; mais je ne vois pas que la science moderne ait fait des observations de ce genre.

§  5. Les petits sont blancs ou noirs Je ne crois pas que ce fait ait été vérifié par la zoologie moderne. Voir sur la couleur des animaux en général et sur les couleurs de la langue en particulier, le Traité de la Générationdes animaux, liv. V, § 75, p. 390,édit. et trad. Aubert et Wimmer.

Si l'on sale l'eau.. Le fait est très exact ; et l'eau salée échauffe beaucoup les brebis, ainsi que le font quelques nourritures spéciales, qu'on leur donne à cet effet; voir Buffon, tome XIV, p. 165, édit. de 1830.

II faut saler leur eau... On voit que la pratique avait déjà enseigné aux bergers grecs à prendre bien des précautions pour un animal si utile, mais dont le tempérament est si faible ; voir Buffon, loc. cit.

§ 6. Aux troupeaux de chèvres. Voir plus haut, § 2. Ceci du reste ne paraît pas être la suite régulière de ce qui précède ; et c'est au § 2 que ceci aurait du être placé.

Lorsque les plus vieilles brebis. Il est très possible que cette observation des bergers grecs fût bien fondée ; mais la science moderne ne paraît pas s'être occupée de ce sujet.

 

 

CHAPITRE XX.

Des chiens et de leurs espèces diverses; chiens de Laconie; durée de la portée ; cécité des petits chiens ; de la chaleur des chiennes ; arrière-faix des chiennes; leur lait; leur puberté; manière d'uriner des chiens en levant la patte ; urination des femelles; nombre des petits; les chiens de Laconie d'autant plus féconds qu'on les fatigue davantage; durée de la vie des chiens; citation d'Homère; perte des dents chex les chiens; elles sont plus ou moins blanches et pointues selon les âges.

1 Τῶν δὲ κυνῶν ἔστι μὲν γένη πλείω, ὀχεύει δὲ κύων ἡ Λακωνικὴ μὲν ὀκτάμηνος καὶ ὀχεύεται· καὶ τὸ σκέλος δ´ αἴροντες οὐροῦσιν ἤδη ἔνιοι περὶ τὸν χρόνον τοῦτον. Κυΐσκεται δὲ κύων ἐκ μιᾶς ὀχείας· δῆλον δὲ τοῦτο γίνεται μάλιστα ἐν τοῖς κλέπτουσι τὰς ὀχείας· ἅπαξ γὰρ ἐπιβάντες πληροῦσιν. 2 Κύει δ´ ἡ μὲν Λακωνικὴ ἕκτον μέρος τοῦ ἐνιαυτοῦ (τοῦτο δ´ ἐστὶν ἡμέραι ἑξήκοντα), κἂν ἄρα μιᾷ ἢ δυσὶν ἢ τρισὶ πλείονας ἡμέρας καὶ ἐλάττους μιᾷ. Τυφλὰ δὲ γίνεται αὐτῇ τὰ σκυλάκια, ὅταν τέκῃ, δώδεκα ἡμέρας. Τεκοῦσα δὲ πάλιν ὀχεύεται ἕκτῳ μηνί, καὶ οὐ πρότερον. Ἔνιαι δὲ κύουσι τῶν κυνῶν τὸ πέμπτον μέρος τοῦ ἐνιαυτοῦ (τοῦτο δ´ ἐστὶν ἡμέραι ἑβδομήκοντα καὶ δύο), τυφλὰ δὲ γίνεται τὰ σκυλάκια τούτων τῶν κυνῶν ἡμέρας δεκατέτταρας. Ἔνιαι δὲ κύουσι μὲν τέταρτον μέρος τοῦ ἐνιαυτοῦ (τοῦτο δ´ ἐστὶ τρεῖς μῆνες ὅλοι), τυφλὰ δὲ τὰ σκυλάκια τούτων γίνεται ἑπτακαίδεχ´ ἡμέρας. 3 Δοκεῖ δὲ σκυζᾶν τὸν ἴσον χρόνον κύων. Τὰ δὲ καταμήνια ταῖς κυσὶν ἑπτὰ ἡμέραις γίνεται· συμβαίνει δ´ ἅμα καὶ ἔπαρσις αἰδοίου. Ἐν δὲ τῷ χρόνῳ τούτῳ οὐ προσίενται ὀχείαν, ἀλλ´ ἐν ταῖς μετὰ ταῦτα ἑπτὰ ἡμέραις· [584a] τὰς γὰρ πάσας δοκεῖ σκυζᾶν ἡμέρας τέτταρας καὶ δέκα ὡς ἐπὶ τὸ πολύ, οὐ μὴν ἀλλά τισι καὶ περὶ ἑκκαίδεχ´ ἡμέρας γεγένηται τοῦτο τὸ πάθος. 4 Ἡ δ´ ἐν τοῖς τόκοις κάθαρσις γίνεται ἅμα τοῖς σκυλακίοις τικτομένοις, ἔστι δ´ αὕτη παχεῖα καὶ φλεγματώδης· καὶ τὸ πλῆθος δ´, ὅταν ἐκτέκωσιν, ἀπισχναίνεται ἔλαττον ἢ κατὰ τὸ σῶμα.
Τὸ δὲ γάλα αἱ κύνες ἴσχουσι πρὸ τοῦ τεκεῖν ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ ἡμέρας πέντε· οὐ μὴν ἀλλ´ ἐνίαις καὶ ἑπτὰ γίνεται πρότερον καὶ τέτταρσιν. Χρήσιμον δ´ εὐθύς ἐστι τὸ γάλα, ὅταν τέκωσιν. Ἡ δὲ Λακωνικὴ μετὰ τὴν ὀχείαν τριάκονθ´ ἡμέραις ὕστερον. Τὸ μὲν οὖν πρῶτον παχύ ἐστι, χρονιζόμενον δὲ γίνεται λεπτότερον. Διαφέρει δὲ παχύτητι τὸ κύνειον τῶν ἄλλων ζῴων μετὰ τὸ ὕειον καὶ δασυπόδειον.

5 Γίνεται δὲ σημεῖον καὶ ὅταν ἡλικίαν ἔχωσι τοῦ ὀχεύεσθαι· ὥσπερ γὰρ τοῖς ἀνθρώποις, ἐπὶ ταῖς θηλαῖς τῶν μαστῶν ἐπιγίνεται ἀνοίδησίς τις καὶ χόνδρον ἴσχουσιν· οὐ μὴν ἀλλ´ ἔργον μὴ συνήθει ὄντι ταῦτα καταμαθεῖν· οὐ γὰρ ἔχει μέγεθος οὐδὲν τὸ σημεῖον. Τῇ μὲν οὖν θηλείᾳ τοῦτο συμβαίνει, τῷ δ´ ἄρρενι οὐδὲν τούτων. Τὸ δὲ σκέλος αἴροντες οὐροῦσιν οἱ ἄρρενες ὡς μὲν ἐπὶ τὸ πολὺ ὅταν ἑξάμηνοι ὦσιν· ποιοῦσι δέ τινες τοῦτο καὶ ὕστερον, ἤδη ὀκτάμηνοι ὄντες, καὶ πρότερον ἢ ἑξάμηνοι· ὡς γὰρ ἁπλῶς εἰπεῖν, ὅταν ἰσχύειν ἄρξωνται, αὐτὸ ποιοῦσιν. Αἱ δὲ θήλειαι πᾶσαι καθεζόμεναι οὐροῦσιν· ἤδη δέ τινες καὶ τούτων ἄρασαι τὸ σκέλος οὔρησαν. 6 Τίκτει δὲ κύων σκυλάκια τὰ πλεῖστα δώδεκα, ὡς δ´ ἐπὶ τὸ πολὺ πέντε ἢ ἕξ· ἤδη δὲ καὶ ἓν ἔτεκέ τις· αἱ δὲ Λακωνικαὶ ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ ὀκτώ. Καὶ ὀχεύονται δ´ αἱ θήλειαι καὶ ὀχεύουσιν οἱ ἄρρενες ἕως ἂν ζῶσιν. Ἴδιον δ´ ἐπὶ τῶν Λακωνικῶν συμβαίνει πάθος· πονήσαντες γὰρ μᾶλλον δύνανται ὀχεύειν ἢ ἀργοῦντες.
Ζῇ δ´ ἡ μὲν Λακωνικὴ κύων ὁ μὲν ἄρρην περὶ ἔτη δέκα, ἡ δὲ θήλεια περὶ ἔτη δώδεκα, τῶν δ´ ἄλλων κυνῶν αἱ μὲν πλεῖσται περὶ ἔτη τετταρακαίδεκα ἢ πεντεκαίδεκα, ἔνιαι δὲ καὶ εἴκοσιν· διὸ καὶ Ὅμηρον οἴονταί τινες ὀρθῶς ποιῆσαι τῷ εἰκοστῷ ἔτει ἀποθανόντα τὸν κύνα τοῦ Ὀδυσσέως. [585b] Ἐπὶ μὲν οὖν τῶν Λακωνικῶν διὰ τὸ πονεῖν τοὺς ἄρρενας μᾶλλον μακροβιώτεραι αἱ θήλειαι τῶν ἀρρένων· ἐπὶ δὲ τῶν ἄλλων λίαν μὲν οὐκ ἐπίδηλον, μακροβιώτεροι δ´ ὅμως οἱ ἄρρενες τῶν θηλειῶν εἰσιν.

7 Ὀδόντας δὲ κύων οὐ βάλλει πλὴν τοὺς καλουμένους κυνόδοντας· τούτους δ´ ὅταν ὦσι τετράμηνοι, ὁμοίως αἵ τε θήλειαι καὶ οἱ ἄρρενες. Διὰ δὲ τὸ τούτους μόνους βάλλειν ἀμφισβητοῦσί τινες· οἱ μὲν γὰρ διὰ τὸ δύο μόνους βάλλειν ὅλως οὔ φασι (χαλεπὸν γὰρ ἐπιτυχεῖν τούτοις), οἱ δ´ ὅταν ἴδωσι τούτους, ὅλως οἴονται βάλλειν καὶ τοὺς ἄλλους. Τὰς δ´ ἡλικίας ἐκ τῶν ὀδόντων σκοποῦσιν· οἱ μὲν γὰρ νέοι λευκοὺς καὶ ὀξεῖς ἔχουσιν, οἱ δὲ πρεσβύτεροι μέλανας καὶ ἀμβλεῖς.

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1 Les espèces de chiens sont nombreuses. Les chiens de Laconie peuvent couvrir, et les femelles être couvertes, à huit mois; et c'est aussi vers ce même âge que quelques-uns lèvent déjà la patie pour uriner. La chienne est fécondée par un seul accouplement; et ce qui le prouve bien évidemment, ce sont les accouplements furtifs de ces animaux ; le mâle y féconde la femelle en ne la couvrant qu'une fois. 2  La chienne de Laconie porte la sixième partie de l'année, c'est-à-dire soixante jours, bien qu'il y ait parfois un, deux, ou trois jours, de plus ou de moins. Ses petits chiens, une fois nés, sont douze jours sans voir clair. Après qu'elle a mis bas, elle reste six mois sans recevoir le mâle, et elle ne le reçoit pas plus tôt. Quelques chiennes portent pendant le cinquième de l'année, c'est-à-dire soixante et douze jours, et leurs petits sont sans voir pendant les quatorze premiers jours. D'autres encore portent le quart de l'année, c'est-à-dire trois mois entiers ; et les petits de celles-là sont aveugles pendant dix-sept jours. 3 II semble que ce soit durant le même temps que les chiennes sont en chaleur. Les Aux menstruels des chiennes durent sept jours, ainsi que le gonflement simultané des parties génitales. Pendant tout ce temps, elles n'acceptent pas l'accouplement; elles ne l'admettent que dans les sept jours suivants. [584a] En général les chiennes, autant qu'on en peut juger, sont en chaleur durant quatorze jours; il y en a même quelques-unes chez lesquelles cette affection dure seize jours. 4 L'évacuation qui a lieu à la parturition sort en même temps que les petits. Cette évacuation est épaisse et phlegmateuse ; et la quantité, après que l'animal a mis bas, n'est pas en proportion avec son corps. Les chiennes ont généralement du lait cinq jours avant de mettre bas; parfois, c'est sept jours ; d'autres fois, ce n'en est que quatre. Leur lait est bon, dès qu'elles ont mis bas. La chienne de Laconie en a trente jours après qu'elle a été couverte. D'abord, il est épais ; mais avec le temps, il s'éclair-cit; comparé pour l'épaisseur à celui des autres animaux, le lait des chiens vient après celui des porcs et des lièvres.

5 Ce qui indique aussi pour les chiennes que le moment est venu où elles peuvent être couvertes, c'est que les mamelles prennent, comme dans l'espèce humaine, un certain gonflement et une certaine élasticité. Toutefois, si l'on ne fait pas d'observations fréquentes, il est difficile de reconnaître ce symptôme, qui est très faible. On ne le remarque, d'ailleurs, que sur la femelle, et le mâle n'a rien de pareil. D'ordinaire, les mâles urinent en levant la patte, quand ils ont six mois. Quelques chiens ne le font que plus tard, quand ils ont huit mois comptés; quelques-uns aussi le font même avant les six mois révolus. A vrai dire, c'est quand ils ont déjà la force de s'accoupler qu'ils urinent ainsi. Toutes les femelles urinent en s'accroupissant; on en a vu pourtant quelques-unes lever aussi la patte pour uriner. 6 La chienne a tout au plus douze petits; habituellement, ce n'est que cinq ou six. On en cite une qui n'avait qu'un seul petit; mais d'ordinaire, les chiennes de Laconie en ont jusqu'à huit. Les femelles peuvent s'accoupler, ainsi que les mâles, durant toute leur vie. Une qualité particulière des chiens de Laconie, c'est que, quand on les fatigue beaucoup, ils sont plus vigoureux à l'accouplement que ceux qui ne font rien. Dans cette espèce des chiens de Laconie, le mâle vit dix ans; la femelle va jusqu'à douze. La plupart des autres chiennes vivent quatorze ou quinze ans; parfois même, vingt ans. Aussi a-t-on bien raison de justifier Homère d'avoir fait mourir à vingt ans le chien d'Ulysse. [585b] Comme les mâles des chiens de Laconie travaillent davantage, les femelles sont, dans cette race, capables de vivre plus longtemps qu'eux. Dans les autres races, la chose n'est pas aussi évidente; mais les mâles, néanmoins, vivent plus que les femelles.

7 Le chien ne perd de ses dents que celles qu'on appelle Canines; mais à quatre mois, les mâles et les femelles perdent également celles-là. Aussi, comme ce sont les seules qu'ils perdent, le fait donne lieu à deux opinions contraires. Ces dents étant les seules à tomber, les uns prétendent que le chien ne perd jamais de dents, parce qu'il est difficile de voir les canines; les autres, voyant que le chien perd ces sortes de dents, s'imaginent qu'il perd aussi toutes les autres. Du reste, on juge de leur âge par l'aspect des dents : quand les chiens sont jeunes , ils les ont blanches et pointues ; plus âgés, ils les ont noires et émoussées.

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§ 1. Les espèces de chiens sont nombreuses. Buffon se plaint, comme Aristote, de cette variété à peu près innombrable de races de chiens, et il déclare que « cette confusion et ce mélange de races sont si nombreuses qu'on ne peut en faire rémunération », tome XIV, p. 238, édit. de 1830.

Les chiens de Laconie. Ils avaient sans doute une grande réputation en Grèce, et peut-être l'y ont-ils encore aujourd'hui. Buffon, qui a dressé un tableau spécial pour l'ordre des chiens où il cite une quarantaine d'espèces, ne cite pas ceux de Laconie.

Huit mois. Dans nos climats, c'est un peu plus, et au moins dix mois.

Vers ce même âge. Un peu plus bas, § 5, il est dit : Six mois, au lieu de Huit

Lèvent déjà la patte pour uriner. L'observation est sans doute très simple ; mais encore fallait-il penser à la consigner; car le fait est caractéristique de la race des chiens.

Les accouplements furtifs. La raison est décisive, bien que les accouplements préparés par les maîtres des chiens ne soient pas moins démonstratifs.

§ 2. Soixante jours. Le fait est exact.

Un, deux, ou trois jours. J'ai suivi la leçon vulgaire; mais MM. Aubert et Wimmer en ont adopté une autre, qui est légèrement différente : « Bien qu'il y ait  quelquefois un ou deux jours de plus ou un de moins ». Quant au fait en lui-même, Buffon atteste que les chiennes « portent neuf semaines, c'est-à-dire soixante-trois jours, quelquefois soixante-deux et soixante-un, et jamais moins de soixante », tome XIV, p. 261, édit. de 1830. Cette assertion du grand naturaliste infirmerait la correction du texte proposée par MM. Aubert et Wimmer.

Douze jours sans voir clair. Buffon dit aussi Douze jours ; mais il admet l'alternative de Dix jours, au lieu de Douze; et il semble croire que ceci s'applique à tous tes chiens; voir Buffon, loc. «it., p. 261. Buffon ne semble pas connaître les distinctions qu'Aristote fait plus bas dans la durée de la gestation,et de l'aveuglement originel. Il est possible que ces variations, que nous ne connaissons pas dans nos climats, soient très réelles en Grèce.

§ 3. Durant le même temps. Buffonv loc. cit., p. 262, dit que la chaleur des chiennes dure de dix à quinze jours. Quelques lignes plus bas, Aristote fixe lui-même la durée de la chaleur à quatorze jours.

 — Elles n'acceptent pas l'accouplement. C'est aussi la remarque que fait Buffon.

§ 4. N'est pas en proportion avec son corps. J'ai conservé la leçon ordinaire, qui est évidemment insuffisante et qui est obscure. La plupart des traducteurs ont adopté ce sens; mais MM. Aubert et Wimmer en proposent un autre qui est plus satisfaisant à certains égards; ils font rapporter toute la phrase à l'évacuation qui suit la parturition : « Après que l'animal a mis bas, l'évacuation diminue moins en quantité qu'en consistance ». Les expressions du texte doivent être un peu détournées de leur sens habituel pour se prêter à celui-là; mais sous cette forme, le fait lui-même est beaucoup plus acceptable.

Cinq jours avant de mettre bas. La zoologie moderne ne paraît pas avoir renouvelé ces observations sur le lait des chiennes, non plus que sur celui des truies et des lièvres femelles.

Comparé pour l'épaisseur. Il paraît que le lait des chiennes est le plus épais de tous.

§ 5. C'est que les mamelles... La science moderne n'a pas fait non plus d'observations sur ce point, peut-être par la raison qu en donne Aristote ici même : c'est que le phénomène est à peine sensible.

Le mâle n'a rien de pareil. Il est à peine besoin de le dire, puisque les mâles sont constamment capables de l'accouplement.

Ils ont six mois. Plus haut, § 1, c'est huit mois et non pas six. Il y a sur ce sujet un peu de redondance dans ce qui est dit ici; c'est sans doute une addition faite au texte primitif par quelque main étrangère.

§ 6. Douze petits. Le fait est exact; mais ces fortes portées sont très rares.

Les femelles... Ceci semble se rapporter exclusivement aux chiennes de Laconie; cependant cette durée de la fécondité se retrouve aussi dans les autres races de chiens, où la femelle peut porter jusqu'à sa mort; seulement, la femelle ne reçoit le mâle que quand elle est en chaleur, et elle ne Test tout au plue que deux fois par an.

Des chiens de Laconie. Il est probable que les qualités de ces chiens avaient attiré plus spécialement l'attention des chasseurs et des observateurs. Une de ces qualités était une vigueur infatigable.

La plupart des autres chiennes. Ceci s'applique aux mâles aussi bien qu'aux femelles. Selon Buffon, la vie ordinaire des chiens est de quatorze à quinze ans; on en a vu aller jusqu'à vingt, comme le chien d'Ulysse dans l'Odyssée.

Homère. Voir l'Odyssée, chant XVII, v. 326. Homère est exact dans ce touchant épisode , comme il l'est partout.

Les mâles néanmoins vivent plus que les femelles. Le fait est en général exact.

§ 7. Le chien ne perd de ses dents... Tous ces détails sont consignés à peu près dans les mêmes termes par Buffon, loc. cit., pp. 261 et 262.

Que celles qu'on appelle Canines. Buffon dit seulement : Quelques-unes de leurs dents, sans indiquer que ce sont les Canines plus spécialement.

Par l'aspect des dents. Buffon dit absolument la même chose, et l'on peut penser qu'il devait avoir le texte d'Aristote sous les yeux.

 — Ils les ont noires et émoussées. MM. Aubert et Wimmer contestent l'exactitude de cette observation; et ils déclarent que les dents des chiens deviennent jaunâtres. On peut croire que ces modifications doivent tenir beaucoup à la nourriture, à l'âge, au climat, etc. Buffon dit en propres termes, comme Aristote : « A mesure que le chien vieillit, les dents deviennent noires, mousses et inégales, » II dit aussi que, dans la jeunesse, elles sont blanches, tranchantes et pointues.

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